130102_ANT.pdf - Ecole alsacienne

thématiques et songent à un avenir (utopique ?) libertaire : c’est le cas de Marià BURGUÉS
analysée ci-dessus (El siglo de oro), ou de Giovanni ROSSI et son épisode amoureux de la
Cecilia, que j’ai longuement présenté. Un ancien internationaliste, ami de BAKOUNINE, Paul ROBIN,
est à l’orée du siècle, un des militants les plus écoutés sur le thème de l’amour libre et du néomalthusianisme
auquel il attache fermement son nom. RECLUS Élisée a fait du mariage de ses
filles un acte symbolique du libre choix en matière de vie à deux. Madeleine PELLETIER,
présentée ci-dessous, exprime sa radicalité féministe sans se couper des revendications
socialistes libertaires. Mais c’est surtout en Espagne des années 1920 et 1930 qu’explose la
thématique anarchiste sur les mêmes registres qu’en France au début du siècle. Même la prude
et pudibonde Louise MICHEL se positionne pour le « mariage libre » qui permet de « prendre qui
on veut pour femme ou pour mari, en se passant de tout le monde » 81 .
Cependant nombreux sont les écrits qui se limitent à un seul aspect du problème, ou qui
sont purement réformistes et donc peu révolutionnaires ou peu utopistes, d’où la difficulté des
choix pour cette mini-anthologie.
Parmi les militantes de la libération de l’amour et en faveur des rapports égalitaires entre
hommes et femmes se trouve la tolstoïenne Vera STARKOFF, d’origine russe, fondatrice du
Théâtre d’idées et très active dans les Universités populaires. Sa pièce sociale en un acte,
L’amour libre 82 , est en fait une utopie réformiste où les rapports amoureux hommes-femmes
reposent sur un libre choix égalitaire.
Dans une vision modérée, l’amie de Louise MICHEL (dont elle fait l’éloge funèbre) et de
Sébastien FAURE, proche également de Paul ROBIN, Nelly ROUSSEL accepte mariage
monogamique et maternité, mais se dresse fermement pour la libération de la femme et sa libre
sexualité. Sa petite pièce, préfacée justement par Sébastien FAURE, Par la révolte en 1903 se
veut une « scène symbolique » (pourrait-on dire utopique ?) de la révolte féminine, même si
aujourd’hui le texte nous paraît bien timide 83 .
Bien plus radicale contre la « prostitution du mariage » et pour une liberté sexuelle totale
pour les hommes et surtout pour les femmes, se dresse Madeleine VERNET qu publie en 1907
L’amour libre, aux éditions de L’anarchie (journal et maison d’édition où milite également Ernest
JUIN dit E. ARMAND). Son « exclusivisme par trop féminin » est alors objet de débat en milieu
libertaire, comme le rappelle Monique SUREL-TUPIN 84 .
20. L’utopie humaniste et d’aspect libertaire indienne au début du
siècle
Sri AUROBINDO dont l’œuvre de 1919 The ideal of human unity est analysée dans
l’ouvrage de Armand MATTELART sur l’Utopie planétaire, avance bien des notions libertaire : le
fédéralisme dans une union libre mondiale, une organisation « élastique et progressive », « une
unité complexe fondée sur la diversité »... L’anti-dogmatisme, l’éloge des différences et un
certain pragmatisme libertaire sont ici de mise, au côté bien sûr d’un net engagement
anticolonialiste au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
21. Une utopie paysanne anarchiste russe en 1920
Les éditions Golos Truda publient Comment les paysans vivront sans autorité ? de
ZAYAZ Stenka.
22. FAURE Sébastien Mon communisme. le bonheur universel 1921
Pour ce grand pédagogue et orateur du mouvement anarchiste, le projet est bien sur
pédagogique (la partie sur l’éducation doit beaucoup aux écrits du catalan FERRER et à la propre
expérience de l’auteur avec sa fameuse « Ruche ») : il veut montrer « la vie d’une grande nation
81
MICHEL Louise Le coq rouge, 1888, -in-Au temps de l’anarchie un théâtre de combat, Tome II,
2001, p.
82
STARKOFF Vera L’amour libre, pièce sociale en un acte, 1902, -in-Au temps d’anarchie, un
théâtre de combat, Tome I, 2001
83
ROUSSEL Nelly Par la révolte, Scène symbolique, 1903, -in-Au temps d’anarchie, un théâtre de
combat, Tome I, 2001
84
SUREL-TUPIN Monique Présentation de Vera STARKOFF, -in-Au temps d’anarchie, un théâtre de
combat, 2001, Tome I, p.294
31