« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

« L’association n’a pas laissé la main libre aux conseillers élus pour choisir en leur sein leur maire.
Quand ils m’ont suggéré le choix de Eugène Kpadé qui réside à Cotonou, je me suis catégoriquement
opposé à cette décision. Mais j’ai compris son affinité, à Cotonou, avec le président René Dossa, qui est de
la presse comme lui et est son parrain de mariage de surcroît. J’ai dit non ! Mais j’ai subi une forte
pression de tous les sages. Le président m’a appelé depuis la France pour m’intimider et m’intimer l’ordre
d’obéir. D’autres menaces de l’ordre de l’invisible m’ont terrorisé. J’ai eu peur et j’ai cédé. C’est comme
cela que je suis plutôt 1er adjoint au lieu de maire 304 ».
En réalité, les dignitaires de l’association s’étaient déjà ralliés dès le début à la candidature
du maire choisi, qui a commencé sa campagne par ces « sages » depuis des lustres. L’idée d’une
liste d’union serait émise par lui. Sa stratégie de connexions au terroir est concoctée savamment
sans que son concurrent ne se doute de rien. Ce dernier a cru que son ancrage dans la commune
lui assurait déjà le fauteuil de maire, sans se rendre compte que les médiations des élites anciennes
sont cruciales.
Ailleurs, l’élection du maire a connu aussi la médiation d’acteurs de structures sociales. A
Ouidah, malgré l’écrasante victoire du parti de la Renaissance du Bénin aux élections
communales, les leaders nationaux du parti n’avaient pas les coudées franches pour choisir le
maire de la ville. En effet, l’ancien ministre de la Culture qui a coordonné l’organisation du
festival Ouidah 1992, originaire de la ville, et membre de l’instance suprême du parti, Marius
Franscisco, se positionnait pour ce poste depuis des années. Dans son entendement, son élection
à la barre locale était assurée après que son parti eut raflé presque la totalité des postes de
conseillers à pourvoir, dix-sept sur dix-huit.
Cependant, c’était sans compter avec l’habileté d’un de ses compères du parti, élu aussi
conseiller communal, Pierre Badet. Cet ancien commissaire a su, en toute discrétion, rallié les
élites anciennes et traditionnelles à sa cause, à la barbe de « l’impétrant officiel ». Au lendemain
des élections communales, les grandes tractations de couloir ont commencé. Pendant que Marius
Franscisco passait son temps à penser à l’organisation de l’élection avec le couple Soglo et les
conseillers élus, son challenger faisait le tour des « dignitaires » de la ville, réalisant que rien n’était
encore joué, nonobstant le raz de marée de son bloc partisan. Au nombre de ceux-ci, il y a le
chef de la grande famille de Souza, Mitò Honoré Féliciano Juliao Franscisco de Souza. Il nous
restitue l’ambiance, à ce moment :
304 Félix Gbadovi, entretien, Grand-Popo, 14 février 2007.
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