CONTES INITIATIQUES PEULS - 1 - Aide et Action
CONTES INITIATIQUES PEULS - 1 - Aide et Action
CONTES INITIATIQUES PEULS - 1 - Aide et Action
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
L'attente se prolongea toute une semaine. La nuit ne valait pas mieux que le jour ni le jour<br />
que la nuit.<br />
Le septième jour de c<strong>et</strong>te triste semaine, au moment où le soleil déclinait au couchant, on vit<br />
apparaÎtre au loin un homme monté sur un boeuf porteur, escorté par sept cavaliers<br />
chevauchant des étalons pur sang richement harnachés.<br />
Arrivé à proximité de la ville, l'homme arrêta son escorte <strong>et</strong> installa son campement hors des<br />
murs d'enceinte. Puis il envoya un émissaire au roi pour lui faire savoir qu'il était le messager<br />
de Njeddo Dewal, laquelle détenait le prince Sakkaï, héritier du turban de Heli <strong>et</strong> Yoyo.<br />
Pour libérer son prisonnier, Njeddo Dewal exigeait à titre de rançon vingt jouvenceaux âgés<br />
de quatorze à vingt <strong>et</strong> un ans, plus Bâgoumâwel. Si le roi hésitait ou tergiversait, non<br />
seulement elle tuerait le prince, mais elle ferait s'abattre sur le pays des épidémies mortelles<br />
<strong>et</strong> des maladies incurables auxquelles nul ne pourrait échapper.<br />
Elle donnait au roi trois fois sept jours pour s'exécuter, après quoi le pays connaîtrait toutes<br />
sortes de maladies: maux de poitrine aigus, gonflement des membres, plaies dans le ventre,<br />
épouvantables coliques, chaudes-pisses <strong>et</strong> chancres sexuels, sans parler des maux de tête,<br />
des vers solitaires <strong>et</strong> des vers de Guinée !<br />
« Que le roi choisisse, avait stipulé Njeddo : ou bien il livre la rançon demandée <strong>et</strong> son fils lui<br />
sera rendu, ou bien il condamne le peuple à subir ces calamités <strong>et</strong> son fils mourra. »<br />
Le roi réunit son conseil <strong>et</strong> lui exposa la situation. La mort dans l'âme, les conseillers se<br />
résignèrent à accepter les conditions de la calamiteuse ; le roi, lui, s'y refusa. Le conseil<br />
informa alors la population en faisant proclamer des avis par crieurs publics.<br />
Les notables <strong>et</strong> les chefs de famille se réunirent. Le lendemain, sous la conduite de leurs<br />
chefs de quartier, ils se rendirent au palais <strong>et</strong> firent savoir au roi que la population unanime<br />
acceptait de se plier aux exigences de Njeddo Dewal. Bâgoumâwel avait été le premier à<br />
accepter de se sacrifier. Restant sur sa position, le roi rej<strong>et</strong>a la proposition populaire.<br />
« La seule vie de mon fils, bien qu'il soit l'héritier du trône, ne vaut pas celle de vingt <strong>et</strong> un<br />
jeunes gens, déclara-t-il. En outre, étant donné les pouvoirs <strong>et</strong> les connaissances dont<br />
Guéno a doté Bâgoumâwel, la vie de ce dernier peut être plus utile au pays qu'une armée de<br />
guerriers, de guérisseurs ou de voyants. Je ne puis donc sacrifier l'intérêt général à mes<br />
seuls sentiments paternels. Il est des moments où un chef doit savoir faire taire son coeur<br />
pour n'écouter que ce que la raison lui susurre à l'oreille.<br />
« Certes, sauver un prince au prix de nombreuses vies humaines est une coutume héritée<br />
de nos ancêtres <strong>et</strong> pratiquée jusqu'à nos jours ; mais sauver une valeur réelle <strong>et</strong> profitable à<br />
tous est un devoir auquel un roi ne doit pas faillir. Aussi pour rien au monde je ne livrerai<br />
129