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« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

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quoique timorée. Marlène, la trentaine <strong>et</strong> revendeuse de divers articles à Ouidah, dont la mère est<br />

originaire de la ville <strong>et</strong> le père de Comè (département du Mono), présentée à nous par un ami à<br />

elle afin de parler de c<strong>et</strong> aspect relate :<br />

<strong>«</strong> Dans la famille maternelle <strong>et</strong> même dans la ville, mon frère <strong>et</strong> moi, les gens ne nous considèrent pas<br />

comme autochtones, alors que ma mère est née sur c<strong>et</strong>te terre, <strong>et</strong> issue d’une grande famille connue à<br />

Ouidah, depuis longtemps. Même lors des cérémonies <strong>et</strong> réunions familiales par exemple, il y a des seuils<br />

que nous ne pouvons pas franchir comme ceux qui ont leur père issu de la famille qu’on appelle Tovì [fils<br />

du père en Fon, parenté agnatique, Nda]. Finalement, nous avons fini par intégrer que nous ne<br />

sommes pas d’ici, mais de Comè, le village de notre papa123». C<strong>et</strong>te marginali<strong>sa</strong>tion fine peut trouver <strong>sa</strong> signification dans la place que chaque société<br />

octroie à la femme <strong>et</strong> par ricoch<strong>et</strong> à ses enfants dans <strong>sa</strong> propre famille (celle de jeune fille). Il<br />

serait intéres<strong>sa</strong>nt de creuser, un peu, les droits traditionnels d’héritage <strong>et</strong> de succession.<br />

Dans les sociétés béninoises, en l’occurrence celles du Sud du pays, la filiation a pour<br />

socle la lignée paternelle. <strong>«</strong> Elle est la plus forte juridiquement tant au point de vue politique (successions aux<br />

fonctions) économiques (successions aux biens) que religieux (adoration des ancêtres). Dans l’ancien temps, l’enfant<br />

était le <strong>«</strong> bien » de <strong>son</strong> père au même titre qu’un champ ou une calebasse. L’épouse provient d’une autre famille<br />

<strong>«</strong> elle n’a apporté que ses mamelles » ; si elle divorce, elle <strong>doit</strong> partir <strong>«</strong> les mains libres » en cas de mariage<br />

régulier 124 », selon la mention d’Abdou Tidjani Serpos. Ainsi la position de la femme subsumant<br />

avec celle qui appartient à une autre famille veut qu’elle n’ait pas de revendications sur ses<br />

propres enfants dans une tâche successorale dans <strong>sa</strong> famille d’origine. Sa famille de jeune fille<br />

conçoit aussi qu’elle fait, de par <strong>son</strong> mariage, désormais partie de <strong>sa</strong> famille d’alliance, avec ses<br />

enfants. Ces derniers ne pourront donc revenir chez leurs mamans <strong>et</strong> prétendre à quelque<br />

succession, en particulier les trois énumérées par Tidjani Serpos. Toutefois, l’enfant n’est pas<br />

complètement rej<strong>et</strong>é dans <strong>sa</strong> famille maternelle, il bénéficie de certains avantages, tant qu’il ne<br />

cherche pas à usurper des <strong>«</strong> titres, fonctions ou biens régulièrement dévolus à la lignée paternelle de <strong>sa</strong><br />

mère 125 ».<br />

De nos jours, un résidu de ce schème de pensée traditionnelle continue à irriguer les<br />

représentations. Il semble que c’est de là que découle la dissociation du statut de l’enfant dans les<br />

terroirs, selon qu’il aille dans le village de <strong>son</strong> père ou de <strong>sa</strong> mère. L’enfant n’ayant pas droit<br />

123 Marlène, entr<strong>et</strong>ien, Ouidah, 28 février 2007.<br />

124 A. Tidjani-Serpos, Notes sur le Mariage au Dahomey, Paris, Editions Nouvelles du Sud, 1998, pp. 36-37. En<br />

réalité, ce volume posthume reprend les textes publiés en 1951 <strong>et</strong> 1952 dans les colonnes des numéros VI <strong>et</strong> VII<br />

des Etudes Dahoméennes, éditées par l’Institut français d’Afrique noire (IFAN) de Porto-Novo.<br />

125 Ibid, p. 37.<br />

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