« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

onze sièges en jeu dans le département de l’Ouémé, huit sont revenus au Ncc, Prd et Rnd, les
partis d’Albert Tévoédjrè, d’Adrien Houngbédji et de Joseph Adjignon Kèkè, originaires du cru et
les trois autres à des fils de l’Ouémé positionnés sur d’autres listes. Dans le Zou, neuf des onze
sièges sont revenus à des partis ou alliances de partis dont les leaders sont issus du coin et les
deux autres à des fils du terroir également en compétition sur d’autres listes, dont le leader est
d’un autre département. Dans l’Atacora, sur les huit députés à pourvoir, six sont revenus aux
partis très ancrés grâce à leur président issu du département. Partout ailleurs, le scénario a été
identique.
Moins d’un mois après ces législatives, le 10 mars 1991, le premier tour des élections
présidentielles n’a pas démenti cette tendance du vote préférentiel pour le fils du terroir. Treize
candidats étaient en lice. Les deux prétendants issus de l’Atacora à savoir Mathieu Kérékou et
Bertin Borna ont réuni sous leurs noms 87,4 % des suffrages exprimés. Quoique le Premier
ministre sortant, Nicéphore Soglo soit présenté comme « l’homme de la situation » et obtînt le
soutien, du moins officiel, d’intellectuels du département, notamment ceux de Djougou, il ne
recueillît que 6,67%. Dans l’Ouémé, Albert Tévoédjrè et Adrien Houngbédji triomphaient avec
70 % des voix dans leur escarcelle lorsque dans ce même département Mathieu Kérékou, le
président sortant originaire des montagnes de l’Atacora, seulement 3%. Au Mono, Bruno
Amoussou totalisait à lui seul 70 % des suffrages exprimés. Dans le Zou c’est Nicéphore Soglo, le
maître des céans de par son origine qui s’en sort naturellement avec 68 % des bulletins valables.
Cette tendance n’a pas varié dans les autres localités du pays. Au second tour, les deux sortants de
l’Exécutif, que sont Nicéphore Soglo et Mathieu Kérékou, ont dessiné, avec les électeurs, une
carte électorale béninoise qui affiche le « sudiste » Nicéphore Soglo raflant la mise dans les quatre
départements du Sud et du Centre ; et le « nordiste » Mathieu Kérékou a triomphé dans le
Borgou et l’Atacora, les deux départements du Nord.
La suite des élections, nationales ou locales, n’a pas considérablement renversé cette
tendance du vote régionaliste. Toujours dans le même ordre d’idées, le nouveau président du
Bénin, Boni Yayi n’a récolté ses meilleures grappes de suffrages au premier tour que
véritablement au Nord, même si Cotonou, par son caractère cosmopolite et la fluidité du jeu
politique 149 occasionnée par la non candidature de Soglo, lui a permis quelques avances louables
pour un ressortissant du Nord, aux dernières présidentielles 150 .
149 Voir sur cette question M. Dobry, Sociologie des crises politiques. La dynamique des mobilisations
multisectorielles, Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1986.
150 Voir sur la construction de la figure de Yayi Boni. C. Mayrargue, « Yayi Boni, un président inattendu ?
construction de la figure du candidat et dynamiques électorales au Bénin », Politique africaine, n° 102, juin
2006, p. 155-172.
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