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130102_ANT.pdf - Ecole alsacienne

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l’accent sur un concept nouveau que l’œuvre illustre : « l’intellectualisation du socialisme »<br />

comme source de la perversion totalitaire, concept que Jan Waclaw MAKHAÏSKI 33 avait déjà<br />

analysé vers 1900 en montrant la soif de pouvoir sans limite ni scrupule de la caste des<br />

intellectuels, habiles en toutes manipulations. Et justement, c’est cette dénonciation du pouvoir,<br />

et de son corollaire, l’amour du pouvoir, qui fait d’ORWELL un bakouniniste évident : « tout<br />

pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument », cite-t-on souvent dans les<br />

milieux libertaires. Son œuvre doit également beaucoup à WELLS, notamment à When the<br />

sleeper wakes de 1899. Cette anti-utopie est également une œuvre d’espoir, et de mise en<br />

garde au nom d’un socialisme démocratique que n’a jamais renié l’auteur 34 : il faut éviter ce<br />

que fascismes et communismes ont édifié au XX° siècle.<br />

• 1952 Cyril KORNBLUTH et POHL Frederik avec The space merchants (Planète à gogos)<br />

dénoncent un monde inhumain, dominé par la publicité et les médias.<br />

• 1952 Bernard WOLFE avec Limbo, le pouvoir absolu est érigé en doctrine.<br />

• 1953 Ray BRADBURY avec Fahrenheit 451 décrit une société aseptisée, totalement<br />

décervelée ou l’action des forces de l’ordre s’exprime dans un permanent autodafé. Seule<br />

chance : un travail prométhéen d’un pompier qui par son effort de mémoire, tente d’éviter cette<br />

terrifiante politique de la table rase culturelle. Le film de François TRUFFAUT rend très bien<br />

compte de ce combat libertaire contre la censure aveugle.<br />

• 1954 Arthur C. CLARKE avec La fin de l’enfance annonce l’aboutissement ultime de la course<br />

effrénée à la technique, à la conquête de l’espace et aux armements : la destruction de notre<br />

monde qu’il prévoit pour 2100 environ. Heureusement une deuxième partie plus libertaire et<br />

optimiste permet grâce à l’aide de bons « aliens » intervenant au bon moment de réaliser une<br />

utopie égalitaire, sans productivisme, où règnent liberté sexuelle et religieuse...<br />

• 1954 William GOLDING avec Sa majesté des mouches révèle que toute société, même<br />

innocente, même composée d’enfants, repose toujours sur la violence. Il s’approche en cela<br />

de la thématique d’Orange Mécanique.<br />

• 1956 le grec ATHANASSIADIS Nikos publie Au-delà de l’humain qui décrit le monde horrible<br />

d’un pays totalitaire, inspiré plutôt par l’URSS que par la Grèce des colonels.<br />

• 1956 Jean-Louis CURTIS dans un Saint au néon s’en prend aux méfaits de la technologie<br />

aveugle.<br />

• 1956 André DHÔTEL montre un monde à la technologie inhumaine dans L’île aux oiseaux de<br />

fer.<br />

• 1957 Ernst JÜNGER publie Die gläserne Bienen/Abeilles de verre qui reprend le cadre<br />

terrifiant d’un monde dominée par une froide technologie.<br />

• 1957 Hans Hellmut KIRST avec Personne n’en sortira reprend le thème dystopique du danger<br />

atomique.<br />

• 1957 l’allemand Arno SCHMIDT propose une forte satire de la République des Savants, qui<br />

présente des tonalités très bakouniniennes sur ce thème.<br />

• 1958 Aldous HUXLEY avec Brave new world revisited approfondit sa célèbre contre-utopie et<br />

en note la naïveté et l’insuffisance. L’évolution du monde et de la science rendent encore<br />

pires les prévisions de l’auteur. Renouant avec LA BOÉTIE, il annonce la catastrophe finale<br />

d’individus qui en arriveront à apprécier leur esclavage puisque « sous la férule d’un<br />

dictateur scientifique, l’éducation produira vraiment les effets voulus et il en résultera que la<br />

plupart des hommes et des femmes en arriveront à aimer leur servitude ».<br />

• 1959 à la limite, on peut considérer The naked lunch/Le festin nu de Williams BURROUGHS<br />

comme la contre-utopie de l’univers des camés. Sa description loufoque, violente, sexuelle et<br />

délirante, souvent insupportable, des hallucinations des toxicomanes crée un monde à part,<br />

dont l’issue est toujours désastreuse, que ce soit le monde de « Libertie » ou celui<br />

« d’Annexie » car toujours les criminels, les fourgueurs, les médecins fous (l’horrible<br />

BENWAY), les manipulateurs, les flics corrompus... ont le dernier mot sur une plèbe<br />

dégénérée, totalement « accro » et livrée corps et âmes à ses bourreaux.<br />

• 1959 Ramón PÉREZ de ALAYA publie la deuxième version de sa contre-utopie de 1909 (Cf.cidessus)<br />

sous le titre de La revolución sentimental. En pleine époque franquiste, l’ancien<br />

écrivain libéral a sans doute été obligé de se soumettre à la vulgate nationaliste, et son œuvre<br />

devenue simple ouvrage radical anti-communiste a perdu de la saveur libertaire qui faisait la<br />

force de la première version.<br />

33 MAKHAÏSKI J.W. Le socialisme des intellectuels, Paris, Seuil, 1979<br />

34 LANCELIN Aude « 1984 » de George ORWELL, -in-Le Nouvel Observateur, 15-21 août 2002

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