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« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

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faiblement régulés. L’État, pris en otage par différents segments sociaux <strong>et</strong> politiques, est réduit à avaliser des<br />

situations, de fait accompli 254 ».<br />

<strong>La</strong> construction <strong>et</strong> le fonctionnement de l’État, plus pro<strong>sa</strong>ïquement, <strong>son</strong>t alimentés<br />

par le terme popularisé par Jean François Bayart <strong>«</strong> la politique du ventre 255 ». L’Etat fonctionne<br />

comme un rhizome qui développe ses tentacules partout avec <strong>sa</strong> forme de gouvernementalité qui<br />

est <strong>«</strong> la politique de ventre ». Ce <strong>son</strong>t toutes les pratiques de corruption, de clientélisme, <strong>et</strong>c. Ceci, à<br />

cause de la faible institutionnali<strong>sa</strong>tion de l’Etat. Jean François Médard résume que : <strong>«</strong> l’Etat prédateur<br />

est lui-même prédaté, l’Etat parasite est lui-même parasité 256 ». Luc Sindjoun écrit en 1996, à propos du<br />

Cameroun que <strong>«</strong> le clientélisme n’a jamais été aussi actuel […] <strong>La</strong> société de clientèle qui se généralise est une<br />

forme de revanche de la société sur l’Etat 257 ». Dix ans plus tard, de tels propos <strong>son</strong>t toujours d’actualité,<br />

malgré les réformes de façade engagées par les gouvernements en Afrique sub<strong>sa</strong>harienne, en<br />

matière de bonne gouvernance, pour se doter d’une bonne image auprès des institutions de Br<strong>et</strong>ton<br />

Woods.<br />

Mais c<strong>et</strong>te corruption touche une pluralité d’acteurs, aussi bien les puis<strong>sa</strong>nts que les<br />

moins, sur une plus grande échelle. L’adage populaire très en vogue dans le Zaïre de Mobutu est :<br />

<strong>«</strong> les chèvres broutent là où elles <strong>son</strong>t attachées » 258 . Les hommes politiques détournent <strong>et</strong> s’allouent des<br />

indemnités <strong>et</strong> <strong>sa</strong>laires qui dépassent l’entendement <strong>et</strong> surprendrait Al Capone 259 dans <strong>sa</strong> tombe.<br />

Pour recentrer le propos sur le Bénin, le maintien des avantages liés à la position<br />

administrative <strong>et</strong>/ou politique amène les cadres à déployer toutes les énergies <strong>et</strong> stratégies,<br />

possible. Ils changent de parti, dès qu’ils sentent leurs intérêts menacés. C’est ce que l’on appelle<br />

la transhumance ou le nomadisme politique. <strong>«</strong> <strong>La</strong> transhumance est, dans le vocabulaire agricole, la<br />

migration périodique des troupeaux pour la recherche, on l’imagine, d’espaces plus favorables à leur sustentation <strong>et</strong><br />

à leur épanouissement. Par analogie, la ‘‘transhumance’’ politique est c<strong>et</strong>te attitude individuelle ou collective de se<br />

mouvoir d’un groupe politique à un autre, d’une affiliation à une autre <strong>et</strong> de façon intempestive, des hommes <strong>et</strong> des<br />

femmes engagés dans la vie publique 260 ». Au Niger, on parle de <strong>«</strong> défection 261 » pour révéler à suffi<strong>sa</strong>nce<br />

254 Nassirou Bako-Arifari, <strong>La</strong> corruption au port de Cotonou : douaniers <strong>et</strong> intermédiaires, Politique africaine, n°<br />

83, octobre 2001, pp. 38-58. Pour une vue panoptique sur la corruption au quotidien, en Afrique, le numéro 83 de<br />

la revue Politique africaine, parue en octobre 2001 est très fécond en la matière.<br />

255 Ibid<br />

256 Cité par R. Banégas & R. Marshall-Fratani, Modes de régulation politique <strong>et</strong> configuration des espaces<br />

publics, Club de Sahel <strong>et</strong> de l’Afrique de l’ouest, Paris, 2003, P. 9<br />

257 L. Sindjoun, <strong>«</strong> Le champ social camerounais : désordre inventif, mythes simplificateurs <strong>et</strong> stabilité<br />

hégémonique de l’Etat », Politique africaine, n°62, juin 1996, p. 65.<br />

258 Cité par J-F. Bayart, L’Etat en Afrique…, op. cit. , p.288.<br />

259 Al Capone, de <strong>son</strong> vrai nom Alphonse Gabriel Capone (17 janvier 1899 – 25 janvier 1947), surnommé<br />

‘‘Scarface’’ ou en français "le Balafré", est le plus célèbre des gangsters américains des années 1920 <strong>et</strong> 1930.<br />

260 Klaus D. Lötzer, <strong>«</strong> Préface » in F. Awoudo, Le mal transhumant, Cotonou, Editions Tundé, 2004, p.7. Voir<br />

aussi l’explication de F. Kpatindé : <strong>«</strong> Ce <strong>son</strong>t des bergers d’un genre nouveau qui, une boussole à la main, une<br />

calculatrice dans la tête, vont de pâturage en pâturage pour <strong>«</strong> brouter ». À l’écoute de la météo, les yeux rivés<br />

sur les <strong>son</strong>dages, ils arpentent les sentiers du nomadisme politique, comme ailleurs l’on emprunte les chemins<br />

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