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130102_ANT.pdf - Ecole alsacienne

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libertaire, révolutionnaire, séditieux. Les deux premiers dans le classement proposé sont<br />

extrémiste et révolutionnaire 117 .<br />

f) Quelques problèmes de chronologie :<br />

Le terme anarchie ne serait apparu qu’au XIV ème siècle, d’après le Robert, ou vers<br />

1593/94 en même temps que l’adjectif « anarchique » 118 ; « anarchiste », à la fois nom et adjectif,<br />

serait contemporain de la Révolution Française (1791), suivi peu après par « anarchisme » vers<br />

1834. Depuis le XVIII° ces mots se généraliseraient, mais surtout avec le sens de chaos.<br />

Anarchie semble pour la première fois être utilisé de manière raisonnée (quoique encore<br />

avec son double sens) par William GODWIN dès 1793 en Angleterre. En avril 1850, le français<br />

Anselme BELLEGARRIGUE lance un des premiers journaux ouvertement déclarés et sans doute<br />

un peu provocateur : « L’anarchie : journal de l’ordre ».<br />

ZAN<strong>ANT</strong>ONI dans sa définition cherche à la fois à en préciser le sens et à en donner une<br />

épaisseur historique : « ...ensemble de doctrines et de mouvements qui prennent corps à partir<br />

de la fin du XVI ème siècle pour arriver jusqu’au seuil du XX ème , et qui... se trouvent unis par des<br />

traits communs : la critique radicale du principe d’autorité ; la revendication... de la pleine<br />

autonomie de l’individu ; l’aspiration, en pratique et en théorie, à "une exaspération de l’idée de<br />

liberté". » (p.5).<br />

L’anarchie devient alors un courant issu de ce que l’auteur dénomme « la modernité<br />

occidentale », c’est à dire tout à la fois l’émergence du capitalisme, l’affirmation de l’État-nation et<br />

un processus de sécularisation et de renforcement de l’individualisme. Bien des critiques sont à<br />

faire à ce positionnement historique de l’anarchisme, mais la définition à le mérite de limiter le<br />

problème des origines et d’éviter de remonter aux mouvements « libertaires » de l’antiquité ou du<br />

Moyen Âge., ce qui ne ferait plaisir, ni à KROPOTKINE apologiste des communes médiévales, ni à<br />

Norman COHN analyste des fanatiques de l’apocalypse qu’il décrit très souvent comme<br />

anarchistes...<br />

En Espagne fortement marquée par le mouvement anarchiste, le premier journal portant le<br />

nome d’anarchie apparaît à Madrid le 03/04/1869 : La anarquía.<br />

Ce courant politique est assez tardif dans son acceptation historico-politique. La plupart<br />

des chercheurs affirment qu’il n’est vraiment réellement constitué que dans les années 1870,<br />

avec les évènements liés à La Commune de Paris et avec la naissance de l’AIT anti-autoritaire,<br />

qui adopte le texte fondateur du Pacte de Saint Imier de septembre 1872 (d’où le rôle essentiel,<br />

maintes fois rappelé, de la Fédération Jurassienne et de son principal artisan d’alors, James<br />

GUILLAUME). Mais les antécédents sont néanmoins souvent reconnus. Les ex-communards ou<br />

ceux qui s’en réclament dans un sens fédéraliste et anti-autoritaire diffusent en effet très vite un<br />

modèle qui renoue avec les vieilles idées proudhoniennes, en y ajoutant l’aspect révolutionnaire<br />

qui leur manquait. Ces exilés (souvent) sont à l’origine des premiers groupes qui se créent un<br />

peu partout, d’abord sur le vieux continent, mais également ailleurs ; ainsi le premier groupe<br />

anarchiste connu en Argentine daterait de 1873.<br />

g) confusion et imbrication des idéologies au XIX° siècle :<br />

Le slogan le plus célèbre de l’anarchisme, après celui de « Terre et Liberté », analysé par<br />

ailleurs, est le fameux « Ni dieu, ni maître ». Il résume l’essentiel du courant anti-autoritaire.<br />

Il est pourtant dû à la plume d’un des plus autoritaires et putschistes socialistes du XIX° :<br />

Louis Auguste BLANQUI (1805-1881). Ce militant infatigable, anticipateur de la révolution<br />

permanente, favorable à la prise du pouvoir par une minorité, anticipe plus NETCHAEIEV et<br />

LÉNINE que le courant libertaire. Et pourtant il donna ce titre à son journal de 1880.<br />

On peut même dans les écrits de celui qu’on appelle « l’enfermé » tant il passa d’années<br />

en prison (une trentaine ?), trouver une autre source d’inspiration anarchiste assez largement<br />

représentative : la condamnation de la « duperie électorale », de la manipulation des masses par<br />

les corps constitués pour leur propre profit. Enfin, pour bien comprendre les multiples<br />

interférences entre les divers courants socialistes du XIX° siècle, on peut citer ce texte libertaire<br />

de BLANQUI qui ne dépareillerait pas dans une anthologie de l’anarchisme : « L’anarchie<br />

régulière est l’avenir de l’humanité. Le pouvoir, fléau exécrable, a cependant sa raison d’être et<br />

a comme pivot l’ignorance des masses... » ; et donc comme PROUDHON et bien d’autres<br />

117 Université de Caen, Synonymes, http://elsap1.unicaen.fr, consulté le 11/12/2001<br />

118 ZAN<strong>ANT</strong>ONI Marzio Anarchismo 1997, p.19<br />

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