« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

« amour au village 178 », non seulement en participant, mais en payant aussi leur écot dans
l’organisation.
Toutefois, avec la forte poussée chrétienne et islamiste, le syncrétisme drape de plus en
plus ces traditions ancestrales, pour laisser place dans certaines familles, très réduites, à des
rassemblements sans fioritures de libation c’est-à-dire de rites traditionnels. Mais cela n’entache
en rien le lien solidaire. Tout au contraire, c’est désormais le rituel religieux « importé » qui nourrit
les rencontres familiales. Certainement, ces mutations représentent une friche, de recherches en
sciences sociales, demandant à être labourée.
Parallèlement à ces créneaux de retour au village, il se développe dans les villes, un
« double urbain 179 » du village. Ce sont des réseaux de relations alimentés par ce que Jean Pierre
Dozon pointe comme des « références émanant du milieu rural 180 ». La relation sociale urbaine, ayant
pour socle ces « références rurales », dresse au tableau entre autres : la création d’associations
parentales ou régionales, des aides diverses à un « frère » en l’occurrence son hébergement avant
son intégration professionnelle 181 dans la ville comme sa socialisation urbaine 182 ….
Cette inclinaison à reproduire « la vie communautaire du village dans la ville » 183 fait constater à
Cyprien Coffi Aholou qu’à Cotonou, les peuples Bariba et Dendi préfèrent habiter le quartier
Zongo tandis que les Fons venus de la région d’Abomey s’installent plus aisément à Gbégamey.
Ce constat est d’autant vrai qu’à l’Est de Cotonou, au vaste quartier populaire d’Akpakpa,
le ressortissant du département de l’Ouémé est bien aise d’y être, comme un poisson dans l’eau.
Nous ne voudrons nullement établir ici qu’il y a un apartheid « ethnique », que ce sont des
quartiers fermés à d’autres peuples ; bien au contraire il y a un maillage entre différents groupes
socio ethniques, mais notre intérêt est de signifier tout simplement une forte concentration de
certaines communautés dans des endroits déterminés de la ville. Le double urbain ne s’arrête pas
uniquement à la ville. Les ressortissants prennent une part active dans la modernisation du village
à travers des travaux de voirie et d’autres infrastructures communautaires.
178
C. Vidal, op. cit., p. 101.
179
J.-P. Dozon, « Les métamorphoses urbaines d'un « double » villageois », Cahiers d'études africaines, Année
1981, Volume 21, Numéro 81, p. 75.
180
J.-P. Dozon, op. cit., p. 389.
181
Il faut noter à ce sujet, une forte propension de migration vers les grandes villes du Bénin, en l’occurrence la
métropole cotonoise. Une enquête en 2002 a souligné que quatre habitants sur dix sont des migrants dans la
ville. Voir Mairie de Cotonou, « Tableau de bord social de la ville de Cotonou », 1ère édition, Insae, Gtz,
Cotonou, 2003, p.49.
182
Sur la notion de la socialisation urbaine voir G. Verpraet, La socialisation urbaine. Transitions sociales et
transactions culturelles dans la cité périphérique, Paris, l’Harmattan, 1994.
183
C. Aholou, « Relations villes / campagnes : socialisation urbaine des nouveaux migrants, association de
ressortissants et développement des villages de départ », Atelier : Glissements de terrains : géographies de
l'Afrique Glissement villes-campagnes : oppositions, associations, intégrations. Communication aux Etudes
africaines / Etat des lieux et des savoirs en France 1re Rencontre du Réseau des études africaines en France 29,
30 novembre et 1er décembre 2006, Paris, CNRS, p.2. Voir, www.etudesafricaines.cnrs.fr/communications/aholou.pdf.
Page onsultée en avril 2007.
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