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130102_ANT.pdf - Ecole alsacienne

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Yaacov OVED estime que ce mouvement spontané et libertaire, souvent rattaché à de<br />

fortes traditions russes (le Mir, le mouvement des Vieux-Croyants, les essais libertaires ou<br />

tolstoïens...), ne fut toléré par le pouvoir bolchevique que de 1918 à 1921, la période de la NEP<br />

le reléguant à un rôle marginal et le stalinisme triomphant l’extermine quasi totalement avec la<br />

collectivisation forcée au milieu des années 30. Il y a aurait eu une douzaine de ces<br />

communautés fondées par des compagnons de route ou des idéalistes étrangers, souvent<br />

occidentaux, ou d’ancien émigrés politiques russes revenus au pays après les évènements de<br />

1917.<br />

h) Les communautés libertaires naturistes – Espagne du début du XX° siècle<br />

Dans les années 1920 et 1930, avant que le franquisme ne les détruisent pour de<br />

longues années, des mouvements naturistes ou naturalistes se sont développés dans toute<br />

l’Espagne. Ils sont cependant plutôt implantés en Catalogne et dans le Pays valencien.<br />

Les mouvements ont cet avantage d’être pluralistes, même si les tendances libertaires y<br />

sont souvent très présentes (liberté du corps et de l’individu, pratiques autogestionnaires,<br />

égalité homme et femme, eugénisme néo-malthusien, nouvelle morale sexuelle…). C’est cette<br />

inflexion libertaire qui nous pousse à parler de « naturisme social ». Des revues de grande<br />

qualité leur fournissent un écho important : Amics del sol (à laquelle a appartenu avant la<br />

Guerre d’Espagne mon ami Arturo Kéry ESCORIGEL), Naturismo, Eugenia, Gimnos Revista de<br />

libre cultura, Biofilia revue anarchiste naturiste de Barcelona, Helios et El naturista de Valencia,<br />

Pentalfa…La thèse de MASJUAN permet d’en découvrir un grand nombre 44 .<br />

Souvent ils essaiment en « colonies naturistes » liées cependant au mouvement ouvrier<br />

dont beaucoup de membres sont issus. La coupure ne se fait donc pas avec le milieu urbain et<br />

social, à la différence de biens des collectivités de l’époque hippie ultérieure.<br />

i) Les collectivités des sixties et seventies<br />

De nombreux noms sont utilisés pour décrire ce mouvement imposant de<br />

communautés, mais le terme d’écotopies repris par AINSA semble un outil performant,<br />

permettant de mettre en avant les aspects écologiques, naturalistes... de nombreuses<br />

communautés de cette période. Leur pacifisme, leur volonté d’universalisme, l’anti-autoritarisme<br />

à tous les niveaux, la liberté sexuelle et comportementale du début, un spontanéisme<br />

revendiqué... non seulement marquent bien l’esprit de cette contre-culture des sixties, mais<br />

satisfont bon nombre de libertaires qui y participent. La volonté de sortir du système capitaliste<br />

et de la société de consommation, le fameux « dropping out » des hippies surtout, est bien un<br />

axe essentiel du mouvement libertaire (et pas seulement) « soixante-huitard ». Ces « années<br />

utopies », pour reprendre le nom de l’ouvrage de la BDIC de 1996 qui leur est consacré, sont<br />

des utopies de l’instant, de l’ici et maintenant, qui est propre à de nombreux anarchistes :<br />

l’affiche de 1968 « Tomorrow starts now » (page 26) peut servir de symbole. Dans L’Aventure<br />

hippie de 2000, les auteurs consacrent tout un chapitre à cette « Utopie communautaire ». La<br />

variété de ces mouvements est maximale, le pluralisme évident, leur unité provenant d’un rejet<br />

commun de toutes les cultures officielles, c’est pourquoi on peut parler globalement à propos de<br />

la contre-culture de ces années là « d’utopie politique » affirme Jean-Luc BAUDRAS 45 . J’y<br />

ajouterais globalement également le terme « libertaire », malgré toutes les dérives autoritaires<br />

que la contre-culture englobe.<br />

Le mouvement est de très grande ampleur : certaines estimations, reproduites dans ce<br />

superbe livre, font état de près 500 communautés (ou collectifs, communes, microsociétés,<br />

contre unités de base, colonies, coopératives, groupes d’affinités...) en France du tout<br />

début des années 1970. Pour la seule Californie, vers 1970, on compterait près de 3 000<br />

groupements pour 50 000 personnes environ. Ces unités sont souvent de taille réduite, plus<br />

proche de la famille élargie que des grands communes du XIX° siècle. Leurs interrelations sont<br />

faibles, leur utopie est très localisée, les liens avec le milieu local sont ténues. La durée de vie<br />

44 MASJUAN BRACONS Eduard La ecología humana en el anarquismo español. Urbanismo « orgánico »<br />

o ecológico, neomalthusanismo y naturismo social, Barcelona, Icaria, 504p, 2000<br />

45 Dictionnaire des utopies, Paris, Larousse, 2002<br />

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