« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

dévouent, jusqu’à la mort, les uns pour les autres, que s’ils se sont jurés la confiance, la discrétion, la sincérité, la
loyauté, le dévouement, en contractant le Pacte de sang, alê ou vodounnou-nou des Fonnou, et des Gounnou,
zodoudou des Guinnou, Pédanou, Adjanou, imoulê des Yorouba et de leurs parents les Nagonou.[…] C’est lui en
effet qui a créé l’esprit de solidarité (pour le bien et pour le mal) des Dahoméens et aussi leur méfiance, ce qui fait
qu’ils ne se livrent jamais au premier venu 119 ».
C’est le sang qui unit les uns aux autres, telle une sorte de « collusion originaire 120 »
bourdieusienne. Celui que l’enfant du pays partage avec le terroir. L’homme venu d’ailleurs,
malgré son « intégration » dans la communauté locale est toujours perçu comme un Djonon 121 . Lui
confier la défense des intérêts locaux, en l’occurrence politique subsume avec risque de trahison,
car ses veines ne sont pas irriguées par le sang communautaire, selon les croyances ambiantes.
On peut cependant se demander qui peut bénéficier du statut de fils de terroir ?
2. Un statut conféré par le droit de sang
En général, pour bénéficier du statut de fils de terroir, il faut être né de parents issus
d’une famille connue dans le village. La filiation est l’élément déterminant de l’accord du « statut »
de fils de terroir. Le bénéficiaire le tient du sang de son père, de par sa naissance. Cette parentèle
patriarcale est exprimée en Fon par le hounsin (eau de sang) que le Yorouba désigne par Ebi « co-
naissance ». Au cours de nos enquêtes de terrain, nous avons pointé, de façon émique, que
l’enfant n’a pas les mêmes égards sociaux et politiques dans le village de son père et celui de sa
mère. L’homme politique en quête des suffrages ne peut se prétendre « fils de terroir » au même
titre chez son père que chez sa mère.
Une légitimité agnatique au Sud
Il y a une dissociation courante entre « un authentique » fils de terroir et un « kpayo 122 ».
Ainsi, dans le village de la maman, l’enfant est relégué au rang de chaînon manquant entre
« l’authentique » fils relié par la filiation paternelle à la localité et un « allochtone ». Il est parfois
complètement délégitimé du titre de l’enfant du pays et aussi livré à une marginalisation sociale,
119
P. Hazoumé, Le pacte de sang au Dahomey, Paris, Institut d’Ethnologie, 1937, pp. 1-2, 135.
120
P. Bourdieu, « La représentation politique. Eléments pour une théorie du champ politique », art. cité, p. 7
121
Etranger en Fon.
122
Par allusion à l’essence frelatée de moindre qualité, en provenance du Nigeria et vendu le long des voies de
circulation routière.
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