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L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal

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• Émettre des «re<strong>ma</strong>rques».<br />

Contrairement à quelques-uns des actes homophobes précédemment<br />

énumérés, la re<strong>ma</strong>rque s’adresse directement à la personne concernée.<br />

Les types de re<strong>ma</strong>rques possibles sont nombreux. Elles peuvent être désapprobatrices<br />

de gestes, de paroles, de façon de paraître d’une personne<br />

homosexuelle ou présumée telle (efféminement, style vestimentaire,<br />

visibilité jugée «excessive»). Les re<strong>ma</strong>rques peuvent ensuite être sournoises<br />

et faire emploi de dis<strong>cour</strong>s paradoxal 60 . Puis elles peuvent servir à couvrir<br />

une personne de ridicule ou à miner son statut en l’associant notamment<br />

à des caractéristiques méprisées de l’homosexualité. Alors que la<br />

personne homosexuelle ou présumée telle n’est même <strong>pas</strong> en train de<br />

mentionner son homosexualité ou de parler du sujet, on l’associe constamment<br />

à cette identité dont on se moque ou qu’on ridiculise. Par exemple :<br />

lorsqu’un jeune garçon homosexuel <strong>pas</strong>se devant soi, on va faire référence<br />

«à la blague» au fait qu’il serait sûrement attiré par soi et on va simuler<br />

une fuite. Ces actes, finalement, peuvent aisément s’allier à d’autres,<br />

tel que dévisager, mettre à distance ou être physiquement violent.<br />

• Exprimer du dégoût : «ark!».<br />

Exprimer du dégoût s’insère parfois <strong>dans</strong> une re<strong>ma</strong>rque, <strong>ma</strong>is <strong>pas</strong><br />

exclusivement. Ce «sentiment» affecté peut être communiqué de façon non<br />

verbale par un recul appuyé du corps puis une expression faciale.<br />

Le dégoût, à noter, peut être proche de la désapprobation. On laisse entendre<br />

que l’homosexualité n’est <strong>pas</strong> une réalité bonne, respectable et belle.<br />

«Ben moi j’en ai beaucoup [d’exemples à donner]. Entre autres<br />

le chum à une de mes amies. Lui, c’est un gros thug.. Là je veux dire,<br />

un yo bling-bling (…) j’avais fait un party chez moi puis mon amie était<br />

<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />

2007<br />

invitée ça fait qu’elle a amené son chum (…) là à la fin de la soirée elle<br />

arrivait, pis tout s’était super bien <strong>pas</strong>sé jusqu’à temps que je dise « ok,<br />

faut <strong>pas</strong> faire de bruit, mon père pis son chum sont en haut puis il faut<br />

qu’on soit calmes ». À partir de ce moment-là, le gars m’a regardé,<br />

il a fait « ton père est gai?! » et j’ai ja<strong>ma</strong>is vu autant de dégoût <strong>dans</strong><br />

la face de quelqu’un.» (Vivianne)<br />

• «Blaguer» et «niaiser».<br />

S’il est vrai que certaines blagues faites en référence à l’homosexualité<br />

d’une personne ne sont <strong>pas</strong> homophobes, beaucoup le sont. Les blagues,<br />

comme certains types de re<strong>ma</strong>rques, peuvent être émises en employant un<br />

langage paradoxal où les victimisants prétendent que leur humour est<br />

léger, <strong>ma</strong>is laissent paraître qu’ils sont en train de décocher des flèches.<br />

Également, ces blagues peuvent être un autre forme d’association entre<br />

une personne homosexuelle ou présumée telle, puis l’homosexualité.<br />

Ce qui caractériserait ces blagues, c’est qu’elles seraient parfois<br />

récurrentes, les victimisants faisant une référence constante et non sollicitée<br />

à l’homosexualité de la personne.<br />

«Bin j’entends toujours des jokes plates là-dessus. Mettons<br />

je sais <strong>pas</strong> Olivier sort avec Alexandre, c’est juste un exemple là [rires]<br />

non <strong>ma</strong>is t’sais, j’arrive, je fais « Ah, Olivier, comment ça va avec ton<br />

amoureux? » pis des affaires comme ça.» (Sandra)<br />

• Imiter et parodier.<br />

À plusieurs occasions, la parodie et l’imitation ont été employées pour<br />

attaquer le prestige de personnalités ou de groupes dont on craint ou subit<br />

l’influence <strong>dans</strong> son propre groupe d’appartenance. Cette forme de<br />

60 Le langage paradoxal est une forme de violence psychologique. On affirme une chose qui en soi serait innocente, <strong>ma</strong>is sur un ton désapprobateur ou moqueur. À l’inverse, on peut dire quelque chose de blessant,<br />

<strong>ma</strong>is sur un ton enjoué. De cette façon, il est très difficile pour la victime de dénoncer ces affir<strong>ma</strong>tions comme déplacées, le victimisant pouvant facilement se protéger derrière un écran de <strong>ma</strong>uvaise foi et prétendre<br />

que «ceci n’est qu’une blague» et que l’autre «s’offusque pour rien». (Hirigoyen, 1998)<br />

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