130102_ANT.pdf - Ecole alsacienne
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La « famille URALES »peut être analysée comme une véritable petite communauté, de<br />
la fin du XIX° aux années 1930. Ce petit groupe affinitaire, propagandiste tant dans le domaine<br />
culturel que dans le domaine politique tourne autour de Federico URALES, surnom de Juan<br />
MONTSENY CARRET (1864-1942). Cet auteur et infatigable journaliste d’opinion marque<br />
profondément l’anarchisme ibérique. C’est le « génie créateur » 131 du groupe, animateur,<br />
écrivain et éditeur. Soledad GUSTAVO est la femme-compagne, la vraie ( ?) responsable,<br />
administrative, traductrice… Son vrai nom est Teresa MAÑE (1865-1939). Leur fille Federica<br />
MONTSENY MAÑE (1915-1994) est la femme anarchiste la plus célèbre d’Espagne, et peut<br />
être au monde, à l’égal de Louise MICHEL ou d’Emma GOLDMAN. En 1936, elle est l’unique<br />
femme anarchiste ministre (de la Santé) de toute l’histoire du mouvement anarchiste<br />
international, période qu’elle critique lors de son exil français. Son compagnon dès 1930,<br />
Germinal ESGLEAS JAUME (1903-1981) est un des plus importants dirigeants cénétistes de<br />
l’exil.<br />
Avec d’autres amis et membres de la famille, les URALES organisent une communauté<br />
quasi autonome et autofinancée, fondée sur une ferme catalane dont les surplus (des cultures<br />
et de l’élevage) sont vendus, et sur peut-être la plus grosse production littéraire et journalistique<br />
de l’anarchisme espagnol. Le pivot est la revue La Revista Blanca (1898-1905 et 1923-1936)<br />
dans laquelle écrivent la plupart des grands noms de l’anarchisme international et leurs<br />
compagnons de route prestigieux (Pio BAROJA, UNAMUNO, HUXLEY…) 132 . L’édition de plus<br />
de 520 « romans idéaux » (écrits à 25 % par la « famille ») assure souvent l’auto-suffisance.<br />
L’entreprise Impresos COSTA de Barcelone, où le journal El Luchador (1931-1933) sont<br />
d’autres exemples de rayonnement de ce microcosme fort productif et actif.<br />
f) le Living Theatre, communauté anarchiste ( ?) dès 1947<br />
Ce groupe théâtral fondé à New York dans l’immédiate après-guerre par Julian BECK<br />
(1925-1985) et rejoint par sa compagne Judith MALINA est sans doute la plus célèbre<br />
communauté artistique de la mouvance anarchiste, surtout non-violente. Activiste aux États-<br />
Unis et en Europe, le Living est de toutes les audaces et de toutes les revendications. Cette<br />
communauté autogérée, foncièrement égalitaire, vit souvent sa propre vie, ou détourne des<br />
œuvres célèbres, dans des pièces qui ne peuvent pas laisser indifférentes, tant la force du<br />
happening et de la provocation y est très stimulante. Son passage dans l’Europe agitée des<br />
sixties a creusé de profonds sillons pour ceux qui ont assisté à leurs représentationsspectacles-participations.<br />
Je n’oublierai jamais la forte impression ressentie pour leur passage à<br />
Besançon aux lendemains des évènements de 1968, au diapason d’une jeunesse dont j’étais<br />
qui sortait ses premiers tracts politiques et culturels en soutien d’une exhibition rageuse,<br />
sexuelle... qui avait effrayé et choqué les bourgeois francs-comtois. Leur pièce la plus célèbre,<br />
Paradise now, fournissait un slogan que beaucoup revendiquaient.<br />
Une forme moins violente, plus édulcorée, mais à la tonalité également franchement<br />
libertaire, est assumée au début des années 1970 en France par le Grand Magic Circus de<br />
Jérôme SAVARY.<br />
Il faut dire que le sens du happening, de la fête provocatrice avait dans toutes les sixties<br />
bénéficié des actions « d’agitprop » du libertaire Jean-Jacques LEBEL, figure omniprésente que<br />
l’on retrouve proche des mouvements contre-culturels, des situationnistes, des anarchistes et<br />
autres enragés de l’année 1968.<br />
g) Hétérotopies des happenings... autour de Jean-Jacques LEBEL<br />
Le Happening ou communauté éphémère d’agitation culturelle et politique, réunissant<br />
un groupe pluraliste d’artistes, de militants, de provocateurs... a été théorisé par Allan<br />
KAPROW notamment dans son Assemblage, environnements and happenings publié à New<br />
York en 1966, et même avant lui, en 1965, par Wolf VOSTEL dans Happenings. Différentes<br />
formes artistiques vont s’en inspirer, comme le Concept Art (c’est aussi le titre d’un livre de<br />
131 TAVERA I GARCíA Susanna Revolucionarios, publicistas y bohemios : los periodistas anarquistas<br />
(1918-1936), -in-El anarquismo español y sus tradiciones culturales, 1995<br />
132 IÑIGUEZ Miguel Esbozo de una Enciclopedia histórica del anarquismo español, Madrid, FELAL, 2001<br />
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