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Section 1 : Le sacre du fils de terroir
Au Bénin, que l’on soit à Grand-Popo ou à Malanville, en passant par Ouidah, le premier
magistrat de la ville est toujours originaire des lieux. Sauf à Ouidah où un conseiller 95 sur les dix-
huit élus n’est pas autochtone mais y réside depuis de très longues années, ce sont dans les trois
communes citées, uniquement, des « natifs » qui siègent au sein du conseil communal.
L’utilisation de la stratégie du fils de terroir aux élections n’est pas uniquement un phénomène
propre à ces trois communes, mais s’inscrit dans une logique nationale. Les candidats
indépendants ou affiliés aux partis politiques sont généralement des natifs du cru. Mais le vote
pour le fils de terroir n’est pas uniquement utile au candidat, il l’est aussi pour l’électeur. Le fils de
terroir est à la fois un glaive utilisé pour faire pièce aux concurrents de taille, venus d’autres
contrées, mais aussi un bouclier de protection pour les habitants contre les politiques peu
honnêtes. Ce faisant, l’idéologie du fils de terroir conforte à la fois les candidats et les électeurs.
1. Une stratégie doublement utile
Pour bien des béninois, la décentralisation est rapidement associée à la valorisation de
tout ce qui est estampillé local. En creux de cette valorisation, l’autochtonie apparaît à grands
traits. Du moins, sa variante locale qui est l’idéologie du fils de terroir. Le parallèle entre
décentralisation et promotion du fils de terroir a conquis en un éclair les esprits. Gervais Loko du
magazine Municipal, en s’interrogeant sur les motivations d’une telle idée pense que la raison
serait à chercher du côté des agents sensibilisateurs qui ont maladroitement propagé une telle
opinion, en confondant décentralisation et indépendance 96 . De ce point de vue, les populations
ont pensé qu’avec la décentralisation, ce serait uniquement les ressortissants de la commune qui
auraient droit au chapitre dans les instances locales.
Mais est-ce vraiment la faute aux vulgarisateurs de la décentralisation si le fils de terroir
est au centre de l’application de la réforme de l’administration territoriale ? De notre avis, ces
campagnes sont juste venues se greffer à une conception ambiante. Dans les entretiens que nous
avions eus sur le terrain, la plupart des interviewés avancent presque unanimement qu’ils avaient
toujours estimé que chaque commune devrait avoir à sa tête des hommes et des femmes nés ou
qui ont des parents issus du coin. Un point de vue que partage Mohamed, la trentaine, vendeur
d’oignons au marché de Malanville, issu de la communauté Dendi, majoritaire dans la localité,
95 Le conseiller Bouraïma Diallo, élu dans le 2 eme arrondissement de Ouidah est originaire du Nord du pays.
96 Gervais Loko, Le Municipal, n°4, Cotonou, mai 2002, p. 8.
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