CONTES INITIATIQUES PEULS - 1 - Aide et Action
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Il resta donc avec la vieille pendant que ses oncles badinaient avec leurs compagnes. Après<br />
le dîner, quand se fut éteint le dernier écho des danses <strong>et</strong> des chants qui précédaient le<br />
coucher du p<strong>et</strong>it peuple, un grand calme se répandit sur la ville. Njeddo Dewal s'installa pour<br />
dormir <strong>et</strong> invita l'enfant à en faire autant, une couch<strong>et</strong>te ayant été spécialement aménagée<br />
pour lui à côté de son lit.<br />
De leur côté, les oncles de Bâgoumâwel s'étaient laissé griser par la beauté des sept soeurs,<br />
par l'odeur suave qui émanait de leur corps, de leurs vêtements, de toute leur personne.<br />
Leur voix était si douce qu'elle semblait chanter une berceuse ; leurs mains lisses comme de<br />
la soie étaient aussi expertes en câlineries que les mains des femmes habituées à se vendre<br />
au plus offrant.<br />
Quand la nuit fut avancée <strong>et</strong> qu'ivres de désir ils se trouvaient collés corps à corps avec les<br />
jeunes diablesses, ils tentèrent, cela va de soi, de s'unir à elles. Les jeunes filles leur firent<br />
alors connaître le prix qu'elles demandaient pour se donner à eux. Les soûlant de paroles<br />
caressantes <strong>et</strong> de promesses enivrantes, elles leur expliquèrent qu'ils devaient donner un<br />
peu de leur sang pour leur mère, qui ne pouvait dormir sans ce breuvage. Complètement<br />
subjugués, toute raison endormie, les sept oncles de Bâgoumâwel acceptèrent de bon coeur<br />
de donner un peu de leur sang avant de pouvoir assouvir leurs désirs. Chaque fille appliqua<br />
alors sur le corps de son compagnon la corne de biche naine qui servait à drainer le sang, à<br />
travers le long boyau, jusqu'à la bouche de Njeddo Dewal. Celle-ci n'attendait qu'un signal<br />
pour se m<strong>et</strong>tre à tirer sur l'autre extrémité comme un fumeur tire sur une pipe bien bourrée.<br />
Croyant Bâgoumàwel endormi, Njeddo se leva pour se livrer à son oeuvre macabre. Elle<br />
toussota un peu, pour s'assurer qu'il dormait profondément. L'enfant ne réagissant pas, elle<br />
s'empara des tubes <strong>et</strong> les porta à sa bouche. A peine y posait-elle les lèvres que<br />
Bâgournàwel s'écria:<br />
« Que fais-tu là, ô grand-mère bien aimée ? Pourquoi te trémousses-tu ? Pourquoi ne<br />
dors-tu pas ? Des moustiques t'auraient-ils piquée ou bien des puces te suceraient-elles le<br />
sang ? »<br />
Njeddo Dewal écarta vivement les tubes de sa bouche.<br />
« Ô gamin aux yeux durs comme de la pierre (1) ! gronda-t-elle, qu'est-ce qui t'empêche de<br />
dormir.?<br />
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1. « Durs comme la pierre>: difficiles à endormir. On dit: « Aujourd'hui, j'ai les yeux comme de la<br />
pierre ou : « C<strong>et</strong>te nuit., mes yeux ont durci ».<br />
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