« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

successoral chez sa mère, il en est de même pour sa légitimation à assurer en tant que fils de
terroir une fonction politique. Selon les clarifications de Dâh 126 Azogan à Ouidah, des exceptions
à cette « règle » existent :
« L’enfant ne peut pas être Dâh ou Vigan [chef traditionnel] ou même Hennùgan [chef de la famille]
dans la famille de sa mère, à moins que la place soit vacante parce qu’il n’a personne parmi la lignée
paternelle pour l’occuper. Mais il faut que cet enfant soit sur le plan psychologique et occulte assez fort
pour dissuader par la suite à tout moment les prétendants qui émergeront, car sa légitimité sera parfois
remise en question127». Il peut aussi arriver que bien qu’étant maternellement d’une contrée, l’homme politique
s’y impose comme fils de terroir avec une ténacité de pointe. C’est le cas notable de l’exsyndicaliste
et homme politique Théophile Béhanzin Paoletti, dans les années 1960 et qui dès les
premières élections du Renouveau démocratique, s’est fait élire député. Bien qu’étant de père
occidental, il s’est imposé à Abomey dans sa famille maternelle, celle de la lignée du puissant roi
Béhanzin. Nous entendons à ce sujet des objections qui signifieraient qu’à Abomey, les enfants
de princesses appartiennent au trône, mais c’est aussi oublier que ces dernières ne se mariaient
pas aux roturiers et par conséquent, les enfants sont déjà princes de par leur père.
Une légitimité naturelle au Nord
Si dans la plupart des sociétés du Sud du Bénin, l’enfant est cantonné à un statut de
« demi » ressortissant chez sa mère, au Nord il semblerait que ce ne soit pas trop le cas. À
Malanville, dans le conseil municipal, on note la présence remarquable de Gervais Codo, la
trentaine, qui bien qu’étant originaire du Sud (Ouidah) de par son père, s’est fait élire dans
l’arrondissement de Guéné d’où sa mère est issue. Et ce n’est pas un cas isolé dans la partie
septentrionale du pays. Déjà, le premier chef d’État du Dahomey d’alors, Bénin d’aujourd’hui,
Hubert Coutoucou Maga a littéralement rallié les peuples du Nord à sa cause partisane au cours
de sa carrière politique, alors qu’il était d’un père dont les racines sont en Haute-Volta (Burkina-
Faso) et n’avait que sa mère Bariba. Cela ne l’a nullement empêché de se réapproprier le passé
glorieux de la civilisation Baatombu (Bariba) et d’être arrimé à ce terroir comme un digne fils du
pays paré de l’étrier de cuivre (signe de noblesse des princes Bariba).
126 Chef de la famille Azogan.
127 Dah Azogan, entretien, Ouidah, 27 février 2007.
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