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130102_ANT.pdf - Ecole alsacienne

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De l’Amazonie primitive ou de la lointaine Thulé jusqu’aux libertaires du monde virtuel des<br />

réseaux, des humbles artistes de l’Art Brut aux architectes visionnaires, des militants de la citéjardins<br />

aux pirates de haute mer, d’autres écrits, d’autres mouvements, d’autres pensées...<br />

redonnent du nerf, en permettant d’élargir les sources et les expérimentations dans le temps et<br />

dans l’espace, aux utopies libertaires. Elles forment un tissu de références que l’on découvre au<br />

hasard des pages des histoires des utopies et des histoires des anarchismes (sans compter les<br />

livres de mémoires des libertaires eux-mêmes)<br />

Sont ici regroupées 5 études diverses, autour de traces utopiques libertaires :<br />

1. Dans les sociétés « primitives »<br />

2. Dans les mouvements « millénaristes »<br />

3. Dans les communautés pirates ou flibustières<br />

4. Dans des essais architecturaux ou d’urbanisme<br />

5. Dans l’art « brut »<br />

6. Dans le réseau des réseaux (l’Internet)<br />

A. LES SOCIETES « PRIMITIVES » PEUVENT-ELLES APPARAITRE LIBERTAIRES ?<br />

D’une manière générale, bien des auteurs socialistes idéalisent les sociétés primitives,<br />

notamment ENGELS pour le marxisme avec son étude sur l’origine de la famille, ou Élie RECLUS<br />

pour l’anarchisme. Même Élisée RECLUS lors de son voyage dans le Nord de l’Amérique du Sud<br />

parlait de « république idyllique » en décrivant les peuplades de la Sierra Nevada de Santa<br />

Marta. Le mythe et l’espoir l’emportent trop largement sur l’analyse rigoureuse.<br />

Les traces libertaires sont mises en évidence dès la fin du XIX° siècle par l’anarchiste<br />

Pierre KROPOTKINE dans le très important ouvrage anti-néodarwiniste de 1902 « L’entraide, un<br />

facteur de l’évolution » (le 3 ème chapitre est consacré à « l’entr’aide parmi les sauvages », c’est<br />

à dire les peuples primitifs, et le 4 ème à « l’entr’aide chez les barbares », indigènes actuels et<br />

peuples anciens). Élie RECLUS à la même époque parle parfois des mêmes choses dans son<br />

livre Les primitifs de 1903. Son frère Élisée dans L’homme et la terre, entre autres ouvrages,<br />

portait également un grand intérêt à ce type de société. Il voyait par exemple dans les Aeta des<br />

Philippines, un groupe vivant très proche de « l’idéal d’entraide et d’amour mutuel » (Tome VI<br />

p.514). Toute sa Géographie universelle est imprégnée des modes de vie communautaires des<br />

sociétéa autochtones qu’il décrit.<br />

Pour KROPOTKINE, l’importance d’un « mariage communal » 1 , et donc de formes de vies<br />

communes différentes de son (notre) époque marquent des sociétés où l’individualisme est peu<br />

développé. L’entr’aide y existe très souvent, et parfois s’exprime plus fortement que la « lutte<br />

pour la vie » que HUXLEY met en avant de ses études.<br />

En Nouvelle Calédonie, l’œuvre pro-canaque des anarchistes Charles MALATO et Louise<br />

MICHEL est très connue. Louise va même pousser son engagement auprès de ce peuple<br />

autochtone et encore non totalement brisé jusqu’à soutenir leur insurrection de 1878. Nos deux<br />

anarchistes se rendent dans la brousse, contactent les tribus, participent à leur formation<br />

(Louise, éternelle institutrice, donne même des cours aux jeunes canaques). Ils font œuvre<br />

anthropologique et ethnologique en étudiant un peu la langue et les mœurs. Louise publie<br />

Légendes et chants de geste canaques à Paris chez Kéva en 1885. Il s’agit d’un solide ouvrage<br />

de près de 200 pages. Plus tardivement, Charles MALATO (sous le pseudonyme de TALAMO)<br />

rédige un ouvrage de 64 pages, Contes néo-calédoniens publiés à Paris en 1897. Encore<br />

aujourd’hui le souvenir de Louise MICHEL est honoré à Nouméa dont le musée comporte de<br />

nombreux panneaux sur son passage dans la presqu’île Ducos. Charles MALATO reparle de<br />

cette expérience en 1905, l’année de la mort de son amie, dans La vie de Louise MICHEL publié<br />

à Épinal.<br />

L’Espagnol Ricardo MELLA, s’inspire lui de SPENCER pour rappeler que de multiples<br />

sociétés primitives sont anti-étatiques et anti-autoritaires, auteur qu’il cite abondamment dans ses<br />

divers ouvrages, notamment dans La ley del número de 1895-99 : « Dans les petites sociétés<br />

peu développées, dit SPENCER, où a régné pendant des siècles une paix complète, rien de ce<br />

qui s’appelle gouvernement n’a paru exister ; il n’y avait en elles aucune organisation<br />

coercitive, sauf , tout au plus, quelques dignités et pouvoirs honorifiques... ».<br />

1 KROPOTKINE Pierre L’entr’aide, un facteur d’évolution, Paris, Les Éditions de l’entr’aide, 1979,<br />

p.93<br />

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