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130102_ANT.pdf - Ecole alsacienne

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L’ouvrage de 1933, en pleine crise économique mondiale, avec la faillite de la SDN et la montée et<br />

l’expansion des totalitarismes (STALINE qui a exterminé presque tous ses rivaux potentiels,<br />

HITLER qui prend le pouvoir « légalement »...) entraînent l’auteur dans la prédiction d’une guerre<br />

mondiale de 1940 à 1970, suivie d’une longue période (1970-2036) de reconstruction en plein<br />

chaos féodal. En 2035/36 une révolution ramène l’unité et la paix, mais établit une dictature<br />

technocratique. Tout notre XX° siècle en un seul écrit ?<br />

En fait, dès 1895/96 avec The time machine/La machine à remonter le temps<br />

transparaissait chez l’auteur une certaine peur d’une élite sans scrupule et s’amorçait une vision<br />

terrifiante d’une sorte de dictature du prolétariat des machinistes, les Morcocks. À la fin de<br />

l’ouvrage, la planète disparaît dans un grave désastre écologique, certes lointain (plusieurs<br />

millions d’années). La science et ses ouvriers ne sont pas forcément l’avenir radieux attendu. Le<br />

mythe du progrès semble définitivement cassé.<br />

L’île du docteur MOREAU en 1896 et L’homme invisible l’année suivante nous montrent<br />

des savants un peu pervers ou apprentis-sorciers, assoiffés de pouvoir et exempts d’humanité.<br />

Toute l’œuvre du socialiste WELLS est en fait pessimiste : soit la civilisation se détruit<br />

d’elle-même, soit elle est une caricature de civilisation mécanique, soit une cause exogène<br />

contribue à la détruire : en 1898 La guerre des mondes exploite habilement et avec réalisme<br />

l’invasion martienne de notre planète, et nous décrit des martiens efficaces, mais totalement<br />

dépourvu de sensibilité et d’humanité. Les Sélénites de Les premiers hommes dans la lune de<br />

1901 forment une civilisation avancée et rationnelle, mais là aussi la raison l’emporte sur le<br />

sentiment. La froideur scientifique rationnelle est somme toute dangereuse et diablement<br />

inquiétante. Cette œuvre est donc également une dystopie.<br />

En 1899 avec When the sleeper wakes/Quand le dormeur s’éveillera, il décrit une<br />

caricature de XXII° siècle, de plus en plus mécanisé, de plus en plus uniforme (même habitat,<br />

même organisation sociale, même langue...) ou l’autonomie individuelle et la démocratie ont<br />

disparu. C’est l’ère des foules manipulées, et du règne des autocraties oligarchiques. Le<br />

gigantisme urbain (Londres dépasserait les 30 millions d’habitants) contribue à l’écrasement des<br />

individus. Heureusement, une révolution populaire destructrice s’en prend surtout aux<br />

aéroplanes, sensés symboliser une mondialisation tyrannique, et laisse en fin de l’ouvrage une<br />

petite lueur d’espérance.<br />

(3) Originalité de STAPLEDON<br />

L’ouvrage de 1930 d’Olaf STAPLEDON Le dernier et le premier homme serait à<br />

rapprocher des deux écrivains précédents : pour GARCIA toujours, cette œuvre donne à voir un<br />

monde où science, travail de tous (de 4 à 6 heures par jour), mondialisation du système...<br />

réaliseraient enfin un monde de loisirs et d’abondance. Mais cet État mondial prévu pour 2500 est<br />

bien proche du régime stalinien contemporain de l’auteur, qui se met en place en 1930 en URSS.<br />

Dans l’ouvrage, une technocratie avant la lettre assure un rôle dominant. Racisme, sexualité<br />

contrôlée (ce fameux eugénisme qui est une des constantes de l’utopie !) et guerres y persistent<br />

malheureusement.<br />

5. Antériorité ou similarité : la pensée anti-bureaucratique<br />

anarchiste<br />

Lorsqu’on analyse ces ouvrages anticipant les horreurs totalitaires du Xxème, on ne peut<br />

pas oublier de faire le parallèle avec les écrits anticipateurs des principaux penseurs<br />

anarchistes (PROUDHON, RECLUS, BAKOUNINE...), qui dénoncent avec lucidité le mythe de la<br />

dictature du prolétariat et de l’État communiste en mettant en garde contre ces futures dictatures<br />

« tout court ». BAKOUNINE est sur ce plan un des plus précieux auteurs, d’abord en se révoltant<br />

contre tout gouvernement des savants (ce qui est souvent une des propositions du genre<br />

utopiste), et surtout en dénonçant à priori le monstre froid que serait un État dirigé par les<br />

socialistes étatistes.<br />

Max NETTLAU analyse et approfondit cette notion de contre-utopies à partir de 3 textes<br />

pour lui fondateurs : un article de Freiheit de New York du 24/09/1894 « Les socialistes<br />

allemand au pouvoir », un article du Torch de London d’août 1895, « Les socialistes anglais au<br />

pouvoir » et surtout du texte de KROPOTKINE « Le vingtième siècle » tiré de La révolte de<br />

novembre et décembre 1889 et expressément dirigé contre l’utopie autoritaire de BELLAMY.<br />

6. Autre similarité : les récits critiques de voyages dans les « pays<br />

de l’avenir radieux »

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