Ecole Centrale <strong>de</strong> LyonBibliothèque Michel SerresAssociation <strong>de</strong>s Centraliens <strong>de</strong> Lyonque le peu d'abondance du charbon à gaz en France semble limiter l'avenir du gazd'éclairage comme carburant gazeux.Pour terminer ce rapi<strong>de</strong> inventaire, je dirai quelques mots au sujet <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sourcesd'énergie qui me paraissent caractériser le mieux les ressources <strong>de</strong> notre sol : le bois etla houille blanche. L'utilisation du bois pour l'alimentation <strong>de</strong> gazogène est d'ailleurs déjàsuffisamment répandue dans certaines régions pour que son intérêt ne soit plus discutable ;reste cependant à savoir sous quelle forme ce carburant national doit être utilisé le plusrationnellement. Certains gazogènes fonctionnant avec du bois brut donnent satisfaction,et il convient <strong>de</strong> rappeler ici l'effort très remarquable du grand constructeur lyonnais,M. M. Berliet. D'autres s'en tiennent au charbon <strong>de</strong> bois, mais il semble établi par lestravaux <strong>de</strong> M. G. Dupont, <strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong>s Sciences <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux, que le bois torréfiédoive constituer, à brève échéance, le carburant vraiment national. Les lecteurs <strong>de</strong>« <strong>Technica</strong> » ont pu d'ailleurs se faire une opinion à ce sujet, grâce à un très intéressantarticle dû à mon excellent camara<strong>de</strong> M. Kœhler et contenu dans le numéro d'août 1938.Bien entendu, si les expériences actuellement en cours confirment l'intérêt technique dubois torréfié, il faudrait, sous les auspices du Gouvernement, en développer méthodiquementla production, d'une part en favorisant le reboisement, si désirable par ailleurs, d'autrepart en créant par exemple <strong>de</strong>s coopératives locales, dont les membres auraient à leurdisposition <strong>de</strong>s postes mobiles <strong>de</strong> torréfaction, permettant <strong>de</strong> traiter sur place <strong>de</strong>s taillisabandonnés jusqu'ici à la pourriture.Quant à l'utilisation <strong>de</strong> la houille blanche, sous forme d'énergie électrique, elle peutévi<strong>de</strong>mment se faire au moyen <strong>de</strong> véhicules à accumulateurs, et là encore, la régionlyonnaise a donné l'exemple. L'organisation <strong>de</strong> stations <strong>de</strong> rechargement ai<strong>de</strong>rait au développement<strong>de</strong> ce genre <strong>de</strong> locomotion, qui semble en tout cas parfaitement admissiblepour <strong>de</strong>s services urbains <strong>de</strong> poids lourds. On pourrait peut-être établir utilement <strong>de</strong>stracteurs électriques tout à fait analogues au cheval mécanique à essence dont un certainnombre d'exemplaires circulent déjà dans la région parisienne ; il serait ainsi possibled'organiser un service <strong>de</strong> relais par lequel les opérations <strong>de</strong> rechargement seraient évi<strong>de</strong>mmentfacilitées.Enfin, chacun sait ce qu'on désigne par l'affreux vocable « trolleybus » il s'agit simplementd'un autobus électrique alimenté par ligne aérienne. Sa première réalisation estdue à la célèbre firme alleman<strong>de</strong> Siemens & Halske, il y a plus d'un <strong>de</strong>mi-siècle, et notrecompatriote Lombard-Gerin construisit en 1900 un « trolleybus » qui circulait dans l'annexe<strong>de</strong> l'Exposition, à Vincennes. Depuis cette époque, quelques rares installations ont étéeffectuées en France, et si Lyon se trouve parmi les villes possédant un réseau <strong>de</strong>« trolleybus », la banlieue parisienne en est encore complètement dépourvue. Pourtant,non seulement ce genre <strong>de</strong> locomotion se développe rapi<strong>de</strong>ment en Italie, pays richeen houille blanche, mais son succès n'est pas moins grand en Angleterre, pays ducharbon, et aux Etats-Unis, pays <strong>de</strong> l'essence.Il faut espérer que l'intérêt général finira par l'emporter sur certains intérêts particuliers,et que nous assisterons bientôt au développement important <strong>de</strong>s « trolleybus »en France.3 ' f^etê\e^^-Ingénieur E. C. L. (1901)Lauréat <strong>de</strong> l'Académie <strong>de</strong>s Sciences.http://histoire.ec-lyon.frhttp://bibli.ec-lyon.frhttp://www.centraliens-lyon.net
Ecole Centrale <strong>de</strong> LyonBibliothèque Michel SerresAssociation <strong>de</strong>s Centraliens <strong>de</strong> LyonLes Carburants dans le Mon<strong>de</strong>mo<strong>de</strong>rnepar M. G.-A. MAILLET, Ingénieur E.C.LUne <strong>de</strong>s caractéristiques du développement <strong>de</strong> laCivilisation Mo<strong>de</strong>rne est l'accroissement massif et incessant<strong>de</strong> ses besoins en Force Motrice, substituée <strong>de</strong>plus en plus à l'effort musculaire humain et au travail<strong>de</strong>s animaux domestiques.Dans ce domaine, l'homme ne sait encore — et nepourra peut-être jamais — que faire <strong>de</strong>s emprunts, <strong>de</strong>plus en plus larges, soit aux réserves d'énergie naturelle,accumulées par le temps dans les profon<strong>de</strong>ursdu sol, soit encore à celle qu'à l'état actuel la Vie reproduitinlassablement à la surface du globe.La première forme a pour prototype la fraction <strong>de</strong>l'Energie Thermique qui utilise le Pouvoir Calorifique<strong>de</strong>s Combustibles Minéraux, soli<strong>de</strong>s, liqui<strong>de</strong>s ou gazeux,mais en tout cas non renouvelables.La secon<strong>de</strong> met en œuvre, au jour le jour et parallèlement:1° L'Energie Hydraulique : résultante <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong>l'activité solaire et <strong>de</strong> la gravité sur la circulation <strong>de</strong>l'eau à la surface, plus ou moins acci<strong>de</strong>ntée <strong>de</strong>s continents; •2° L'autre fraction <strong>de</strong> l'Energie Thermique, celleque peut libérer l'oxydation méthodique <strong>de</strong>s Combustiblesd'origine organique, végétale ou animale, ou <strong>de</strong>leurs succédanés, en voie <strong>de</strong> perpétuel renouvellement.Le xix" Siècle a vu naître l'Industrie Mo<strong>de</strong>rne et sespremières réalisations se grouper autour <strong>de</strong> la Machineà Vapeur. Ce fut d'abord l'âge <strong>de</strong> la vapeur saturée,détendue entre la faible pression <strong>de</strong> la Chaudièreet le vi<strong>de</strong> créé au Con<strong>de</strong>nseur. Ensuite est venuela Turbine à Vapeur surchauffée et à haute pression.Elle a permis <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s unités génératrices beaucoupplus puissantes et, ainsi, <strong>de</strong> concentrer la production<strong>de</strong> l'Energie Thermique dans <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s Centrales.Le xx" Siècle — qui continue à perfectionner la Turbineà Vapeur et à en accroître la puissance — a connusurtout le développement intensif <strong>de</strong>s multiples emploisdu Moteur Termique, à explosion ou à combustioninterne, mieux adapté à certains besoins ; il estd'ailleurs, en général, d'une technique plus simple et,aussi, <strong>de</strong> meilleur ren<strong>de</strong>ment.Mais, précisément, le prodigieux essor <strong>de</strong>s applicationsdu Moteur Thermique pose, dans l'EconomieMondiale, et chaque jour avec plus d'acuité, la question<strong>de</strong> l'approvisionnement et <strong>de</strong> la distribution <strong>de</strong>sCombustibles qu'il brûle, c'est-à-dire le problème <strong>de</strong>sCarburants.A) Le Moteur ThermiqueUtilisant aussi le Pouvoir Calorifique <strong>de</strong>s Combustibles,soli<strong>de</strong>s, liqui<strong>de</strong>s ou gazeux, le Moteur Thermiqueprocè<strong>de</strong> toutefois d'une technique très différente<strong>de</strong> celle du Moteur à Vapeur.Celui-ci, en effet (machine à pistons ou à turbine),ne transfère l'Energie <strong>de</strong> la phase calorifique à laphase mécanique que par une série <strong>de</strong> changementsd'état et <strong>de</strong> transformations : Foyer, Générateur, Moteur,Con<strong>de</strong>nseur et organes auxiliaires, qui additionnentleurs pertes propres.Le Ren<strong>de</strong>ment Thermique général ne peut donc,malgré tous les perfectionnement apportés, qu'aboutirà une valeur relativement faible, <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> :14 à 16 %.Dans le Moteur Thermique, au contraire, la Combustion,c'est-à-dire l'oxydation instantanée ou progressivedu Carburant par l'air, s'effectue à l'intérieurmême du cylindre moteur ; <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, l'art <strong>de</strong> l'ingénieursait multiplier les unités, eL associer leur travailsur un arbre commun.Les avantages spécifiques du Moteur Thermiques'imposent ainsi immédiatement :— Tout d'abord, concentration <strong>de</strong> la transformationd'énergie en un cycle, unique et simple, réduisantau minimum les phases intermédiairesentre les <strong>de</strong>ux états originel et final.— Libération, transformation et appropriation <strong>de</strong>cette énergie à l'intérieur même <strong>de</strong> l'organe Moteur,c'est-à-dire <strong>de</strong> « l'unité cylindre ».— Limitation <strong>de</strong>s pertes d'énergie au cours <strong>de</strong> latransformation à : 1° Chaleur emportée, soit parles gaz d'échappement et les imbrûlés, soit parla réfrigération (à l'eau ou à l'air) du bloc moteur; 2° Rayonnement et convection <strong>de</strong> celuici; 3° Enfin, résistances passives.Dans l'ensemble, on obtient une amélioration importantedu ren<strong>de</strong>ment global, à laquelle viennents'ajouter la simplification <strong>de</strong>s organes mis en œuvre,et une remarquable facilité d'adaptation aux besoins ;elle est particulièrement intéressante pour les applicationsdu Moteur Thermique aux moyens <strong>de</strong> transports.Toutefois, entre les diverses modalités <strong>de</strong> constructionet d'utilisation <strong>de</strong> ce Moteur, une distinction formelles'impose ; elle provient <strong>de</strong>s caractéristiques (etsurtout <strong>de</strong> la vitesse) <strong>de</strong> la réaction du Comburant— c'est-à-dire <strong>de</strong> l'air aspiré — sur le Carburant qu'ildoit brûler.Les Moteurs Thermiques sont ainsi classés suivant<strong>de</strong>ux types généraux, bien distincts : ,a) Le Moteur à Explosion (Essence, Gaz riche, Gazpauvre) admet à chaque cylindrée un mélange dosé<strong>de</strong> carburant et d'air, plus ou moins comprimé ; l'explosiondu mélange — origine <strong>de</strong> l'on<strong>de</strong> <strong>de</strong> choc surle piston et <strong>de</strong> la détente qui la suit — est provoquée,en temps utile, par une étincelle électrique, ou encorepar une compression plus poussée, au contact d'unesurface maintenue suffisamment chau<strong>de</strong>.Le cycle utilisé est dû à BEAU DE ROCHAS. Le Moteurà Explosion est construit à <strong>de</strong>ux ou quatre temps, etavec cylindres à simple ou à double effet. Enfin, le ren<strong>de</strong>mentthermique global peut atteindre 25 à 28 % ;bt Le Moteur à Combustion Interne ne procè<strong>de</strong> paspar explosion ; il brûle, graduellement et progressivement,sous une pi-ession théoriquement constante eten mélange avec l'air Comburant, un Carburant liqui<strong>de</strong>,injecté et molécularisé, au cours <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong><strong>de</strong> forte compression du cycle <strong>de</strong> JOULE.Le type le plus connu du Moteur à Combustion interne,et <strong>de</strong> beaucoup le plus employé, est le « DIESEL », à haute compression et à allumage spontanérésultant <strong>de</strong> cette compression. On le construit aussià simple ou double effet, à <strong>de</strong>ux ou à quatre temps.Son Carburant est l'Huile Lour<strong>de</strong>, <strong>de</strong> diverses provenances.Il donne le ren<strong>de</strong>ment le plus élevé au'aucunemachine thermique ait encore réalisé : soit 32 à 35 %.Le Moteur « SEMI-DIESEL », qui associe successivementl'explosion et la combustion interne est <strong>de</strong>construction et d'utilisation plus simples que le DIESEL proprement dit : aussi reste-t-il encore en faveurauprès <strong>de</strong>s usagers <strong>de</strong> petite puissance, par exempledans la navigation intérieure et l'artisanat rural, enraison <strong>de</strong> son prix d'achat plus réduit et <strong>de</strong> la facilité<strong>de</strong> sa mise en marche.Les limites imposées à cette monographie, dans le17http://histoire.ec-lyon.frhttp://bibli.ec-lyon.frhttp://www.centraliens-lyon.net