28.04.2013 Views

130102_ANT.pdf - Ecole alsacienne

130102_ANT.pdf - Ecole alsacienne

130102_ANT.pdf - Ecole alsacienne

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Terre Humaine en 1991. Jean MALAURIE lui-même, dirigeant cette collection se définit parfois<br />

comme « libertaire ».<br />

4. Le « libertarisme », nouveau concept ?<br />

Le portugais Joâo FREIRE 128 l’utilise pour ne pas employer le terme anarchiste qui est pour<br />

lui trop daté et dépassé. Le libertarisme se définirait comme « ensemble de valeurs,<br />

d’aspirations humaines et de comportements qui s’inscrivent dans un projet social » de type<br />

libertaire bien sûr. Ce terme permet sans doute de mieux prendre en compte la filiation libérale,<br />

puisque dans le même article il rappelle l’importance de la tension entre les deux fondements de<br />

l’anarchisme, le libéralisme et le socialisme. Il emploie les formules de « libéralisme extrême »,<br />

de « socialisme le plus libéral » ou de « plus socialiste des libéralismes » pour identifier<br />

l’anarchisme. Préciser l’importance du socialisme dans l’anarchisme, c’est donc d’emblée se<br />

mettre hors du mouvement libertarien, qui lui ne prend en compte que la filiation libérale<br />

individualiste.<br />

5. Le problème des « libertariens » et autres « libertins »...<br />

Le mot libertaire désormais est un terme un peu galvaudé et discutable, d’autant qu’un<br />

courant libéral extrémiste, ou « radical » comme on dit là-bas, se définit libertarien aux ÉU<br />

(avec surtout Aym RAND 1905-1982 au départ, et avec David FRIEDMAN, Robert NOZICK et<br />

Murray ROTHBARD aujourd’hui) et au Canada. On parle même de libertarianisme ou<br />

d’anarcho-capitalisme pour désigner leur mouvement, ce dernier terme générique semblant le<br />

plus adéquat. D’autres préfèrent celui d’ultra-libéralisme ou d’anarchisme de droite.<br />

Ce mouvement s’inspire parfois de l’école économique autrichienne autour de Friedrich<br />

HAYEK et Ludwig Von MISES. Il gagne quelques intellectuels en Europe et même parfois<br />

d’anciens anarchistes. Ils veulent se présenter comme les descendants véritables du courant<br />

anarcho-individualiste états-unien qu’ils citent fréquemment (Lysander SPOONER surtout). Si<br />

certains points de ce mouvement sont proches de l’anarchisme (liberté individuelle primordiale,<br />

notion d’État minimum et le plus souvent d’antiétatisme absolu, importance de l’autonomie des<br />

individus et des groupes, contrat totalement libre...) l’ensemble idéologique se rapproche plus du<br />

libéralisme classique, d’un capitalisme mythique, s’autorégulant harmonieusement. « Anarchisme<br />

de droite » ou « libéralisme radical antiétatiste » conviennent mieux que libertaire pour définir<br />

cette mouvance. Ils veulent surtout garantir la propriété privée, l’économie de marché et limiter au<br />

maximum l’emprise étatique. Ils reconnaissent donc l’inégalité et sont parfois plein de louanges<br />

pour les firmes multinationales les plus sauvages en terme de relations sociales.<br />

C’est pourquoi récemment, par exemple, le docteur AMSTER Randall de la School of<br />

Justice Studies de l’université d’Arizona revient au terme d’anarchie et abandonne le terme<br />

libertaire pour ne plus entretenir de confusion. (Cf. son article très intéressant sur la primauté de<br />

l’éthique dans le mouvement anarchiste 129 ). En France, en fin des années 1990, l’aspect<br />

libertarien apparaît dans la notion polémique de « libéral-libertaire » lancée par le donneur de<br />

leçon républicaine Jean Pierre CHEVÈNEMENT, et est reprise un peu par défi autant par d’anciens<br />

libertaires comme Dany COHN-BENDIT que par l’homme de droite Alain MADELIN, malgré son<br />

courant plutôt très conservateur qui lui reproche ses frasques libertaires en matière de mœurs.<br />

Un des vrais fondements économiques assez récents du libertarianisme est exprimé par le Nobel<br />

d’économie de 1974, Friedrich August Von HAYEK, le théoricien du « marché généralisé » et de<br />

la « société ouverte », ce deuxième terme inspirant pluralisme, anti-dogmatisme, éloge du<br />

mouvement... et rejoint ainsi la pensée de bien des anarchistes qui discutent pourtant âprement,<br />

malgré PROUDHON, autour de la première notion à propos du marché.<br />

Mais pour les anarchistes, ce mouvement est aux marges, en dehors de leur culture.<br />

Eduardo COLOMBO parle même de « monstre hybride et de contre-nature appelé anarchisme de<br />

droite » 130 .<br />

Quant au terme libertin dont beaucoup d’anarchistes se réclament, mais pas tous, il<br />

désigne surtout une posture d’indépendance morale et sexuelle, rejetant les tabous et les<br />

128<br />

FREIRE Joâo L’éternelle jeunesse de l’anarchisme, –in-L’anarchisme a-t-il un avenir ? Histoire de<br />

femmes, d’hommes et de leurs imaginaires, Actes du Colloque International de Toulouse, 27-<br />

29/10/1999, Lyon, ACL, 560p, 2001<br />

129<br />

AMSTER Randall L’anarchisme comme théorie sociale (en anglais), -in-Anarchist Studies, n°2,<br />

London, 1998<br />

130<br />

COLOMBO Eduardo Anarchie et anarchisme, -in-Réfractions, n°7, 2001<br />

32

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!