« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

Ainsi, l’assistance est donc plus attendue d’eux. Dans une famille ou une localité, plus vous êtes à
l’abri du menu besoin, plus vous êtes « l’homme bon a tout fait ». Mais cette entraide est
appréciée comme relevant de l’ordre du normal, même paradoxalement par ceux qui devraient y
voir une grosse contrainte sociale. Bien évidemment tout le monde ne se sacrifie pas à ce rituel de
partage. Mais dans les représentations, il est moralement légitime de subvenir aux demandes des
plus démunis.
Sur la question de savoir comment un homme de son statut est socialement apprécié,
Aurélien Houéssou, ancien ministre dans le gouvernement du président Nicéphore Soglo et dans
un passé récent vice-président de l’Assemblée nationale, personnalité en vue à Grand-Popo,
pointe notamment l’assistance aux ressortissants de sa localité. Il trouve cela allant de soi.
« Le grand doit aider le petit et ne pas le refouler quand il le sollicite. Le grand est le baobab, le
parapluie sous lequel s’abrite les plus petits. S’il refuse de les abriter, ils seront en réelle difficulté. Ma
porte est ouverte à tous. Les frères qui ont des problèmes viennent spontanément vers moi pour me les
poser. Et j’essaie dans la mesure du possible de les aider. Je suis sollicité à toutes les manifestations
publiques organisées dans la commune. En y allant, je prépare déjà des billets parce que je sais que je
serai sollicité de toute part 201 ».
À l’instar des notables municipaux dans l’Antiquité hellénistique et romaine qui
pratiquaient l’évergétisme 202 , c’est-à-dire des « libéralités privées en faveur du public 203 », le « grand »
béninois qui rend service est fière de son geste car sensible, entre autres, au « désir de tenir son
rang 204 ». Ces évergètes, explique Paul Veyne, faisaient des dons aux populations de la plèbe de
leur cité parce que motivés par un « appétit de gloire et d’honneurs 205 ».
À Malanville, ville fortement islamisée, les valeurs morales et religieuses de l’Islam
demandent aux croyants de se prêter mutuellement assistance. C’est l’esprit de « la vocation unitaire
de la Umma, en tant que communauté humaine idéale 206 », précise Abderrahim Lamchichi, lorsqu’il
étudie Le concept de solidarité en Islam. Ainsi tout bon musulman se doit, lorsqu’il le peut, de
pratiquer la Zakât (aumône légale) pour assister ses frères démunis, preuve de sa solidarité sociale.
C’est justement le sens que donne le député Issa Salifou Saley, premier maire de l’ère
décentralisée de Malanville, à ces multiples largesses sociales dans la ville. En effet, chaque année,
201
Aurélien Houéssou, entretien, Cotonou, 20 février 2007.
202
Voir P. Veyne, Le Pain et le cirque. …, op.cit.
203
Ibid, p.20.
204
, Ibid, p. 15.
205
Ibid, p. 20.
206
A. Lamchichi, « Le concept de solidarité en Islam », in CURAPP, La Solidarité : un sentiment républicain ?,
Paris, Puf, 1992, p. 147.
64