CONTES INITIATIQUES PEULS - 1 - Aide et Action
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Bâgoumàwel à c<strong>et</strong>te sorcière, pas plus que les vingt garçons qui me sont si généreusement<br />
offerts par leurs parents pour sauver mon fils !<br />
« Que Njeddo me demande toute la fortune du royaume, je suis prêt à la lui offrir pour sauver<br />
mon enfant. Mais si elle n'en veut pas, qu'elle fasse du prince ce qui lui plaira, <strong>et</strong> cela sans<br />
qu'il soit question de délai de sept jours, de quatorze, de vingt <strong>et</strong> un ou même de vingt-huit<br />
jours (82) ! ». Ayant ainsi affirmé sa volonté, le roi manda auprès de lui l'émissaire de Njeddo<br />
Dewal <strong>et</strong> lui communiqua sa réponse.<br />
Le chef de la délégation avait été averti par sa maîtresse, avant son départ, que très<br />
certainement le roi de Heli <strong>et</strong> Yoyo ne céderait pas <strong>et</strong> que pour rien au monde il ne<br />
consentirait à livrer Bâgoumâwel. Aussi lui avaitelle donné des sach<strong>et</strong>s de poudre<br />
vénéneuse qu'il devait, en cas de refus de la part du roi, répandre discrètement dans les<br />
puits de la ville. La tâche était facile car les puits étaient situés à l'extérieur de l'enceinte,<br />
donc sans protection ni surveillance. Le roi l'avait voulu ainsi afin que les caravanes arrivant<br />
de nuit puissent s'approvisionner en eau même après la ferm<strong>et</strong>ure des portes de la cité.<br />
Les émissaires de Njeddo empoisonnèrent systématiqument tous les points d'eau, puis s'en<br />
r<strong>et</strong>ournèrent auprès de leur maîtresse.<br />
Le lendemain, sans méfiance, les femmes allèrent comme à l'accoutumée remplir qui son<br />
canari, qui sa jarre, qui sa gourde, qui sa calebasse ou son écuelle. Quand les habitants de<br />
Heli burent de c<strong>et</strong>te eau <strong>et</strong> s'en servirent pour se laver ou n<strong>et</strong>toyer leur linge, leurs poitrines<br />
furent tout d'abord secouées d'un hoqu<strong>et</strong> incoercible. Puis ils se mirent à baver comme des<br />
chiens malades. Chacun toussait à en vomir son coeur ou ses poumons. Personne ne<br />
pouvait plus dormir. Pour finir, tout le monde attrapa une diarrhée inexplicable. Même les<br />
arbres se desséchèrent, ne donnant plus aucune ombre. A l'intérieur des demeures, l'air était<br />
aussi chaud que dans le foyer d'une forge !<br />
Njeddo Dewal ne s'était pas seulement contentée de faire empoisonner l'eau des puits ; elle<br />
avait aussi fait enterrer par-ci par-là des fétiches maléfiques dont les émanations troublaient<br />
l'atmosphère <strong>et</strong> rendaient les gens fous furieux.<br />
Devant le désastre qui s'était abattu sur le pays <strong>et</strong> qui n'épargnait ni homme, ni bête, ni<br />
plante, Bâgoumâwel, à l'insu du roi, réunit un conseil de notables. Il demanda vingt jeunes<br />
volontaires prêts â\ l'accompagner chez la calamiteuse pour se livrer à elle comme rançon<br />
du prince Sakkaï. Il ne mit pas longtemps à réunir sa p<strong>et</strong>ite troupe.<br />
Avant de partir, Bâgoumâwel donna des instructions à son oncle Hammadi : « Si tu es sans<br />
nouvelles de moi, lui dit-il, demande à ma mère de te donner mon sac. Tu y trouveras le<br />
crâne parleur hérité de nos ancêtres. Consulte-le sur mon sort <strong>et</strong> demande-lui ce qu'il faut<br />
faire pour me r<strong>et</strong>rouver. »<br />
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