CONTES INITIATIQUES PEULS - 1 - Aide et Action
CONTES INITIATIQUES PEULS - 1 - Aide et Action
CONTES INITIATIQUES PEULS - 1 - Aide et Action
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Pendant ce temps, Bâ-Wàm'ndé continuait d'avancer dans les airs sur son boa qui<br />
transperçait les nuages comme une flèche lancée à travers l'espace. Au fur <strong>et</strong> à mesure que<br />
le boa se pliait <strong>et</strong> se dépliait, les distances disparaissaient, comme avalées une à une. Tout<br />
à coup, le boa sentit qu'il était poursuivi. il péta <strong>et</strong> ses p<strong>et</strong>s se transformèrent en un ouragan<br />
capable d'emporter à la dérive tout ce qui se trouvait derrière lui.<br />
Njeddo Dewal vit l'ouragan déchaîné se diriger vers elle. Elle en déduisit que Bâ-Wâm'ndé<br />
se trouvait de l'autre côté. Elle orienta son oiseau en conséquence <strong>et</strong> lui ordonna de se tenir<br />
prêt, lorsque les vents approcheraient, à s'envoler plus haut qu'eux. A peine avait-elle fini de<br />
parler que l'ouragan s'enfla démesurément, formant comme une muraille unissant le ciel à la<br />
terre.<br />
Le boa volant <strong>et</strong> le coursier ailé de Njeddo se livrèrent alors dans l'espace à un duel<br />
fantastique. Ils s'élevaient si haut qu'ils en frôlaient le plafond du ciel où les étoiles<br />
semblaient paître comme du bétail paisible, ou descendaient si bas qu'ils rasaient le somm<strong>et</strong><br />
des collines. Ils semblaient jouer à cache-cache à travers l'espace, contournant les grandes<br />
étoiles pour se cacher derrière elles, enjambant les p<strong>et</strong>ites, bousculant les moyennes, sans<br />
parvenir jamais à se trouver nez à nez nulle part !<br />
Njeddo Dewal fit sortir un coq de sa poitrine. Le coq saillit l'oiseau qui pondit un nouvel oeuf<br />
entre terre <strong>et</strong> ciel. Njeddo attrapa l'oeuf au vol <strong>et</strong> le plaça dans sa bouche pour le chauffer.<br />
Quand il fut brûlant, elle le j<strong>et</strong>a sur l'ouragan. L'oeuf s'y écrasa <strong>et</strong> l'inonda de son liquide<br />
gluant. Aussitôt, la tempête s'apaisa comme par enchantement.<br />
Toute réjouie, Njeddo Dewal fit redescendre son oiseau. Elle piqua du ciel vers la terre. Dans<br />
sa descente vertigineuse, elle se heurta à des étoiles qui s'entrechoquèrent comme des<br />
poissons-chats troublés dans l'eau d'un fleuve. Des queues d'étoiles filantes laissaient de<br />
grandes traînées de lumière. Dans la crainte de recevoir les projectiles qui semblaient<br />
pleuvoir du ciel, toutes les créatures de la terre baissaient la tête.<br />
Chaque fois que Njeddo Dewal se rapprochait du sol, elle levait les yeux pour embrasser du<br />
regard l'étendue du ciel, espérant y apercevoir Bâ-Wâm'ndé ne serait-ce qu'au loin, ou sentir<br />
sa présence plus près d'elle. Ayant accompli plusieurs fois ce manège sans rien découvrir, la<br />
mégère, folle de colère, descendit de son oiseau. Elle frappa la terre de son talon tout en<br />
mordillant son index jusqu'à la deuxième phalange. Et chaque fois qu'elle mordait son doigt,<br />
un crachat épais, puant comme un excrément de poule, se répandait dans l'air.<br />
Un vieux vautour des hautes montagnes, alléché par l'odeur puante, accourut afin de se<br />
régaler. Njeddo lui dit<br />
" Tu ne te repaîtras de ce dont tu as senti l'odeur qu'à condition d'accepter de me servir en<br />
exécutant aveuglément mes ordres ! »<br />
55