« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

« A l’initiative de Barthélemy Anagonou [fondateur de l’association de développement
de la commune Ugdo], les chefs des grandes familles comme moi, des cultes traditionnels tel le
feu Daagbo Hounon, chef suprême du vodùn et les autres anciens se sont réunis pour proposer à
la Renaissance du Bénin le candidat de leur parti à élire au poste de maire. Après analyse, nous
avons préféré Pierre Badet au ministre Marius Franscisco, parce que le premier nous écoutait et
venait régulièrement saluer chacun d’entre nous. Nous avons convenu qu’il pouvait donc faire
l’affaire 305 ».
Dans la foulée, une délégation de ces dignitaires s’est déplacée à Cotonou pour rencontrer
le couple Soglo et lui notifier son choix. Les responsables du parti se sont ralliés à cette décision,
sans chercher à plaider pour leur « poulain » Marius Franscisco. Il semble qu’ils ne voulaient
surtout pas s’aliéner les sympathies de ces élites traditionnelles et anciennes de la ville. C’est ainsi
qu’au Conseil communal, Pierre Badet fut élu premier maire de Ouidah. On pourrait se
demander si cette proposition des sages n’arrangeait pas aussi le couple qui n’avait soutenu,
jusqu’à lors, que du bout des lèvres Marius Franscisco ?
A Malanville, même si les arènes traditionnelles ne se sont pas formellement réunies pour
mener une action de lobbying telle à Ouidah ou soumettre une liste aux élections comme à
Grand-Popo, elles se sont autrement invitées dans la transmission du pouvoir politique local. Les
agents politiques ont habilement profité de la situation particulièrement crispée entre elles. Deux
camps s’affrontaient parmi les « anciens », au sujet de la succession pour le trône du chef
supérieur (roi) des Dendi qui couvre les communes de Malanville et de Karimama. D’un coté, les
partisans de Mazou Doumbani et de l’autre ceux de Ango Adamou. L’affrontement des deux
aspirants à la royauté déteint sur la société et surtout sur les dignitaires qui se sont positionnés en
fonction de leur conviction pour la justesse de la « cause royale » de l’un ou l’autre. Mais il
semblerait que le premier Mazou Doumbani descendrait d’une lignée princière directe, alors que
son challenger serait fils d’un « usurpateur » qui a côtoyé au palais la famille régnante.
Lors des ces élections, Issa Salifou Saley s’est habilement rallié à la cause du premier qui
détient, aux yeux de la population, plus de légitimé dans sa quête du trône. Il a expressément
demandé à l’un des fils de ce dernier d’être son colistier sur la liste dénommée Banitee qui veut
dire la paix en Dendi. Ce ralliement lui a valu aussi celui de bon nombre des élites anciennes,
surtout que son rival bénéfice de l’appui ostentatoire du camp politique d’en face, les
responsables du Fard Alafia, réunis au sein de l’Ubf.
305 Mitò Honoré Féliciano Juliao Franscisco de Souza, entretien, Ouidah, 24 février 2007.
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