« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

d’enrichir notre vision sur les conduites, représentations et modes d’expression 326 politiques au Bénin. Ce
faisant, à rebours de ce qui est couramment véhiculé, nous avons tiré comme enseignement
essentiel que le clientélisme électoral, bien que réel, n’est pas la logique primordiale d’accès aux
fonctions politiques électives. Il vient en appoint d’autres facteurs.
L’illusion clientéliste
Si le clientélisme est souvent pensé, comme socle de triomphe électoral en Afrique et
principalement au Bénin, deux raisons essentielles pourraient l’expliquer. Premièrement, cela est
considéré ainsi parce que dans le champ politique national, les hommes d’affaires, dotés de
ressources financières considérables, ont pris d’assaut les fonctions électives avec un succès
indéniable.
Les élections législatives de 1995 ont contrairement à celles de 1991, où les élus étaient
des élites intellectuelles, ramené une vague considérable de ces députés opérateurs économiques
que les observateurs locaux ont tôt fait de qualifier de ‘‘kpayo’’ 327 , alors qu’à contrario, les
candidats dotés de capital culturel universitaire échouaient. Mais, il est notable de souligner qu’à
partir des élections suivantes, le reflux s’est amorcé et les « honorables » députés élus cette année,
en 2007, à l’Assemblée nationale consacre l’étiage des puissants hommes d’affaires en politique.
Certains relieront cette observation à la dynamique de « changement » impulsée par le
nouveau chef de l’Etat, Boni Yayi. Mais une conjonction d’éléments, que nous n’avons pas le
temps de développer ici, peuvent l’expliquer. La deuxième raison qui pourrait faire croire que le
clientélisme est le socle indispensable de la victoire électorale est que les électeurs s’attendent, à
chaque tournée électorale, que l’homme politique laisse un cadeau pour l’assistance. Un angle,
que nous avons déjà largement analysé dans ce travail.
Ainsi, beaucoup d’analystes y ont pointé une preuve supplémentaire de l’impossible greffe
de la démocratie à l’Afrique 328 . C’est pourquoi, en définitive l’Afrique ne pourrait s’approprier
l’éthos démocratique. Mais ce sont des vues d’ ‘‘écrans’’ qui ne pensent pas « l’historicité des
sociétés africaines 329 », pour reprendre la judicieuse formule de Jean-François Bayart. S’il est vrai
que les hommes politiques recourent à la ‘‘ marchandisation du vote’’ au grand bonheur des
électeurs, il est d’avantage indéniable que cette pratique ne peut être intelligible, sans que
l’analyste ne s’humecte dans les menus rapports sociaux et échanges interindividuels. Dans une
326
J.-F. Bayart, A. Mbembé, C. Toulabor, Le politique par le bas en Afrique noire, contribution à une
problématique de la démocratie, Paris, Karthala, 1992, p.48.
327
En référence à l’essence frelatée de contrebande importée du Nigeria voisin.
328
Voir F. Akindès, op. cit.
329
Voir J.- F. Bayart, L’Etat en Afrique, …op. cit., pp. 19-61.
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