130102_ANT.pdf - Ecole alsacienne
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Au début du XXI° siècle, la « maison de verre à structures métalliques » faisant un tout<br />
avec son environnement végétal de Châtillon d’Azergues vers Lyon, permet à ses concepteurs<br />
(Caroline BARRÈS et Thierry COQUET) de renouer avec les réalisations de WRIGHT 78 .<br />
3. Pour une liberté formelle, parfois spontanée, parfois<br />
revendiquée...<br />
Rares ici sont les anarchistes ou libertaires revendiqués. Mais leurs propositions libres et<br />
libérées, souvent contre les architectes officiels et les réglementations étatiques, placent ces<br />
urbanistes et artistes en marge, et souvent proche des libertaires.<br />
Dès la fin du XVIII°, Étienne Louis BOULLÉE tente de s’échapper des contraintes du milieu,<br />
des matériaux et des coûts... pour proposer divers plans pour le moins novateurs. Mais le globe<br />
et les formes rectilignes restent trop pesant pour un authentique architecte de la liberté, et sa<br />
position politique ne permet pas de le classer parmi les enragés.<br />
a) Fin du XIX° - début XX° siècles : une remise en cause libertaire<br />
des carcans architecturaux…<br />
Dès le début du XX°, Hermann FINSTERLIN, en jouant sur la plasticité, la fluidité des<br />
formes, fait preuve d’une belle imagination (Cf. En 1915 sa Maison du souvenir).<br />
Bien d’autres artistes visionnaires et des réalisations pourraient également être cités :<br />
c’est le cas des utopies cristallines de Bruno TAUT, lié à l’expressionnisme austro-allemand, déjà<br />
cité ci-dessus pour son respect de l’environnement. Au départ, l’expressionnisme austroallemand<br />
est très proche des idées d’Arts and Crafts de MORRIS : respect des petites<br />
communautés quasi-autonomes, lien entre art et production, influences médiévales. Le pacifiste<br />
libertaire qu’est Bruno TAUT y rajoute d’autres références. Dans Die Stadkrone de 1919 il se<br />
pose en défenseur d’un « socialisme apolitique ou suprapolitique » comme le rappelle Ruth<br />
EATON en 2001. Dans Dissolution des villes en 1920 il rend un vrai hommage à Pierre<br />
KROPOTKINE et surtout à son contemporain Gustav LANDAUER, le principal philosophe<br />
anarchiste dans l’aire germanique, dont le martyre fut extrême face aux corps francs de l’après<br />
Première Guerre Mondiale. Son projet est celui d’une sorte d’immense cité-jardin, sans État, aux<br />
mains de communautés autonomes et reliées entre elles. Dans ses Lettres utopiques de 1920-<br />
21 il en appelle à la liberté, à l’imagination et s’oppose à tout carcan, même matériel : « taillez des<br />
pensés dans les murs nus et construisez dans la fantaisie sans vous soucier des difficultés<br />
techniques » 79 .<br />
Toute la position « d’architecture cristalline », translucide, est un éloge à la nature, à la<br />
beauté, à la liberté et bien sûr à la transparence. Il est lié à Paul SCHEERBART(Glasarchitektur<br />
1914) et influence largement Walter GROPIUS qui rattache ensuite le premier Bauhaus, qu’il fonde<br />
en 1919 à Weimar, à l’expressionnisme du début du siècle, au moins jusque vers 1923.<br />
En URSS, c’est bien sûr le cas également des villes flottantes et des structures urbaines<br />
étonnantes du suprématisme de Kazimir MALEVITCH (1878-1935), avec ses architectones et<br />
ses planites. L’architectonique qu’il décrit se veut une architecture fondée sur des formes<br />
abstraites en trois dimensions. Toujours dans la jeune URSS, Alexandre LAVINSKY rêve de cité<br />
aérienne en 1923 et Georges KROUTILOV propose des immeubles flottants avant le triomphe<br />
définitif stalinien et la glaciation des idées novatrices qu’il entraîne en 1928 80 . Son diplôme, intitulé<br />
La ville future, est plus connu sous le nom de Une ville sur des voies aériennes de<br />
communication, ce qui est tout un programme. Avant de quitter l’URSS et de rejoindre le<br />
Bauhaus, El LISSINTZKY multiplie les projets les plus séduisants et les plus farfelus, ce qu’il<br />
nomme les proounes. Un de ses créations « électro-mécaniques » des années 20 porte le nom<br />
emblématique « d’aveniriste ».<br />
Toujours en URSS, l’école « désurbaniste » dans les années 1920, autour de Mikhaïl<br />
ORKHITOVITCH, mérite le détour, notamment pour le concept de « ville récréative » développé en<br />
1929 par Konstantin MELNIKOV, qui anticipe peut-être de 3 ans l’ouvrage anti-utopique d’HUXLEY<br />
78 LEBOVICI Elisabeth En verre et au vert, -in- Libération 29/05/2001<br />
79 Dictionnaire des Utopie, Paris, Larousse, 2002<br />
80 sur ce sujet, voir le très riche article de EATON Ruth Architectures et urbanisme, les figures de<br />
l’utopie, -in-Utopie, BNF, 2000<br />
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