« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

une solidarité sacrée et consacrée par le vodùn. Le vodùn est là pour renforcer l’Akò en tant que système
de solidarité performante afin de permettre à tout le monde d’aller vers le bonheur 174 ».
Cette organisation sociale du « pays » Fon se retrouve, quelques variantes près, chez la
plupart des peuples du Bénin, même si jadis les Somba de l’Atacora étaient plus ou moins
éparpillés au plan familial. C’est à travers ces ensembles que s’énonce et s’articule le système de
parenté. Le « concept de parenté », comme le note Claude Lévi-Strauss, « doit être saisi à travers la
terminologie car le langage est à la fois le fait culturel par excellence et celui par l’intermédiaire duquel toutes les
formes de la vie sociale s’établissent et se perpétuent 175 ».
Les Mahi de la région de Savalou, groupe apparenté Fon, utilisent le terme mene ou nonvì
(frère) qui désigne à la fois les parents, l’appartenance et l’identification à un bien que l’on
partage 176 . Le sentiment fraternel anime les relations entre les membres du même Akò. C’est
pourquoi, il est courant d’entendre dire : « C’est mon frère », lorsque les Fon en particulier et les
Béninois en général parlent de quelqu’un qui vient de leur famille, de leur lignage, de leur clan ou
même de leur région. Et cette logique exige la solidarité, le partage. La parenté est ici tout
simplement la fraternité qui implique « le partage par les membres du groupe de ce qu’ils ont en
commun 177 », comme l’atteste la thèse de Dénis Ahouangan.
De nos jours, en dépit de la forte urbanisation et de l’éloignement, des membres d’une
famille demeurent attachés par leur participation aux cérémoniels coutumiers ou funéraires. Ce
sont ces cérémonies qui renouvellent et affermissent les liens d’appartenance familiale ou
lignagère. Pour s’en rendre compte, il suffit de faire une virée dans les villages les week-ends et
autres moments festifs. Outre les enterrements, les rassemblements coutumiers comme le
Xuétanu sont annuellement organisés afin d’honorer le culte aux morts et surtout rassembler tous
les vì (fils) de la « famille globale »… parfois au-delà.
Au Nord, la fête annuelle de la Gani continue d’unir les familles Bariba du Borgou autour
du roi (chefferie traditionnelle) et des tambours sacrés à Nikki, capitale emblématique des Bariba
du Bénin. Ne pas y être est presque impensable pour les ouailles de ces familles. Le repas, qui
clôture ces retrouvailles, renouvelle l’esprit d’appartenance communautaire. Ces multiples
moments sont des occasions permettant aux fils du « pays » installés en ville de magnifier leur
174
Honorat Aguessy, communication personnelle, Ouidah, 21 février 2007.
175
Cl. Lévi-Strauss, Anthropologie structurale, Paris, Plon, 1958, p. 392.
176
J. Gandji, « Terre, parenté, droit chez les Mahi (Dahomey) », Thèse, Paris, LAJP, 1978, p. 112.
177
D. Ahouangan, Le système de parentalisation communautaire et le droit de la famille au Dahomey, Thèse,
Paris, 1975, p. 65.
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