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130102_ANT.pdf - Ecole alsacienne

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expérimentation sociale doit assurer la diversité des tentatives, en accord avec la richesse et<br />

l’hétérogénéité de la vie. Pour cet anarchiste collectiviste, qu’il reste pour toute sa vie de 1882 à<br />

1925, toutes les positions et « applications » anarchistes « communistes, collectivistes,<br />

mutualistes pourront être testées en pratique ». Comme anarchiste ouvert, pluraliste, tolérant<br />

(malgré sa capacité à polémiquer), Ricardo MELLA est beaucoup plus actuel qu’on pourrait à<br />

première vue le penser.<br />

Le siècle d’or de Marià BURGUÉS se réalise dans la « Costa Sur Iberica ». Éducation<br />

intégrale, société d’abondance, rotation des tâches, absence d’État... y côtoient un naturisme et<br />

un souci écologique qui a toujours été important en terre ibérique. L’amour libre, la morale<br />

naturelle y est exprimée par Camelia, une héroïne émancipée, qui annonce sans doute ses<br />

sœurs de Mujeres Libres des années 1930. Elle choisit ses compagnons, signe avec eux un<br />

contrat de 3 ans pour essayer la vie commune, décide des lieux où se rendre et des travaux à<br />

faire, et des enfants à avoir. L’accouchement est sans douleur, grâce aux progrès scientifiques.<br />

L’éducation pour les enfants, mixte, collective, intégrale, se veut attractive, ouverte sur la vie et<br />

le plein air (avec une importance, pour l’époque essentielle et novatrice, des bains de mer, ce<br />

que reprendra peu après dans la réalité les essais pédagogiques de Paul ROBIN). Le lieu est<br />

adapté : Palacio de la Infancia. Les adultes peuvent également s’assurer une formation<br />

continue, choisie, sur la base du dialogue constructif dans le Palacio Universidad de<br />

Ciencias. Les musées, bibliothèques, images et tableaux didactiques abondent. Le travail est<br />

presque totalement mécanisé, très court (un dixième du temps quotidien - le jour étant divisé en<br />

décimes), avec rotation des tâches et choix libre des activités. Les ateliers sont aérés,<br />

hygiéniques, bien équipés et décorés. Nous avons affaire ici à une très intéressante petite utopie<br />

(très courte) qui place l’individu, voire le couple librement créé, au centre d’un univers de petites<br />

habitations entourées de jardins, d’arbres... et où les tâches rebutantes sont toutes assurées<br />

par des machines modernes, la plupart non polluante : aérostats, vélocipèdes sur rail, engins à<br />

propulsion électrique.... Le souci écologique, l’hymne à la nature et au temps libre, la douceur de<br />

ce monde, nous font irrésistiblement penser au tableau de SEURAT Au temps d’harmonie de<br />

1895/96 qui se passe en bordure de mer également et dont le sous-titre fait lui-aussi référence à<br />

l’âge d’or « qui n’est pas dans le passé mais pour l’avenir ». On peut également faire le lien avec<br />

l’utopie des rives de la Tamise régénérée, que va proposer bientôt William MORRIS. Le courant<br />

utopiste libertaire et son optimisme dans un progrès technique libérateur préservant une nature<br />

idyllique est donc bien un trait essentiel dans le monde intellectuel de la fin du XIX°.<br />

En 1902, Vicente CARRERAS publie deux pages très denses décrivant Acraciápolis<br />

(littéralement ville sans autorité ni hiérarchie) dans la fameuse revue libertaire Revista Blanca,<br />

a.VI, n°103. À l’image de l’italien ROSSI, c’est au Brésil, loin de la funeste civilisation, que se<br />

déroule une utopie de l’abondance et de l’amour libre (grâce aux uniones espontáneas),<br />

reposant sur le volontarisme et le spontanéisme qui rappelle l’optimisme en l’homme de nombreux<br />

anarchistes de ce temps. La communauté (5 000 habitants - ce qui est proche des idées des<br />

utopistes du début du XIX° siècle), fondée il y a 200 ans par une centaine de personnes, au sein<br />

d’une nature luxuriante permettant l’abondance, révèle une vie d’harmonie « sans aucune des<br />

saletés et aucun des vices que nous avons dans notre société ». Il n’y a « pas de<br />

gouvernement, pas de loi écrite, pas d’argent, pas de curé, pas de juge, pas de soldat ni de<br />

policier, pas de prison, pas de potence, pas de voleur ni de prostituée... ». D’autre part les<br />

machines libèrent l’homme du travail, qui est de courte durée. La rotation des tâches s’opère<br />

dans un cadre sûr et attractif ce qui est très fouriériste (comme pour beaucoup d’écrivains<br />

espagnols). L’éducation, évidemment intégrale, est assurée pour tous, de tout âge et de tout<br />

sexe. La vie est conforme à la nature, sans alcool ni aliments frelatés, trait lui aussi fréquent<br />

dans l’anarchisme ibérique.<br />

12. Des utopies anarchistes individualistes au tournant du siècle...<br />

En Allemagne, le spécialiste de STIRNER, John Henry MACKAY, dont il assure un large<br />

renouveau à la fin du siècle, propose des écrits très proches de l’utopie :<br />

• en 1891 : Die Anarchisten<br />

• en 1920 Die Freiheitsucher<br />

En 1896, au Royaume Uni, NORTON Seymour F. publie Ten men of Money Island livre<br />

dont l’incontournable Max NETTLAU nous assure qu’il a été fortement débattu dans les milieux<br />

individualistes états-uniens et britanniques. Il prolonge la tradition utopique individualiste, et sa<br />

proposition d’utopia, défendue par HERBERT Auberon en 1890 dans la revue Free Life.<br />

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