CONTES INITIATIQUES PEULS - 1 - Aide et Action
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Joignant l'acte à la parole, Bâgoumâwel se métamorphosa en un gros nuage qui s'éleva très<br />
haut dans le ciel. De là, il cria à ses oncles : « Je vois au loin une grande mare que nous<br />
aurons à traverser avant d'atteindre Wéli-wéli. Je vais vous précéder. Vous me trouverez sur<br />
la rive. » Cela dit, il piqua droit sur la mare qu'il atteignit en un rien de temps. Une fois à<br />
terre, ayant repris la forme d'un garçonn<strong>et</strong> de douze ans, il inspecta minutieusement tous les<br />
coins <strong>et</strong> recoins de la mare <strong>et</strong> des alentours, puis s'assit <strong>et</strong> attendit patiemment ses oncles.<br />
Ceux-ci arrivèrent après une assez longue marche. Assoiffés, écrasés de chaleur, leur<br />
premier geste fut de se déshabiller pour plonger dans la mare <strong>et</strong> s'y désaltérer. Bàgoumàwel<br />
les arrêta :<br />
« Ô mes oncles ! dit-il, gardez-vous de vous laver dans c<strong>et</strong>te mare <strong>et</strong> de boire de son eau.<br />
Elle est polluée par le déversement des urines de Njeddo Dewal. Tout homme qui s'y lavera<br />
le corps ou en boira ne fût-ce qu'une gorgée deviendra ivre, abruti <strong>et</strong> si borné qu'il dépassera<br />
en idiotie le plus crétin des crétins. Il fera sans tergiverser tout ce que demanderont les filles<br />
de Njeddo Dewal. »<br />
Effrayés, les oncles de Bâgoumàwel suivirent son conseil. Ils gardèrent leurs vêtements <strong>et</strong><br />
traversèrent prudemment la mare, qui était guéable. Ils arrivèrent devant Wéli-wéli quelques<br />
instants avant le coucher du soleil. C'était l'heure où les vaches rentrant du pâturage<br />
mugissaient comme pour appeler leurs p<strong>et</strong>its; où les oiseaux de toute taille, fatigués du long<br />
vol de la journée, s'assemblaient dans les branches des arbres, piaillant à qui mieux mieux<br />
comme pour se raconter les événements de la journée. Les veaux beuglaient de toute leur<br />
frêle voix, semblant répondre aux appels de leurs mères. Les ânes poussaient des braiments<br />
nostalgiques, comme pour pleurer la disparition du soleil dans les ténèbres de la nuit. Des<br />
coqs à la tête ornée de crêtes crénelées comme le fronton d'un palais royal ou épaisses <strong>et</strong><br />
tissées comme la coiffure d'une reine lançaient des cocoricos triomphants auxquels<br />
répondaient les cris des bébés qui protestaient contre la toil<strong>et</strong>te du soir ou réclamaient leur<br />
tétée.<br />
Dans l'antre de la sorcière<br />
A l'entrée de la ville, les sept frères trouvèrent un gardien, portier de la cité. Il avait pour<br />
fonction d'accueillir <strong>et</strong> d'héberger les jeunes gens qui venaient solliciter la main des filles de<br />
Njeddo. Nul autre que lui n'avait le droit ni l'audace d'adresser la parole aux étrangers qui<br />
arrivaient à Wéli-wéli. Il reçut aimablement Bâgoumâwel <strong>et</strong> ses oncles <strong>et</strong> les mena en un lieu<br />
où avaient été aménagés des logements somptueux. Les murs en étaient élevés,<br />
parfaitement droits, <strong>et</strong> leur crépi si lisse <strong>et</strong> si uni qu'on aurait pu y aiguiser la lame d'un<br />
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