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L'homophobie, pas dans ma cour! - GRIS-Montréal

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une vision qui remettrait en question ses propres croyances.<br />

Les racines de l’homophobie sont profondes. Si des jeunes<br />

s’opposent avec vigueur aux violences «frappantes», beaucoup demeurent<br />

très attachés aux règles et aux standards sexistes de «<strong>ma</strong>sculinité/force» et<br />

de «féminité/faiblesse» qui les nourissent. Par conséquent, il est difficile<br />

pour eux de voir comment l’insulte, même sous des voies indirectes,<br />

est homophobe.<br />

Certaines des craintes exposées indiquent que l’homophobie n’est<br />

<strong>pas</strong> que le fruit d’une simple ignorance pouvant être «guérie» par le<br />

partage d’infor<strong>ma</strong>tions justes et des tentatives de sensibilisation.<br />

Beaucoup de jeunes (de gens) sont attachés à leurs préjugés et résistent à<br />

ce qui pourrait les invalider. Ils résistent à abandonner les avantages que<br />

leur procure un sentiment de supériorité sur les personnes homosexuelles<br />

– et sur les femmes, pour ce qui est des garçons<br />

(Bastien Charlebois, 2007).<br />

Les jeux de pouvoir sont très prégnants à l’adolescence. Les jeunes<br />

ne peuvent en faire abstraction et se moquer d’eux en intervenant sans<br />

réserve <strong>dans</strong> toute situation homophobe. Ils demeurent vulnérables au<br />

jugement des autres, si ce n’est au harcèlement qu’ils peuvent en<strong>cour</strong>ir.<br />

Qui plus est, les règles de l’interaction entre les adolescents protègent insidieusement<br />

les actes abusifs sous l’écran du respect des «affaires<br />

privées» 71 . Cet argument est si puissant (intériorisé) que beaucoup<br />

de jeunes ne voient <strong>pas</strong> comment le contrer ni n’envisagent la possibilité<br />

de le faire.<br />

Ces jeux de pouvoir, s’ils se déploient principalement <strong>dans</strong> le<br />

monde des jeunes, ne s’opèrent <strong>pas</strong> en vase clos. Les jeunes évoluent<br />

également <strong>dans</strong> celui des adultes et en sont empreints. D’où l’exposition à<br />

<strong>GRIS</strong>-MONTRÉAL RAPPORT DE RECHERCHE<br />

2007<br />

certains dis<strong>cour</strong>s plutôt qu’à d’autres, à certaines théories vulgarisées de<br />

l’homosexualité plutôt qu’à d’autres. Le sentiment qu’un grand nombre de<br />

personnes partage ses positions facilite les initiatives de sensibilisation.<br />

L’inverse est vrai. La plus grande facilité que des personnes éprouvent à<br />

intervenir quand il est question de racisme serait indicatrice du plus grand<br />

degré de support institutionnel et social à son éradication – avec des<br />

limites, évidemment, puisqu’encore une fois, bien des gens sous-estiment<br />

son étendue. Comme l’homophobie et le sexisme, ils en voient les pointes<br />

flagrantes et ne sont <strong>pas</strong> conscients de ses dimensions structurelles.<br />

5.6. Les approches et les arguments<br />

d’intervention<br />

En dépit des obstacles nommés par les jeunes, l’intervention est possible.<br />

Du moins, certains d’entre eux réagissent-ils lorsqu’ils sont témoins d’homophobie.<br />

Conscients de la portée d’un geste ou d’une parole homophobe<br />

et sensibles à ses effets, ils se mettent en action. Ils ont adopté des<br />

approches particulières, de même que développé – ou fait leurs – une série<br />

d’arguments et de stratégies.<br />

Les approches sont à prendre au sens littéral. Avant d’explorer ce que<br />

les jeunes disent, il importe de savoir à qui ils s’adressent quand ils interviennent.<br />

Peut-être parlent-ils davantage aux victimisés. Ou peut-être abordent-ils<br />

directement les victimisants. À moins qu’ils ne se dirigent plutôt vers<br />

un tiers parti. Une fois à proximité de la personne, engagent-ils alors le corps<br />

ou la parole? Une fois ce préalable établi, les stratégies discursives et les<br />

arguments utilisés <strong>dans</strong> les dé<strong>ma</strong>rches de sensibilisation pourront être enfin<br />

examinés. Ils seront regroupés de façon conceptuelle puis analysés.<br />

71 En fait, cette règle n’est <strong>pas</strong> propre au monde adolescent. Elle semble y être plus <strong>cour</strong>amment appliquée. Dans les situations d’abus pratiqués en public, les tentatives d’intervention par des étrangers<br />

seront souvent accueillies d’abord par un «mêle-toi de tes affaires».<br />

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