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130102_ANT.pdf - Ecole alsacienne

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l’anarchisme organisé et le surréalisme est « normale » (Gérard DUROZOI). Elle débute dès<br />

1949 136 . Le 12/10/1951, Le Libertaire publie le « premier manifeste surréalo-anarchiste » 137 .<br />

La publication d’articles et des fameux « billets » est régulière entre 1951 et 1953, puis<br />

s’estompe après un conflit autour de Albert CAMUS dont le sens de la révolte est jugé essentiel,<br />

malgré ses manques, par les anarchistes, alors que les surréalistes y voient une position<br />

timorée, incomplète et trop modérée. La rupture semble surtout provenir de l’intransigeance<br />

d’Adonis KYROU du côté surréaliste et de Serge NIN du côté anarchiste. PÉRET et BRETON<br />

restent cependant proches encore plusieurs années du mouvement libertaire, et soutiennent<br />

notamment la FCL lorsqu’elle est réprimée pour ses actions contre la Guerre d’Algérie 138 . De<br />

même les diverses actions de Louis LECOIN sont toujours appréciées par les surréalistes. Ainsi il<br />

y a quelques articles de BRETON dans Liberté, le journal de cet irréductible pacifiste qu’est<br />

LECOIN. Enfin BRETON fait parfois quelques apparitions dans le groupe anarchiste Louise<br />

MICHEL, dont l’animateur principal, Maurice JOYEUX, est pourtant aux antipodes de FONTENIS<br />

dans le mouvement anarchiste.<br />

Ainsi, dans l’article La claire tour, du 11 janvier 1952, « le pape du surréalisme » renoue<br />

encore avec l’anarchisme, notamment celui utopiste de Laurent TAILHADE « Anarchie ! ô<br />

porteuse de flambeaux ! Chasse la nuit, écrase la vermine ! » 139 .<br />

Surréaliste depuis les années trente, Léo MALET (1909-1996) est un des compagnons de<br />

route de l’anarchisme ; célèbre pour ses romans policiers d’atmosphère ; sa « trilogie noire » est<br />

sans doute la partie la plus engagée et la plus libertaire de sa production. Les historiens<br />

anarchistes de la « Littérature prolétarienne » que sont Michel RAGON puis Thierry MARICOURT<br />

sauront s’en souvenir.<br />

D’autres libertaires dans ces années 1950-1960-1970 sont momentanément des<br />

compagnons de route importants : Jean-Jacques LEBEL avant son exclusion, Arturo SCHWARZ<br />

et Enrico BAJ animent le mouvement surréaliste dans les années 1950 et 1960 et sont sans<br />

doute en liaison avec ses prises de positions radicales anticolonialistes et antistaliniennes<br />

réitérées, comme le révèle le très beau texte Hongrie, soleil levant, en hommage à la révolution<br />

hongroise de 1956. Ce texte est publié évidemment dans le Monde Libertaire. La lutte contre la<br />

guerre d’Algérie permet de nouer des contacts avec le futur théoricien du marxisme libertaire<br />

Daniel GUÉRIN. L’éditeur Éric LOSFELD les accompagne souvent, en « libertaire intraitable »<br />

(Gérard DUROZOI). En 1981 encore, Arturo SCHWARZ lance une enquête sur « Anarchia e<br />

creatività » 140 qui aurait très bien pu s’appeler « Surrealismo e creatività ».<br />

Les thématiques libertaires (cet « ethos commun » à « deux rêveries qui se<br />

rencontrent », écrit Alix FARGE) se manifestent, dès les années 1920 (si on analyse les divers<br />

articles de la Revue Surréaliste) d’abord dans la volonté de « révolution perpétuelle », puis<br />

dans une profonde attaque contre toutes les institutions autoritaires et répressives : la nation et<br />

son patriotisme, l’armée (en 1940 Jehan MAYOUX 1904-1975, objecteur de conscience, arrêté<br />

pour insoumission, passe 5 ans en diverses prisons ; et Benjamin PÉRET est momentanément<br />

emprisonné pour menées subversives sous l’uniforme), la famille, les prisons, la religion, l’école,<br />

la psychanalyse…<br />

La lutte contre les asiles et contre tout enfermement est encore largement présente dans<br />

Nadja de André BRETON. Dans le n°2 de la Revue Surréaliste de 1925 un texte réclame<br />

l’ouverture des prisons et le licenciement de l’armée (« Ouvrez les prisons, licenciez l’armée !).<br />

Certes, il n’y a pas que les anarchistes qui sont à l’époque antimilitaristes ; le jeune parti<br />

communiste, qui veut appliquer les directives de Moscou (les fameuses 21 conditions) est pour<br />

une fois à l’avant-garde des luttes. C’est pourquoi en 1925, anarchistes, communistes et<br />

surréalistes (n°3 de la Revue) combattent ensemble contre l’engagement français dans le Rif<br />

marocain.<br />

La lutte anticolonialiste est en effet une autre facette du mouvement surréaliste. De la<br />

guerre du Rif au Manifeste des 121 (rapidement Manifeste des 246) lancé essentiellement par<br />

les surréalistes (qui en sont les premiers signataires), la rigueur intellectuelle reste forte.<br />

136 FERRUA Pietro Surréalisme et anarchisme, Paris, Plasma, 1983<br />

137 FERRUA Pietro Surréalisme et anarchie, édition augmentée, Lyon, ACL, 1992<br />

138 Surréalisme et anarchie. Le pied de grue, Lyon, ACL, 64p, 1994<br />

139 Collectif Surréalisme et anarchisme, Lyon, ACL, 1992<br />

& Collectif Surréalisme et anarchisme Le pied de grue, Lyon, ACL, 1994<br />

140 SCHWARZ Arturo Anarchia e creatività, 1981<br />

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