« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

Seulement, dans la pratique, le financement des partis est essentiellement alimenté par les
ressources financières personnelles du « président-fondateur ». Ainsi, la notoriété du parti est à
l’aune des moyens de ce dernier. Les partis les plus influents sont ceux dont le premier
responsable détient une surface financière considérable. Le Parti du renouveau démocratique,
dont le leader n’est autre que Adrien Houngbédji, bénéficie de la cassette personnelle de ce
dernier qui a fait fortune dans une vie antérieure en tant qu’avocat de la compagnie pétrolière Elf
au Gabon. De même, ses amitiés personnelles avec le président inamovible du Gabon, Omar
Bongo, lui permettent de se procurer des subsides pour son « entreprise politique ». Il en est ainsi
de la Renaissance du Bénin du couple Soglo, crée à l’ombre du pouvoir en 1992. Bien que parti
de la Marina depuis lors, ce parti est quasiment financé par les « économies » de l’ex-couple
présidentiel.
De cette situation de financement des partis, il en résulte que certains hommes d’affaires
investissent le champ politique. C’est le cas de Séverin Adjovi avec son Rassemblement des
Démocrates Libéraux (Rdl-Vivoten) ou plus énigmatique, le Madep du richissime hommes
d’affaires Séfou Fagbohoun.
Dans cet ordre d’idées, les partis apparaissent comme une entreprise dans laquelle
investissent les fondateurs qui en retour en attendent une rentabilité non pas uniquement en
pouvoir, comme l’énonce Schumpeter 293 , mais aussi financièrement. C’est pourquoi ils sont une
rente de situation à leur service. La promotion des membres dépend ce faisant de leur bon
vouloir. En conséquence les partis manquent de structuration majeure et les relais locaux
s’inscrivent aussi dans une logique clientéliste et ne fonctionnent qu’à l’approche des élections.
2. Le jeu partisan à l’échelle locale :
La plupart des partis politiques au Bénin sont dirigés par des élites urbaines. Cependant,
c’est au niveau des terroirs qu’ils recrutent la majorité de leurs électeurs 294 . Seulement, cela ne
voudrait nullement signifier que ces partis sont localement bien structurés. Qu’a cela ne tienne,
les électeurs ne sont pas pour autant attachés à une vie militante partisane. Ils sont sympathisants
du fils de terroir qui est candidat. Mais les partis politiques, qui arrivent à imposer la personnalité
de leur leader comme un mythe au niveau régional, bénéficient d’un ancrage sympathisant fort.
Ce sont les « partis régionaux » abordés dans le premier chapitre. Si bien que le jeu partisan local
reste presque verrouillé par ceux-ci, à moins qu’ils perdent le soutien notable des réseaux sociaux
locaux. Tout prétendant à une charge politique ne peut se construire une notabilité sans leur
293
Voir note sur les entreprises politiques dans l’introduction de ce chapitre.
294
Voir chapitre 1.
96