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subtil de dosages dits ethniques 140 ». Ainsi, les personnalités en vue de la quasi-totalité des régions d’un pays sont présentes dans les institutions représentatives du régime. Il illustre son analyse par les cas camerounais sous Ahidjo 141 et du Nigéria dans les années 1970. Dans le Zaïre de Mobutu, les analystes parlaient de « géopolitique » pour désigner cette assimilation des cadres des différentes régions aux instances étatiques. Aujourd’hui encore le pouvoir se transmet subtilement entre le Nord et le Sud dans certains pays. Nous en avons eu l’illustration tout dernièrement, au Nigéria, entre Olusegun Obasanjo, Yoruba du Sud, et Umaru Musa Yar’dua, peul du Nord. Nous n’allons pas multiplier les exemples ici, revenons au cas béninois, objet de notre étude. Le favoritisme régionaliste Mais l’équilibre interrégional est aussi un instrument de favoritisme des siens. Un constat fait dans la nomination des cadres aux hautes fonctions administratives et dans le landerneau hyper juteux de la Douane. Le chroniqueur et professeur de lettres Roger Gbégnonvi mentionne qu’il consiste « à pratiquer au niveau des concours et tests d’admission dans l’administration publique rien moins qu’une discrimination positive. À titre d’exemple : sur cinq postes mis en compétition, quatre iront systématiquement à des ressortissants de la région dite défavorisée, et l’unique restant à l’autre région considérée comme favorisée. Concours ou arrangement ? 142 ». Fine sous Kérékou, cette pratique de favoritisme régional flirtait presque avec le népotisme et le régionalisme exacerbés sous le quinquennat de Nicéphore Soglo. Le gouvernement était pris d’assaut par les fils du plateau d’Abomey, le terroir de provenance du chef de l’Etat. Les postes stratégiques revenaient aux personnes issues de sa région natale, le plateau d’Abomey et à sa propre famille 143 . Nous passerons ici sur les détails. Les raisons de cette omniprésence de la logique du terroir sont à chercher où ? 140 Ibid, p. 193. 141 Des indépendances, en 1960, au début des années 1980. 142 Voir R. Gbégnonvi, chronique n°5. http://www.sonangnon.net/chroniqrogergb16.php, Consulté en avril 2007. 143 N. Bako-Arifari, art. cité, pp.22-23. 48
2. La sélection politique sous le Renouveau démocratique Déjà, à la Conférence nationale de février 1990, une bonne partie des délégués a été sélectionnée sur la base de leur terroir d’origine 144 . Ceci par le canal des associations de développement. Le vote pour le fils du terroir Après les assises de l’hôtel Plm Alédjo 145 , une foule de ces associations de développement s’est transformée en parti politique ou du moins leur dirigeant a su habilement utiliser leur position pour lancer un parti politique en ayant pour fief le cadre géographique des dites associations. C’est le cas notable de Mama Adamou N’Diaye, vice-président d’Iri Bonsé, l’association de développement de Kandi qui a crée son parti, l’Uds. Dans la foulée, il sera ministre de l’Agriculture, pendant tout le quinquennat de Soglo. Les partis politiques créés par la suite vont, à l’instar des associations de développement, puiser leur légitimité des terroirs ou du moins s’accouderont sur les terroirs d’origine des leaders pour recruter leurs membres et leurs électeurs. Mamadou Gazibo, en examinant la situation politique béninoise, repère qu’ « il existe une forte corrélation entre l’origine ethno-régionale des dirigeants politiques et l’audience de leur parti dans l’espace national 146 ». Avant lui, Kouassi Dégboé montrait déjà cette corrélation entre le vote et l’appartenance des électeurs 147 . Les résultats des premières « élections fondatrices 148 » confortent cette thèse. Les électeurs n’ont voté que pour les fils du terroir. Ainsi aux législatives du 17 février 1991, scrutin à la représentation proportionnelle, les vingt et un partis qui se sont partagés les 64 sièges ont eu des élus, pour la plupart, dans la région du leader ou d’un fils du terroir. À titre de photos, sur les 144 Notamment les associations de développement des districts ( près du tiers des participants) représentées par des cadres ressortissants qui vivaient en ville et ont fait passé leurs propres intérêts à la Conférence par ce truchement. 145 La Conférence nationale a eu ce cadre comme écrin. 146 M. Gazibo, op. cit., p. 112. 147 K. Dégboé, Elections et réalités sociologiques au Bénin, Cotonou, Ed. Intermonde, 1995. 148 G. O’Donnell et P. Schmitter ont utilisé le thème d’élections “fondationnelles” pour qualifier les premières élections post-autoritaires des années 90 en Afrique. Voir G. O’Donnell et P. Schmitter, Transitions from Authoritarian Rule. Tentative Conclusions about Uncertain Democracies, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 1986, p. 3. Pour nombre de transitologues, les premiers scrutins définissent la trajectoire des régimes naissants. Pour que des élections soient considérées comme fondatrices, il est nécessaire qu’elles conduisent à une alternance au sommet de l’Etat. Les deux critères les plus importants sont ceux de « la participation populaire et la compétitivité du scrutin » note Mamadou Gazibo. Voir M. Gazibo, Introduction à la politique africaine, op. cit., p.181. 49
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