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130102_ANT.pdf - Ecole alsacienne

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16. Lucien DESCAVES et les colonies libertaires<br />

Avec sa pièce La Clairière écrite avec Maurice DONNET en 1900, et publiée chez<br />

l’éditeur sympathisant libertaire PLON, l’écrivain s’inspire d’expériences libertaires de microsociétés<br />

comme la communauté de Blaricum aux Pays Bas.<br />

Sa pièce est une illustration des rêves et des difficultés des petites colonies<br />

anarchisantes qui se développent en fin du XIX° siècle.<br />

17. « Compagnons de route » espagnols du début du siècle<br />

En fin du XIX° siècle, de nombreux écrivains (surtout ceux de la génération de 1898) et<br />

artistes espagnols sont proches de l’anarchisme et n’hésitent pas à écrire dans des revues<br />

libertaires, bien entendu dans la fameuse Revista Blanca. Beaucoup d’auteurs ont noté un fort<br />

attrait pour l’individualisme, mais pas anti-social, chez des écrivains comme UNAMUNO, Pío<br />

BAROJA, Vicente BLASCO IBÁÑEZ, AZORÍN… Deux œuvres méritent d’être plus analysées.<br />

a) 1904 « Aurora roja » de Pío BAROJA<br />

L’écrivain espagnol d’origine basque n’est pas anarchiste. Pourtant ce courant de pensée<br />

l’attire et laisse des traces à plusieurs reprises dans son œuvre, ce qu’il reconnaît d’ailleurs luimême<br />

dans ses mémoires de 1911. Avec son ami intellectuel anarchiste Felipe ALAIZ (1887-<br />

1959) il mène une vie de bohème rebelle dans le Madrid des années 1910. Ce dernier le définit<br />

ainsi en 1934 « On a dit que BAJORA est anarchiste. Je crois que c’est juger trop hâtivement<br />

l’écrivain. C’est un rebelle, qui rejoignit deux fois les anarchistes, surtout ceux de tendance<br />

individualiste ». Au début du XX° siècle, BAROJA connaît très bien les grandes tendances qui<br />

animent le socialisme de son époque et les grands évènements qui le parsèment.<br />

Aurora roja/Aurore rouge, 3 ème tome de la trilogie La lucha por la vida/La lutte pour la vie,<br />

après La busca/La recherche et Mala hierba/Mauvaise herbe, est l’ouvrage le plus marquant en<br />

ce sens. La thématique et quelques descriptions semblent être dues à l’intellectuel anarchiste<br />

hispano-argentin Julio CAMBA. Outre une description savoureuse et détaillée du Madrid populaire<br />

de l’époque, ce livre nous fait revivre les grandes interrogations et les principales actions des<br />

courants libertaires espagnols et européens, avec des analyses et des précisions qui montrent<br />

incontestablement la proximité de l’auteur avec le thème traité. Ce n’est pas à proprement parlé<br />

une utopie, quoique le rôle de ce saint romantique et profondément idéaliste de l’anarchisme<br />

qu’est Juan (qui meurt pour la cause à laquelle il consacre toutes ses énergies) permet<br />

d’exposer les projets du monde futur. Le groupe Aurora roja, sorte de tertulia (groupe d’amis) ou<br />

d’aténée libertaire (centre d’échanges et de formation) se réunissant dans une taverne appelée<br />

justement Aurora, se veut la préfiguration du monde nouveau, un lieu de débats et de préparation<br />

de la révolution nécessaire. La sympathie pour le projet libertaire, accompagné d’un recul critique<br />

permanent, parcourt tout le livre qui est donc une source documentaire de première main sur<br />

l’anarchisme ibérique (et français) de la fin du XIX° siècle.<br />

En 1906, avec Paradox roi, Pio BAROJA propose une utopie humoristique anarchisante<br />

dans le royaume d’Ouganga, à Bou-tata, d’après Pierre VERSINS 109 .<br />

b) 1905 « La bodega » de Vicente BLASCO IBAÑEZ<br />

Ce troisième « roman social » écrit durant l’hiver 1904-1905 et appartenant à un cycle de<br />

quatre romans sociaux (avec La catedral, L’intruso, La Horda) n’est pas, lui non plus, une<br />

utopie à proprement parler. Cependant, comme le dit dans une très fouillée et intéressante<br />

introduction, Francisco CAUDET, l’aspect utopique reste éclatant dans ces romans réalistes:<br />

« ...il y a utopie. C’est à dire l’image d’un monde futur dont l’existence n’est pas encore<br />

constatable, ni réelle, mais qui est en germe dans le dépassement des contradictions<br />

occasionnées par cette rencontre temporelle du passé dans le présent. Ou, au moins, cette<br />

espérance se manifeste. Le réalisme est aussi une utopie parce que, si d’un côté il observe ce<br />

qu’il y a, de l’autre il imagine ce qu’il n’y a pas, une réalité future qui nie la réalité<br />

présente » 110 .<br />

109<br />

VERSINS Pierre Encyclopédie de l’utopie et de la science fiction, Lausanne, L’Âge d’Homme,<br />

1037p, 1972, p.100<br />

110<br />

CAUDET Francisco Introducción en BLASCO IBAÑEZ Vicente La bodega, Madrid, Cátedra,<br />

1998, p.88<br />

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