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130102_ANT.pdf - Ecole alsacienne

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puisque le public visé est essentiellement celui de jeunes peu informés. L’ouvrage consacre<br />

d’ailleurs un important passage à la pédagogie libertaire.<br />

L’essentiel de ses écrits forment une illustration du communisme libertaire, largement<br />

inspiré par PROUDHON et surtout RECLUS et KROPOTKINE dont il est très proche. C’est RECLUS<br />

qui en 1883 l’avait appelé à Genève pour reprendre la publication du Révolté. C’est avec<br />

KROPOTKINE qu’il se fourvoie en 1916 en faveur de l’Entente.<br />

• « La société au lendemain de la révolution » 1882<br />

• « La société mourante et l’anarchie » 1893, est un ouvrage qui veut montrer que l’anarchie<br />

est une société harmonieuse en accord avec l’ordre naturel.<br />

• « La société future » 1895. Une révolution de grande ampleur permet l’établissement d’une<br />

société anarchiste, « basée sur la justice et l’égalité sociale », avec une entraide, un<br />

mutualisme qui parfois à des résonances plus proudhoniennes que kropotkiniennes. Le<br />

communisme est essentiellement libertaire, c’est à dire garantissant « la liberté la plus<br />

absolue de l’individu ». Les structures autoritaires ont toutes disparu.<br />

• « Les aventures de Nono » 1901, est une utopie enfantine « pleine de candeur », qui mélange<br />

habilement le conte de fées, la fable, le monde inversé du rêve et l’écrit utopique. C’est<br />

d’abord une description d’un lieu (une « colonie ») sans argent, ni maître, ni prisons... qu’est<br />

Autonomie. Les enfants y vivent sans hiérarchie, dans un monde d’abondance où ils<br />

puisent au tas selon leurs besoins. C’est également un ouvrage pédagogique fort imprégné<br />

des idées de Paul ROBIN, misant sur une formation mixte, intégrale (les enfants travaillent aux<br />

ateliers et jardins), ouverte sur l’extérieur et pratiquant une hygiène et un naturalisme<br />

permanents. Les éducateurs sont des amis, des conseillers, apportant leur savoir et leur<br />

pratique à la demande des intéressés. La nature est omniprésente comme source<br />

d’enseignement, d’informations, de pratiques ludiques ou de travail, les deux étant mêlées<br />

d’ailleurs. Les animaux (qui parlent) y sont respectés, secourus. La dernière partie de<br />

l’ouvrage est cependant la description du monde dystopique d’Argyrocratie (littéralement<br />

Pouvoir de l’argent), royauté autoritaire et capitaliste dont la devise est « L’argent est<br />

supérieur au droit » ! Les inégalités, les mauvais traitements, l’absence de liberté... y sont<br />

omniprésents. Les hommes s’identifient à des animaux dont ils portent le visage, les pauvres<br />

sont des moutons, des bœufs ou des ânes..., les soldats sont des tigres ou des chiens, les<br />

gens de justice des chacals ou des hiboux... et le vampire est l’animal emblématique du régime<br />

absolutiste. ORWELL reprendra l’idée dans sa contre-utopie qu’est la Ferme des animaux. La<br />

dualité Autonomie/Argyrocratie, ce dernier étant très proche du monde contemporain de<br />

l’auteur, est dans la lignée du genre utopique, puisque MORE lui-même lui a donné ses lettres<br />

de noblesse.<br />

• « Terre Libre » 1908 est le principal roman de GRAVE. Il aurait été écrit sur la demande de<br />

Francisco FERRER GUARDIA. Cette « utopie anarchiste » est une des rares du genre,<br />

d’après TROUSSON 69 qui ne fait pour une fois qu’ébaucher l’analyse, alors que ses articles<br />

sont souvent beaucoup plus fouillés, en la rattachant à MORELLY, DON DESCHAMPS,<br />

DIDEROT, BULWER-LYTTON, MORRIS et plus tard WELLS. Des bagnards libérés grâce à un<br />

naufrage établissent Terre Libre sur une île isolée. La société est réellement sans dieu ni<br />

maître, sans aucune structure autoritaire, pas même de type syndical ou coopératif. Mais ce<br />

n’est pas une utopie individualiste, puisque l’organisation permet en possédant tout en<br />

commun de se partager le travail et de décider des principales orientations en assemblées<br />

générales. Le volontariat semble cependant la règle, car la liberté est totale, même celle de ne<br />

pas travailler, de s’isoler. Jean GRAVE cherche à montrer que la seule proximité d’une société<br />

libre peut pousser des réfractaires dans le sens négatif du terme à modifier leurs<br />

comportements anti-sociaux. La seule pression est sans doute l’opprobre des autres<br />

compagnons, vraie coercition morale, mais non violente. Cette utopie vise à garantir sa survie<br />

en se protégeant, n’hésitant pas à combattre, et par l’éducation qui en donnant en l’enfant les<br />

moyens de son autonomie, doit lui permettre de devenir un bon « Terrelibérien », à part<br />

entière.<br />

11. Des utopies libertaires essentielles en Espagne en fin de siècle<br />

Au début des années 1880, Juan SERRANO Y OTEIZA (beau-père de Juan MONTSENY<br />

plus connu sous le nom de Federico URALES) publie deux textes utopiques : El municipio del<br />

69 TROUSSON Raymond L’utopie anarchiste de Jean GRAVE, p.226<br />

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