CONTES INITIATIQUES PEULS - 1 - Aide et Action
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Lorsque les jeunes gens se présentèrent à son campement, la riche commerçante choisit les<br />
six plus belles filles de sa cour <strong>et</strong> les j<strong>et</strong>a dans les bras des six plus jeunes frères, elle-même<br />
se réservant Hammadi, l'aîné. Chacune d'elles promit à son cavalier qu'elle l'épouserait. Et<br />
ce qui arriva c<strong>et</strong>te nuit-là , qui pourrait mieux le dire que ce p<strong>et</strong>it poème peul ?<br />
Aga (68) t'a dit : « Homme, prends garde Crains l'éventail tressé par la femme (1), il est plus<br />
dangereux que la lance guerrière. Dans la femme tu peux te noyer, te perdre <strong>et</strong> sombrer<br />
sous les yeux de tous. Qui touche à l'immondice (2), Ses mains souillera. La beauté de la<br />
femme aveugle le mâle. Il en divague au point de disloquer son honneur; il tâtonne, il bégaie,<br />
il béguète en vain. S'il réussit, c'est la honte, S'il échoue, c'est le mépris (69). »<br />
Hélas, les oncles de Bâgoumâwel ne prirent pas garde à l'éventail tressé par la belle <strong>et</strong> riche<br />
commerçante. Ils acceptèrent aveuglément les propositions de leurs compagnes <strong>et</strong><br />
promirent de les suivre afin de le-, demander traditionnellement en mariage à leurs parents<br />
(3). Mais ils avaient touché à l'immondice, <strong>et</strong> les rapports qu'ils avaient eus avant le mariage<br />
leur avaient fait perdre la raison.<br />
Averti, Bâgoumâwel réunit le conseil des vieux de Heli <strong>et</strong> de Yoyo. « Mes oncles se sont<br />
laissé tenter, leur dit-il. Croyant avoir trouvé des compagnes idéales, ils veulent les suivre<br />
pour aller faire la connaissance de leur futurs beaux-parents. Mais c<strong>et</strong>te femme qui est<br />
venue inonder notre foire de ses marchandises aussi nombreuses que des grains de sable<br />
me donne des inquiétudes. Je doute fort qu'elle soit ce qu'elle paraît être.<br />
« Certes, la coutume des Peuls rouges (1) veut que les sept premières nuits de noce se<br />
passent dans la maison des beaux-parents <strong>et</strong> je comprends que mes oncles veuillent<br />
respecter la tradition, mais je doute fort que tout cela se termine bien. Je crains que Njeddo<br />
Dewal ne soit derrière c<strong>et</strong>te affaire. Comment comprendre, en eff<strong>et</strong>, qu'une femme si belle <strong>et</strong><br />
si riche soit obligée de parcourir le pays pour se trouver un époux <strong>et</strong> en procurer à ses belles<br />
compagnes ? « Il est de coutume qu'une marchande cherche à tirer bénéfice de son<br />
commerce, or celle-ci vend ses marchandises précieuses au plus bas prix. A mon sens, elle<br />
cherche tout autre chose qu'un bénéfice commercial, c'est aussi clair que le soleil à son<br />
zénith !<br />
_______________________<br />
1. L'« éventail de la femme ., ce sont ses manèges <strong>et</strong> ses artifices.<br />
2. L'immondice désigne ici l'adultère., c'est-à-dire les rapports sexuels hors mariage si réprouvés dans<br />
la tradition du Bafour (savane occidentale. Dans c<strong>et</strong>te tradition, ce West pas l'acte sexuel en soi qui<br />
est mauvais - au contraire il est sacré car " le sexe de la femme est l'atelier de Guéno " (ou de<br />
Mâ-n'gala) -, c'est son accomplissement hors des rites <strong>et</strong> des normes.<br />
3. Le fait que les jeunes femmes., contrairement à la coutume, se soient proposées elles-mêmes en<br />
mariage <strong>et</strong> que les sept frères aient accepté ne suffit pas pour " nouer » le mariage selon la coutume.<br />
Les jeunes gens sont obligés de se rendre dans les familles des jeunes femmes afin de régulariser la<br />
situation.<br />
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