« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

par Daagbo Hounon dans l’antre des croyances populaires, pour légitimer le choix de Pierre Badet
afin de l’imposer aux autres comme relevant de l’ordre du « normal ».
Un « normal » qui dépasse l’entendement humain puisque ce sont les ancêtres, élevés au
rang de dieux, qui ceux ont décidé de lui octroyer le pouvoir : l’acé. C’est ce pouvoir qui rend
légitime et permet de commander. Et quiconque désobéit à cette décision se voit frappé par une
sanction des dieux. C’est sous cette optique qu’il convient de lire le geste fort symbolique du
grand chef Daagbo Hounon dans la médiation pour la dévolution du pouvoir politique. Les
souverains d’Abomey faisaient dans le temps appel à cette force et énonçaient la personnalisation
de leur pouvoir par la prononciation d’une phrase célèbre. Ainsi, le roi Béhanzin (1889 - 1894)
prononça au début de son règne : « Gbè hin azin bo aï djrè, l'univers tient l'oeuf que la terre désire ».
Affirmant ainsi son pouvoir.
C’est dans cette veine que s’inscrit aussi la phrase célèbre énoncée par Kérékou au début
de sa présidence en 1972, pour symboliser qu’il est le détenteur du pouvoir dont la durée ne sera
pas comme un feu de paille: « la branche ne se cassera pas dans la main du caméléon ».
Mais les transactions collusives du politique avec les forces de l’invisible ont
ordinairement pour dessein de s’assurer une invulnérabilité face à ses adversaires. C’est pour cela
que la lutte politique se déplace souvent sur le terrain de l’invisible. Et le prétendant qui s’assure
une dominance mystique imprègne ce faisant les logiques de construction de la notabilité
politique.
La domination mystique
Le vodùn marque surtout les imaginaires au Bénin par le caractère indéniable de
puissances occultes que l’on lui prête. Ces puissances occultes sont des forces qui agissent dans
l’ordre de l’invisible pour influer positivement ou négativement sur le cours des choses,
principalement tout ce qui est du ressort de l’humain. Quoique difficile à saisir parce que relevant
de l’invisible, ces puissances ont deux fonctions essentielles : les actions positives ou nuisibles. Le
bokonon, prêtre vodùn, confectionne des amulettes appelées bo pour ce faire.
Dans une société où dans les croyances, l’on pense que pour réussir, il faut s’attirer les
bonnes étoiles, beaucoup recourent facilement à ces pratiques, afin d’être chanceux en affaires,
amour, travail… À l’opposé, la société reste marquée par la méchanceté, la jalousie et la
mesquinerie, que l’on nomme généralement par un néologisme local : la « béninoiserie ». Denis
Avimadjessi explique à ce propos que : « lorsque vous entreprenez quelque chose, le Béninois ne cherchera
pas à vous imiter pour réussir lui aussi. Il mettra plutôt toute son énergie, tout son génie et même toutes ses forces
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