28.04.2013 Views

130102_ANT.pdf - Ecole alsacienne

130102_ANT.pdf - Ecole alsacienne

130102_ANT.pdf - Ecole alsacienne

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

les suivants un écrit utopique, mais il permet de préciser les cheminements théoriques de son<br />

auteur. Pour ce qui nous intéresse directement, les chapitres 10, 11 et 12 sur les communes et le<br />

problème agraire seront les bases qu’il va développer dans ses écrits ultérieurs. Il y reconnaît sa<br />

dette vis à vis des communes médiévales, mais il « ne s’agit en aucun cas de les restaurer » 31 .<br />

La Commune de Paris est par contre à cette étape de sa réflexion, bien plus marquante, et lui<br />

permet de définir les concepts « d’expropriation de la richesse sociale » (chapitre 19) et « d’anarchie<br />

» (comme il l’écrit alors) : « abolition complète des États et l’organisation du simple au<br />

composé par la fédération libre des forces populaires, des producteurs et des<br />

consommateurs » 32 . La « mise en commun » 33 est déjà bien claire pour l’auteur : elle est<br />

généralisée pour l’outillage, les « avoirs sociaux », les terres, les magasins, les moyens de<br />

production (usines, ateliers…), ceux de communication, sans oublier la monnaie…<br />

La Préface et la Postface de décembre 1919 pour l’édition russe sont très intéressantes.<br />

Outre des analyses très ponctuelles (la défense du lopin individuel, par exemple), ces deux<br />

textes permettent à KROPOTKINE dans son opposition d’alors à LÉNINE de se dresser contre la<br />

dictature, même révolutionnaire, et de voir dans l’autogestion la seule solution viable aux<br />

problèmes socio-économiques de l’heure : « chaque village et chaque ville, …chaque fabrique<br />

et chaque usine étant (considérés par la population comme) sa propre affaire » et devant « être<br />

gérés par eux-mêmes (les ouvriers, les paysans, les citoyens )» 34 .<br />

En 1892 il publie La conquête du pain 35 , ouvrage de combats et de débats, mais à la<br />

charge utopique importante puisqu’il y offre une des premières propositions théoriques avancées<br />

de la notion de communisme anarchiste. Son préfacier et ami, Élisée RECLUS, le comprend bien<br />

et note l’importance du volontarisme éthique de KROPOTKINE puisque « la société se modèle (ici)<br />

sur son idéal ».<br />

Le prince anarchiste se range « pour une prise de possession immédiate de tout ce qui<br />

est nécessaire », une totale expropriation et donc d’appropriation de tous les moyens de<br />

productions. « Tout est à tous ! » assure-t-il.<br />

La communauté, en récupérant et en gérant l’ensemble, rétablit le droit à « l’aisance »<br />

pour tous, « selon ses besoins », et dans une forte polémique avec le malthusianisme, il lance la<br />

notion de « prise au tas » que seule une société d’abondance peut permettre. Mais pas stupide, il<br />

prévoit un rationnement égalitaire 36 des biens rares, ce qu’on oublie bien souvent de citer quand<br />

on présente cette notion.<br />

C’est dans cet ouvrage qu’il propose la décentralisation industrielle, la suppression du<br />

salariat, mais le maintien d’un progrès technique et d’un machinisme indispensables pour libérer<br />

l’homme (et la femme surtout 37 ) des tâches pénibles. Le travail est réduit (par jour de 4 à 5h, et<br />

en durée jusqu’à 45, 50 ans) mais il est maintenu à un haut niveau ; il n’y a pas pure fantaisie<br />

mais une analyse économique poussée, et logiquement reliée à la notion d’abondance.<br />

Cependant la première grande formulation utopique semble issue des Temps nouveaux<br />

publiés en 1894 (j’utilise la traduction espagnole, Tiempos Nuevos, de CANO RUIZ 38 ). Dès le<br />

début de cette œuvre de vulgarisation de l’anarchisme (c’est le texte d’une conférence<br />

londonienne), KROPOTKINE, fidèle à lui-même (il se répète inlassablement dans un effort<br />

pédagogique constant) réfute toute utopie, mais dans son sens péjoratif : « loin d’être une utopie<br />

ou une conception purement théorique, cet idéal (l’anarchie) résume la tendance innée des<br />

sociétés humaines vers l’égalité et la liberté ». La réfutation polémique est complétée par la<br />

volonté de l’auteur de montrer que l’anarchie, loin d’être impossible, se rattache en fait à des<br />

expérimentations du passé, et se trouve en symbiose avec l’harmonie naturelle mise en avant<br />

par la science moderne. Il re-développe ce thème dans La science moderne et l’anarchie écrit<br />

en russe en 1901.<br />

31 KROPOTKINE Pierre Paroles d’un révolté, p.94<br />

32 KROPOTKINE Pierre Paroles d’un révolté, p.105<br />

33 KROPOTKINE Pierre Paroles d’un révolté, p.239 & ss<br />

34 KROPOTKINE Pierre Paroles d’un révolté, p.276-277<br />

35 KROPOTKINE Pierre La conquête du pain, Besançon, Le Monde libertaire, 280p, 1975<br />

36 KROPOTKINE Pierre La conquête du pain, p.73<br />

37 KROPOTKINE Pierre La conquête du pain, p.145<br />

38 KROPOTKINE Pedro Tiempos nuevos, -in-CANO RUIZ B. El pensamiento de Pedro KROPOTKIN,<br />

México, EMU, 328p, 1978<br />

14

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!