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« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

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témoignent du manque d’un lien d’adhésion des électeurs à ces per<strong>son</strong>nalités jugées peu crédibles<br />

pour défendre leur vision politique.<br />

Il découle aussi de ces échecs, l’idée d’un certain calcul de l’électeur, même quand il s’agit<br />

du fils de terroir. Bien que le vote pour l’enfant du pays soit une réalité incontestable, il n’est pas<br />

le fruit d’une action monolithique. Sinon les électeurs resteront chez eux, puisque les voisins<br />

voteront immanquablement pour le fils du terroir <strong>et</strong> à la fin tout le monde profitera du fruit de<br />

<strong>son</strong> élection, <strong>sa</strong>chant que le vote est secr<strong>et</strong>. C’est la stratégie du free rider ou du voyageur au tick<strong>et</strong><br />

gratuit, émise par Mancur Ol<strong>son</strong> 336 . Pour qu’une action de groupe, une action collective puisse<br />

réussir, il faut des incitations sélectives. Le vote étant secr<strong>et</strong>, il est peu probable que les pressions<br />

sociales <strong>et</strong> l’argent réussissent, à eux seuls, à amener l’électeur, une fois dans l’isoloir à m<strong>et</strong>tre, le<br />

bull<strong>et</strong>in du fils du terroir dans l’enveloppe. On ne peut donc parler d’action collective ici. Car <strong>«</strong> le<br />

paradoxe de l’action collective 337 » souligné aurait amené l’électeur à soit rester chez lui ou soit une<br />

fois dans l’isoloir ne pas forcement voter pour le fils du terroir car il n’aurait pas assez<br />

d’incitations.<br />

Dans l’isoloir, il ne choisit que celui à qui il fait confiance. Il y a forcément une<br />

individuation du vote que les résultats masquent, du fait de la victoire de l’enfant du cru. Dans les<br />

villes (le cas de Cotonou), si de plus en plus les candidats qui ne <strong>son</strong>t pas Fon ou Gun arrivent à<br />

engranger des suffrages énormes (le cas de Boni Yayi), c’est forcément qu’ils inspirent davantage<br />

de crédibilité, que les originaires, pour le <strong>«</strong> boulot ». Dans les villages ce n’est pas encore le cas,<br />

puisque les outils de communication politique marinent encore dans le dil<strong>et</strong>tantisme. Et aussi, si<br />

les leaders régionaux gagnent c’est parce quelque part, les électeurs <strong>son</strong>t conditionnés<br />

psychologiquement en pen<strong>sa</strong>nt qu’ils ont déjà emporté la décision. C’est un peu l’influence des<br />

<strong>son</strong>dages 338 dans les <strong>démocratie</strong>s occidentales où certains se rallient au vainqueur potentiel. C’est<br />

l’eff<strong>et</strong> bandwagon : <strong>«</strong> prendre le train en marche » 339 . Une théorie mise en évidence par la<br />

chercheuse Noëlle Neumann, qui s’explique par le désir d’être du côté du vainqueur <strong>et</strong> surtout<br />

pas du perdant. Ainsi les électeurs <strong>son</strong>t plus attirés par celui qui incarne dans l’imaginaire collectif,<br />

la victoire.<br />

Le <strong>«</strong> climat de l’opinion 340 » des groupes d’appartenance joue aussi un rôle considérable<br />

dans les logiques de vote, <strong>sa</strong>ns forcement une pression, mais une adhésion naturelle. On pourrait<br />

ainsi explorer c<strong>et</strong>te piste pour comprendre davantage le vote en Afrique <strong>et</strong> principalement au<br />

336<br />

Voir M. Ol<strong>son</strong>, <strong>La</strong> logique de l’action collective, Paris, Puf, 1978, trad. (1966).<br />

337<br />

Ibid, p. 95.<br />

338<br />

Voir L. Blondiaux, <strong>La</strong> fabrique de l'opinion. Une histoire sociale des <strong>son</strong>dages, Paris, Seuil, 1998.<br />

339<br />

Cité par J. <strong>La</strong>zar, 100 mots pour introduire aux théories de la communication, Paris, Seuil, 2004.<br />

340<br />

Voir G. Derville, 1997, Le pouvoir des médias. Mythes <strong>et</strong> réalités, Grenoble, Presses de l'Université de<br />

Grenoble, p. 140.<br />

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