« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

au pouvoir. Faisant ainsi dire à un observateur attentif du jeu politique béninois que ces partis
sont des « clubs électoraux 286 », des syndicats d’élus tout simplement.
En outre, ces partis politiques béninois restent marqués par le faible degré de
démocratisation de leur structuration interne. Ils ne se laissent pas voir comme des « arènes de
débat » quant à leur rôle dans la formation de l’opinion publique. Les militants ou du moins le
cercle réduit des membres autour du leader ne sont pas souvent consultés pour les avis décisifs
du parti. Nous y reviendrons.
Quant à l’aspect de la formation de l’opinion publique par la prise de position sur les
grands sujets de la Nation, il est rare de voir les partis politiques béninois jouer ces rôles. Ceux
qui sont représentés à l’Assemblée nationale se contentent souvent de peu critiquer l’action
gouvernementale, même ceux qui se réclament de l’opposition. Ils se positionnent souvent par
rapport à la menace imminente d’une rente clientéliste. Les débats se déclinent autour de
querelles personnelles et non de discussions idéologiques. Les positions fluctuent au gré des
intérêts, qui changent constamment. Du jour au lendemain, l’on remarque aisément qu’un parti
dire tout et son contraire. De façon plus générale, ces partis souffrent d’une anémie d’idéal et de
lutte pour le triomphe d’une vision de la société.
Sur les grandes questions d’actualité, il est facile de voir les partis politiques se défiler ou
se contenter de débat à fleurets mouchetés. Ainsi l’on a pu observer à la vieille des élections
présidentielles passées, le silence coupable des grands partis politiques sur la réforme
constitutionnelle devant permettre ou non au général Kérékou de se présenter aux élections 287 ,
laissant ainsi l’espace à une « société civile » qui s’en est servie à cœur joie 288 . Il est aussi difficile
de situer un parti sur l’échiquier politique. Les jeux de « floor-crossing », la transhumance politique
empêchent toute clarification politique définitive.
286 Willéandre Houngbédji note : « La Constitution de notre pays a clairement prévu que les partis politiques
animent la vie démocratique et participent à la formation civique des citoyens. Seulement, ces partis ne
s'acquittent pas de cette obligation constitutive. On ne les voit actifs sur le terrain que lors des consultations
électorales. En clair, ce ne sont que des clubs électoraux puisqu'ils n'ont aucune conscience de leur
responsabilité et ne s'agitent qu'au moment des élections. La preuve, de mémoire d'observateur on d'analyste
politique, on peut chercher comme une aiguille dans une botte de foin, le nombre de fois qu'un parti politique
béninois a réagi à une situation ou un sujet d'ordre national ou international. Cependant que, au cours des
périodes électorales, ils rivalisent d'ardeur pour étaler leurs muscles, disons plutôt leurs mensonges pour faire
croire aux populations qu'ils se préoccupent de leur sort ». Voir W. Houngbédji, « Municipales de décembre, les
marchands d'illusion reviennent », L'Araignée, 29/06/2002, www.laraignee.org. Page consultée en juin 2007.
287 La constitution du Bénin ne permet pas à un candidat âgé de plus de soixante dix ans ou à celui qui a exercé
deux mandats de suite de se représenter. Kérékou étant frappé par ses deux critères, on lui prêtait l’intention de
vouloir changer la loi fondamentale pour se maintenir au pouvoir.
288 Voir Hado P. et Opoubor A. E., Boni Yayi, société civile et dynamique du changement au Bénin, Paris,
L’Harmattan, 2007 ; Adjovi E., « Mobilisations citoyennes et démonopolisation du travail politique au Bénin »,
Perspective Afrique, Vol. 1, No. 3, 2006, pp. 190-192 www.perspaf.org/index.php/Article_1/81/0/ page
consultée en janvier 2007.
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