CONTES INITIATIQUES PEULS - 1 - Aide et Action
CONTES INITIATIQUES PEULS - 1 - Aide et Action
CONTES INITIATIQUES PEULS - 1 - Aide et Action
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Leurs seins étaient si parfaitement ronds qu'on les aurait dits sortis d'un moule spécial. Leurs<br />
attaches étaient fines, leurs bras <strong>et</strong> leurs jambes d'un galbe admirable. Enfin trois choses, en<br />
elles, étaient d'une blancheur éclatante : les dents, la peau (1) <strong>et</strong> le blanc de l'oeil.<br />
Njeddo Dewal avait installé ses filles dans des demeures qui étaient de véritables paradis<br />
terrestres. Reprenant son ancienne coutume, elle envoya à travers le pays des agents<br />
chargés d'inciter les jeunes gens à se rendre à Wéli-wéli où, proclamaient-ils, vivaient sept<br />
filles nubiles à marier plus belles les unes que les autres.<br />
La propagande de Njeddo Dewal fut si bien orchestrée que jamais Wéli-wéli ne manqua de<br />
sept étrangers prétendant en même temps à la main des jouvencelles. Ils continuaient de<br />
subir le même sort que leurs devanciers sans que nul s'en doutàt : aux nouveaux arrivants,<br />
on disait que les anciens, refusés, avaient quitté la ville par une autre porte...<br />
Plus que jamais, Njeddo Dewal avait besoin de sang masculin juvénile pour recouvrer la<br />
force magique qu'elle avait perdue en même temps que sa gourde métallique.<br />
Le temps passa...<br />
Comme l'avait prédit Kobbou, Welôré, la femme de Bâ-Wâm'ndé, mit successivement au<br />
monde sept garçons que leur père appela Hammadi, Samba, Demba, Yero, Pâté, Njobbo <strong>et</strong><br />
Delo (57), puis une fille qui fut nommée Wâm'ndé, la « Chanceuse ».<br />
Une fois devenus de beaux jeunes gens, les sept garçons entendirent parler de sept jeunes<br />
filles à marier suprêmement belles, princesses d'un pays merveilleux sur lequel régnait une<br />
grande reine. Ils demandèrent à leur père l'autorisation de partir vers la lointaine cité pour<br />
courir leur chance.<br />
Bà-Wàm'ndé, ne se doutant nullement que la reine en question était Njeddo Dewal <strong>et</strong> que la<br />
cité merveilleuse n'était autre que la bizarre <strong>et</strong> répugnante Wéli-wéli qu'il avait connue,<br />
accorda à ses fils l'autorisation d'entreprendre le voyage <strong>et</strong> leur donna sa bénédiction.<br />
Tout joyeux, les sept frères se rendirent auprès de leur jeune soeur Wâm'ndé pour lui faire<br />
part de leur intention <strong>et</strong> prendre congé d'elle. A ce moment, elle était justement enceinte de<br />
l'enfant prédestiné qu'attendait Bâ-Wâm'ndé son père. La jeune femme, comme mue par un<br />
pressentiment, éprouva quelque crainte à l'idée de ce voyage <strong>et</strong> manifesta à ses frères son<br />
inquiétude.<br />
« Je suis la moins âgée de vous tous, dit-elle, mais une cad<strong>et</strong>te a toujours le droit sinon de<br />
donner des conseils, du moins d'exprimer sa pensée. Certes, vous avez obtenu l'autorisation<br />
de notre père, mais j'éprouve néanmoins une crainte, peut-être mal fondée, à vous voir ainsi<br />
___________________<br />
1 - La « blancheur " de la peau est l'un des canons de la beauté peule. Il s'agit, en fait, d'un teint<br />
extrêmement clair.<br />
77