« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

Ce sont les Akowé et autres mèdjomè, personnalités remarquables dans leur terroir 37 , qui contrôlent
désormais les leviers du pouvoir.
Questions de recherche :
La facilité avec laquelle les citadins ont été élus pour diriger les instances du pouvoir local
dans les terroirs paraît paradoxale. Car, d’une part les campagnes de vulgarisation de la réforme
décentralisatrice ont seriné aux populations que la gestion des affaires politiques locales revenait
aux habitants de la localité, mais d’autre part les candidats ayant toujours vécus ou dans ces
localités ou y sont depuis des lunes n’ont pas suscité une grande ferveur électorale.
Justement, notre problématique s’articule autour de ce paradoxe et vise à creuser la
« question de l’éligibilité au pouvoir local 38 » béninois. Aussi, ce travail fait-il le pari d’interroger les
stratégies développées par ces Akowé pour construire une notabilité et mobiliser dans les terroirs
une majorité électorale, sous leur bannière. Autrement dit, quelles sont les logiques et règles qui
régissent la conquête du pouvoir politique et de construction d’une figure d’honorabilité dans les
communes ? En parallèle, savoir d’une part comment ces stratégies sont perçues par les
populations et d’autre part comment elles façonnent les imaginaires.
En contrepoint, une série de questions surgissent. Quelles sont les trajectoires de
construction et de bouleversement de ces notabilités ? Par quelle habileté les ressources du terroir
participent à la légitimation de l’action politique au niveau local, voire national et en filigrane estce
la « politique du terroir » est un facteur paradoxal de consolidation démocratique ? Comment
les autres champs régulent celui de la politique et façonnent les notabilités locales? Quel rôle joue
le clientélisme sur l’échiquier public local ?
Hypothèses de recherche :
37 Le terroir désigne ici non pas un bassin de production économique, mais un espace où l’esprit d’appartenance
identitaire aimante des solidarités électives ou sociales. Ces solidarités, dans le cas d’une élection, à l’instar de la
fixation du terroir, varient selon les enjeux, les concurrents et la nature de la consultation électorale, suivant le
modelage du niveau institutionnel. À un scrutin présidentiel, toute une région, comprise comme l’ensemble de
communes ou même de départements, peut symboliser le terroir ; tandis qu’à une votation communale, le terroir
ne débordera pas l’arrondissement, etc. C’est selon ! Ces solidarités, dessinant le terroir, sont bâties autour d’une
identité qui fédère ceux qui la partagent. Les deux mamelles de cette identité sont l’espace géographique et l’aire
linguistique. Ces deux facteurs peuvent ou non se superposer dans un même espace territorial. Mais plus
l’individu s’identifie à l’un ou l’autre, mieux il se sent être en cheville politique avec un terroir. Si souvent il est
vrai que la géographie est déterminante dans l’identification du terroir, il n’en demeure pas moins exact que sur
une même terre, la langue parlée dissocie « les fils » du terroir, aux yeux de l’un ou de l’autre groupe
linguistique. À titre illustratif, au Bénin dans l’actuelle commune de Ouéssè, département des Collines, on note
une cohabitation entre les communautés Nago et Mahi.
38 J.-P. Olivier de Sardan, « Quelques réflexions autour de la décentralisation comme objet de recherche », Le
bulletin de l'APAD, n° 16, Décentralisation, pouvoirs sociaux et réseaux sociaux, [En ligne], mis en ligne le : 15
Novembre 2006. URL : http://apad.revues.org/document547.html. Consultée le 9 avril 2007.
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