L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal
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• Couper le lien affectif avec la personne.<br />
Survient généralement entre des personnes ayant déjà tissé des liens,<br />
soit des amis. Peut s’accompagner d’autres gestes homophobes telles les<br />
invectives et les insultes.<br />
«Puis là le lende<strong>ma</strong>in à l’école, il l’a dit à tous mes amis de gars<br />
que mon père était gai. Eux, ils m’envoyaient chier, ils me disaient<br />
«Ton père c’est une tapette, va chier là». (David)<br />
• Dévisager ou regarder «croche».<br />
Bien que ce geste ne soit <strong>pas</strong> accompagné de paroles, il s’agit d’une forme<br />
de désapprobation non verbale explicite. On veut faire savoir à la personne<br />
qu’on soupçonne être homosexuelle ou qui l’est vraiment qu’on<br />
n’apprécie <strong>pas</strong> sa visibilité, sa forme d’expression, certaines de ses<br />
affir<strong>ma</strong>tions ou son existence même.<br />
«Moi j’ai vu souvent, j’ai déjà vu moi-même des amis aussi,<br />
ils voient un gai puis ils le regardent, lorsqu’ils le croisaient,<br />
ils le regardent.» (Danny)<br />
«Il y a du monde qui le regarde croche, qui lui parlent.<br />
Il y a des fois du monde qui le regardent croche, <strong>ma</strong>is la plupart<br />
du temps, le monde vont juste le regarder [puis] ils vont s’en aller.»<br />
(Valérie)<br />
• Se chuchoter des choses.<br />
Encore une fois, on ne communique <strong>pas</strong> directement sa désapprobation,<br />
<strong>ma</strong>is on la verbalise néanmoins à proximité de la personne visée. Soit<br />
on désire qu’elle entende, soit on ne s’en inquiète <strong>pas</strong>.<br />
<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />
2007<br />
•Parler <strong>dans</strong> le dos.<br />
Cet acte est souvent mentionné par les jeunes. Il serait, aux yeux de certains,<br />
plus fréquent que ceux s’adressant sans détour à la personne concernée.<br />
Ceci suivrait une dynamique de pouvoir propre à l’univers adolescent<br />
où les affrontements directs seraient autant que possible évités.<br />
«Il y en a qui commencent à rire, il y en a qui se chuchotent des<br />
choses justement, ils parlent <strong>dans</strong> leur dos ou bien il y en a qui disent carrément<br />
rien, <strong>ma</strong>is ils le pensent.» (Chris)<br />
• Dé<strong>ma</strong>rrer et entretenir des rumeurs.<br />
Il s’agit d’un acte à grande portée. Des gestes posés à l’extérieur de l’école<br />
par une personne homosexuelle ou soupçonnée de l’être peuvent être<br />
inopinément observés par quelques élèves puis rapportés à d’autres,<br />
facilitant ainsi leur propagation <strong>dans</strong> l’enceinte de l’établissement scolaire.<br />
Alternativement, les confidences d’une personne homosexuelle à un ami<br />
ou à une connaissance peuvent être ébruitées <strong>ma</strong>lgré la requête de confidentialité.<br />
Il existe en fait bien peu d’espaces sécuritaires où le jeune<br />
homosexuel peut être librement lui-même en toute quiétude. Ce qu’il vit<br />
<strong>dans</strong> la communauté, <strong>dans</strong> les lieux publics ou à la <strong>ma</strong>ison n’est <strong>pas</strong> à<br />
l’abri du jugement des autres puisqu’il est difficile de s’assurer de la<br />
confiance que l’on peut témoigner à l’endroit d’un ou une amie avec<br />
qui on partage des choses. Même bien intentionné, cet ami peut répandre<br />
des confidences sous le mode du «Ne le dis <strong>pas</strong> à personne, <strong>ma</strong>is<br />
untel/unetelle m’a dit l’autre jour que…».<br />
«Des fois il va ja<strong>ma</strong>is savoir la rumeur pis ça va se dérouler.<br />
Peut-être deux mois après, il va l’apprendre. Tout le monde le savait puis<br />
là, ça va le mettre en rogne, ça va le frustrer.» (Fabien)<br />
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