CONTES INITIATIQUES PEULS - 1 - Aide et Action
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37: Chassie des yeux de chien : elle est utilisée pour provoquer des rêves prémonitoires.<br />
On dit aussi qu'elle perm<strong>et</strong> la vision, notamment ajoutée à de l'antimoine, plante qui a pour<br />
vertu d'améliorer la vue <strong>et</strong> de guérir la conjonctivite.<br />
38. Fôgi : landolphia-owariensis (foogi en peul, nzaban en bambara). C<strong>et</strong>te plante, attribuée<br />
à la lune <strong>et</strong> au jour de lundi, est une liane grimpante dont la fleur m<strong>et</strong> un an pour devenir<br />
fruit. Lorsqu'on veut l'utiliser, on la salue avec la formule : « Fleur c<strong>et</strong>te année, mûre l'année<br />
prochaine ! »<br />
Le fôgi, qui est une plante à vertus, représente également la flexibilité <strong>et</strong> la souplesse car il<br />
épouse un autre végétal en s'enroulant autour de lui.<br />
39. Le voyage des Poissons migrateurs : on a constaté exactement le même processus<br />
chez les poissons migrateurs du fleuve Niger.<br />
40. Crocodile à la queue écourtée : ces crocodiles, qui ont perdu une partie de leur queue<br />
par accident, sont réputés pour être les plus méchants. A Bandiagara, mon village natal, un<br />
crocodile à la queue écourtée vivait, avec ses congénères, dans une poche de la rivière<br />
Yamé, appelée " mare aux caïmans ». C'était le seul qui blessait les animaux ; les autres<br />
crocodiles n'attaquaient jamais ni les hommes, ni les enfants, ni les animaux.<br />
41. Baobab : ce n'est pas par hasard que ce crâne sacré hérité d'un très lointain passé, <strong>et</strong><br />
qui va jouer un rôle capital tout au long du conte, sort d'un fruit de baobab, arbre sacré par<br />
excellence, symbole de longévité <strong>et</strong> d'ancienn<strong>et</strong>é, de sagesse <strong>et</strong> de générosité. En eff<strong>et</strong>,<br />
dans le baobab comme chez le bovin, tout peut être utilisé ; c'est pourquoi l'on dit que le<br />
baobab est, parmi les végétaux, ce que sont la vache ou le boeuf parmi les animaux.<br />
42. Araignée : prototype du tisserand (voir note 83).<br />
43. L'aigr<strong>et</strong>te, sorte de héron blanc, est en harmonie avec le Peul car c'est elle qui, sous le<br />
nom de « pique-boeuf », accompagne le bovin pour manger les parasites logés dans sa<br />
peau.<br />
44. Cigognes : ce sont les cigognes qui montrent à BâWâm'ndé le chemin de Wéli-wéli, en<br />
raison de leur qualité d'oiseaux migrateurs.<br />
45. Alliance entre Peuls <strong>et</strong> forgerons : c<strong>et</strong>te alliance sacrée remonte à Bouytôring <strong>et</strong><br />
Nounfayiri, ancêtres des pasteurs <strong>et</strong> des forgerons selon un mythe du Ferlo sénégalais (voir<br />
note 78).<br />
De telles alliances, qui existent aussi entre certaines <strong>et</strong>hnies, certains villages ou certains<br />
degrés de parenté (belle-soeur <strong>et</strong> beau-frère, grands-parents <strong>et</strong> p<strong>et</strong>its-enfants, <strong>et</strong>c.) ont<br />
donné naissance à ce que l'on appelle la " parenté à plaisanterie » (sanankunyu en<br />
bambara; dendiraku en peul).<br />
46. L’être à la fois humain, végétal <strong>et</strong> animal: c<strong>et</strong> être hybride réunit en lui les trois règnes,<br />
ce qui implique une notion d'unité. Dans la tradition peule, on croit que l'on a d'abord été<br />
minéral, puis végétal, enfin animal. Le couronnement, c'est l'homme. Quelquefois, on entend<br />
les Peuls dire : « Ca, c'était quand j'étais une pierre ! » Ici, l'étrange créature est le symbole<br />
de c<strong>et</strong>te unité perdue. C'est une occasion, pour le maître conteur, de faire une digression <strong>et</strong><br />
de donner des enseignements sur les trois règnes qui composent l'unité de la vie.<br />
C<strong>et</strong> être, dont la tête est humaine - le « supérieur - y est donc bien à sa place - est un être<br />
neutre ; il se r<strong>et</strong>ire d'ailleurs sans faire de mal. C'est la Providence qui l'envoie pour dire à<br />
Bâ-Wâm'ndé ce qu'il y a derrière le vestibule. Dans le déroulement de tous ces événements,<br />
on voit comment, à travers chaque détail, la Providence mène peu à peu Bâ-Wâm'ndé vers<br />
son but. Dans la tradition peule, le hasard n'existe pas. Il y a seulement des « lois de<br />
coïncidence » dont nous ignorons le mécanisme.<br />
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