« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

de citoyen et d’autonomisation de l’individu comme sujet politique 224 », pour reprendre la plume de Richard
Banégas.
Ce chapitre décrit les multiples formes de cette pratique dans les communes étudiées
(section 1), avant de montrer que le clientéliste électoral trouve son bonheur dans un habitus de
cadeautage, de monétarisation des rapports sociaux et de la politique de ventre dans les espaces
publics. Dans cette logique, la marchandisation de la démocratie est banalisée et mieux, elle est
magnifiée comme l’énonciation d’une véritable « politesse électorale », car inscrite dans la
« normalité » des rapports sociaux (section 2).
Section 1 : Les pratiques clientélistes électorales :
Les pratiques clientélistes électorales englobent différentes formes. Du clientélisme au
patronage en passant par le paternalisme 225 . Cependant, elles se produisent en deux temps. Dans
un premier temps, sous couvert de la modernisation du terroir, les notables se donnent une
réputation politique en dotant en infrastructures communautaires (éducatives, sportives,
sanitaires, routières…) le terroir, grâce à leurs ressources financières propres ou celles qui sont
issues de l’État ou des rentes étrangères. Dans un deuxième temps, au moment des élections, ces
notables intensifient leurs libéralités en partageant de l’argent de façon ostentatoire. Une pratique
communément désignée comme relevant de « l’achat des consciences ».
1. La modernisation du terroir :
Le candidat établit une relation personnelle avec les électeurs du terroir et s’attache à
gagner la confiance d’une bonne partie d’entre eux, afin de s’assurer leur vote. Pour que cette
« transaction du vote 226 » réussisse, le prétendant s’ingénie à adhérer aux attentes de l’électorat.
Justement, au Bénin, il est largement attendu des prétendants politiques qu’il participe à la
modernisation de la localité en développant les infrastructures communautaires, mais aussi en
subvenant matériellement aux besoins privatifs. Déjà, chaque cadre administratif, sans
nécessairement mener une carrière politique s’évertue à aiguiller les projets de l’Etat vers leur
224 R. Banégas, La démocratie à pas de caméléon. Transition et imaginaires politiques au Bénin,op. cit., p. 400.
225 Termes déjà définis dans l’introduction de ce travail.
226 Daniel Gaxie décèle dans le vote une transaction, c’est-à-dire que « le vote est le produit d’une adéquation
plus ou moins stable entre la perception d’un candidat ou d’un parti (relativement à ses concurrents) et des
croyances de l’électeur telles qu’elles se sont construites à travers l’histoire personnelle de l’électeur et
l’histoire du marché politique sur lequel il intervient ». Voir D. Gaxie, « Le vote comme disposition et comme
transaction », in D. Gaxie (dir.), Explication du vote. Un bilan des études électorales en France, op.cit., p. 20.
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