« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

esponsable. De même, tout membre qui incline à émettre une idée légèrement différente du
« patron » est automatiquement exclu du parti. C’est ce qui explique aussi, en partie, la
transhumance politique au Bénin. Le parti de la Renaissance du Bénin (Rb) est à lui seul une mine
paradigmatique d’observation et d’enquête sur la gestion solitaire des partis politiques. Les
exclusions sont tellement courantes que le parti a fini par se vider de l’essentiel de ses cadres. A
telle enseigne que l’un de ses anciens membres imminents qui a occupé le poste de questeur à
l’Assemblée nationale, Maxime Houédjissin, compare son ancien parti à une baronnie où un
seigneur règne sur ses serviteurs :
« A la RB, il n’y a pas de baron. Il y a juste un roi, une reine et deux marquis (les fils Soglo). Moi je
ne suis qu’un sujet de cette seigneurie 291 ».
En tant que « propriétaire » de la formation politique, le couple Soglo a généreusement
souvent réservé les postes électifs favorables à leurs deux fils. L’aîné, Léhady Soglo, est premier
adjoint de son père à la mairie de la ville de Cotonou et candidat malheureux au titre du parti aux
dernières présidentielles. De même, lors des législatives passées, il était le deuxième titulaire sur la
liste de la RB conduite par sa mère dans la seizième circonscription électorale, à Cotonou quand
son frère cadet, Ganiou Soglo, en est le suppléant de sa maman. Au Parti du renouveau
démocratique de Maître Adrien Houngbédji, si l’ambiance n’est pas au népotisme, elle fleure aussi
une gestion « personnelle ». Ainsi l’on n’a pu observer sans qu’il y ait une consultation préalable
au sein du parti, l’écartement d’illustres députés sortant au nom du principe de rotation, alors que
dans le même temps, d’autres anciens députés se sont représentés sur la liste du Prd, y compris le
président lui-même.
Mais la compréhension de cette conduite « patrimoniale » des partis politiques demande
certainement à être reliée à leur mode de financement. Si la nouvelle Charte des partis politiques,
entrée en vigueur le 21 février 2003, réaffirme la volonté des chartes antérieures quand aux
sources de financement des partis, la réalité est toute autre. Cette charte 292 prévoit en effet que les
ressources internes soient faites des cotisations des membres, des contributions volontaires et
souscriptions des membres, les produits de leurs biens patrimoniaux et les recettes de leurs
activités. Sur le plan externe, la charte liste les aides entrant dans le cadre de la coopération entre
partis politiques nationaux et étrangers, les emprunts souscrits conformément aux lois et
règlements, les emprunts et legs, les subventions et autres aides de l’Etat.
291
M. Houédjissin, cité par F. Awoudo, op. cit., p. 25.
292
Voir article 33 de la loi N° 2001-21du 21 février 2003 portant Charte des partis politiques en République du
Bénin.
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