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CONTES INITIATIQUES PEULS - 1 - Aide et Action

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Au coucher du soleil, par délicatesse (1) <strong>et</strong> peut-être aussi par coqu<strong>et</strong>terie, pour se faire un<br />

peu prier, les prétendants demandèrent à leurs bien-aimées la permission de se r<strong>et</strong>irer<br />

jusqu'au lendemain matin. « Ce n'est pas la coutume chez nous, répondirent les jeunes filles.<br />

Les prétendants doivent rester avec nous sept jours durant afin que nous fassions mûrement<br />

connaissance. Celui qui n'accepte pas c<strong>et</strong>te condition est purement <strong>et</strong> simplement refusé. »<br />

On devine avec quel empressement les sept frères acceptèrent ce tête-à-tête nocturne, qu'ils<br />

espéraient secrètement sans trop oser y croire.<br />

Les jeunes filles appelèrent le gardien. Elles lui ordonnèrent d'aller aviser leur mère quelles<br />

avaient décidé de garder leurs prétendants durant toute la semaine afin d'être avec eux, le<br />

jour <strong>et</strong> la nuit, comme un beign<strong>et</strong> de farine de mil dans du lait miellé.<br />

Avant de rejoindre Njeddo Dewal, le gardien prit avec lui Bâgoumâwel :<br />

« Etant donné ton âge, lui dit-il, c'est ta grand-mère la reine qui te recevra chez elle. La<br />

tradition faisant du p<strong>et</strong>it-fils le " p<strong>et</strong>it mari " platonique de sa grand-mère, pendant que tes<br />

oncles badineront avec leurs futures femmes, toi aussi tu plaisanteras agréablement avec "<br />

ta femme " (59). Ainsi tout le monde sera si content que les oisillons eux-mêmes en<br />

piailleront de plaisir dans leur nid !»<br />

Joignant le geste à la parole, il prit dans sa main droite la main gauche de Bâgoumâwel <strong>et</strong> le<br />

conduisit dans la chambre de Njeddo. Dès que celle-ci croisa le regard de l'enfant <strong>et</strong> que<br />

leurs yeux devinrent quatre, elle éprouva un choc inexplicable. Son double avait-il perçu tous<br />

les dangers que ce gamin peu ordinaire allait lui faire courir ? Peut-être. Quoi qu'il en soit,<br />

elle ne laissa rien paraître de son trouble <strong>et</strong> garda le visage serein d'une bonne vieille femme<br />

auguste <strong>et</strong> bienveillante. Elle prit Bâgoumâwel par les deux mains <strong>et</strong> lui dit : « Tu passeras<br />

tes journées <strong>et</strong> tes nuits avec moi pendant que tes oncles <strong>et</strong> tes futures tantes s'habitueront<br />

les uns aux autres. De leur accord dépendent en eff<strong>et</strong> les liens qui nous uniront peut-être<br />

plus tard <strong>et</strong> qui feront de moi ta vraie grand-mère par alliance. »<br />

Durant c<strong>et</strong>te conversation, Bâgoumâwel, d'un coup d'oeil rapide <strong>et</strong> presque indiscernable,<br />

avait scruté la demeure de Njeddo. Il avait vite découvert le moyen subtil grâce auquel elle<br />

parvenait à s'abreuver du sang des jouvenceaux que le mauvais sort j<strong>et</strong>ait dans le lit de ses<br />

filles.<br />

____________________________<br />

1. Comme la pudeur., la délicatesse fait partie du code peul de savoirvivre dans les relations<br />

humaines.<br />

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