« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

l’organisation humanitaire de cette dernière, Vidolé 230 , faisait pleuvoir sur la ville les subsides
étatiques arrachés grâce au trafic d’influence en tout genre 231 . En outre, le nom des Soglo et des
membres influents de leur parti originaires de Ouidah, continue encore d’être associé aux
multiples investissements dans la ville lors du festival Ouidah 1992. Cet événement qui est, au
passage, la plus grande manifestation que la commune ait jamais connue, a lustré sa renommée
touristique et historique.
Si le patronage politique est, ce faisant, une pièce maîtresse utilisée dans le clientélisme
électoral, il est essentiel de préciser que tous les agents politiques n’ont pas les ressources
relationnelles requises pour ce faire. Ce sont ceux qui disposent d’une position de choix dans
l’appareil de l’État ou y ont des relais sûrs, qui le manient avec dextérité. Très souvent ce sont les
Akowé qui détiennent ces contacts stratégiques.
Ils en usent pour associer leur nom à un projet réalisé dans leur terroir, afin de s'en
procurer le capital social qui en découle. Somme toute, ce qui importe est la réalisation de
quelque projet, afin d’avoir une preuve matérielle tangible à montrer à la population. Chacun
profite de l’opportunité de son réseau. Dans ces conditions, les projets réalisés dans le terroir ne
sont pas forcement en adéquation avec les besoins du terrain. Ainsi, l’actuel maire de Malanville,
Koumba Gadjè, fort de ses contacts dans le cabinet du ministère de l’Energie, a favorisé
l’électrification de son village Bodjikali, alors que les habitants n’ont pas les moyens de s’abonner.
Mais il n’y a pas que les Akowé qui veulent occuper la proue du navire politique local, ils
sont très fortement concurrencés par les hommes d’affaires, qui d’ailleurs réussissent davantage
dans la modernisation du terroir. Ceux-ci investissent directement leurs moyens personnels dans
la construction de bâtiments scolaires ou sanitaires, de routes, …et même de lieux de cultes
lorsque la zone est très ancrée dans la croyance religieuse.
À Malanville, commune très islamisée, le premier « geste fort » d’Issa Salifou Saley, a été
de lancer la construction de la mosquée centrale de la ville. Une action qui ne laisse pas
indifférents les fidèles qui, du reste, constituent la majorité des électeurs. En tant qu’homme
d’affaires, il dispose d’une surface financière qui lui permet de faire face à de multiples autres
demandes et rétributions de sa clientèle électorale. De même, ses relations dans les pays arabes lui
assurent quelques subventions pour la réalisation des édifices religieux.
Les rentes d’extraversion
230 Vidolé veut dire l’enfant est un trésor en Fon.
231 Elle n’hésitait pas à réclamer aux ministres des dotations pour son association. Ainsi, en décembre 1992, elle
mettait officiellement, arguant le soutien de son mari, la pression sur le ministre de l’Agriculture afin obtenir
pour son ONG le tiers des trente motoculteurs donnés au pays par la coopération sud-coréenne. Voir F.
Kpatindé, « Bénin, l’esprit de famille », Jeune Afrique, n° 1730, 3-9 mars 1994, p. 27.
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