« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo
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Ouidah, le dernier site du terrain béninois est présenté comme la capitale touristique du<br />
Bénin de par la beauté de <strong>sa</strong> plage <strong>et</strong> surtout la profondeur de ses vestiges esclavagistes <strong>et</strong> vodùn.<br />
Située dans le département de l’Atlantique à 40 Kilomètres à l’ouest de Cotonou, la commune<br />
compte dix arrondissements (quatre intra-muros <strong>et</strong> les six autres ceinturent la ville : Savi,<br />
Avlékété, Pahou, Houakpè, Gakpè, Djègbadji) subdivisés en soixante quartiers de ville <strong>et</strong> villages<br />
avec une population d’environ 82.000 habitants. <strong>«</strong> Le nom Ouidah renvoie étymologiquement à<br />
l’<strong>et</strong>hnonyme utilisé par les Fon d’Abomey pour désigner ses premiers habitants, les Houedah. Ce vocable sera perçu<br />
<strong>et</strong> transcrit différemment par les Européens : Juda, Ajuda par les Portugais (XVI e siècle), Fida par les<br />
Hollandais (XVII e siècle), Whydah par les Anglais (1681-1780) <strong>et</strong> Ouidah par les Français (XVII e siècle)<br />
80 ».<br />
<strong>La</strong> population autochtone, parlant pour la plupart Fon, est généralement classée en deux<br />
groupes. Dans le premier, les Agudà qui <strong>son</strong>t les descendants des colons occidentaux <strong>et</strong> des<br />
esclaves affranchis sur place ou revenus du Brésil, mais qui ont gardé le nom de leurs anciens<br />
maîtres. En second groupe, les Xwéda, issus de l’ancien royaume Savi, premiers à occuper la<br />
terre, assimilés aujourd’hui aux Fon, auxquels s’ajoutent tous les autres <strong>«</strong> natifs » venus pour la<br />
plupart du plateau d’Abomey ou capturés dans la région Nago, lors des guerres ou razzias<br />
esclavagistes.<br />
Notre curiosité à Ouidah tient du fait que le vodùn nourrit les représentations <strong>et</strong> les<br />
connivences avec le milieu politique ne <strong>son</strong>t pas à écarter. En 1993, le gouvernement du<br />
président Nicéphore Soglo y a organisé le plus grand festival dédié au vodoun que le pays a<br />
jamais connu. Le Festival international des cultures voduns (Ouidah 1992) <strong>et</strong> depuis lors le 10<br />
janvier de chaque année est un jour férié <strong>et</strong> payé au même titre que les autres fêtes nationales,<br />
chrétiennes ou musulmanes. L’un des symboliques emblématiques du culte vodoùn au Bénin était<br />
le feu Daagbo Hounon (chef de la mer), qui joua un rôle non négligeable dans la désignation du<br />
maire de la ville. Avec d’autres <strong>«</strong> <strong>sa</strong>ges » y compris le chef de la grande famille de Souza, Mitò<br />
Honoré Féliciano Juliao Franscisco de Souza, ils ont presque <strong>«</strong> imposé » le candidat de leur choix<br />
au couple dirigeant du parti politique, la Renais<strong>sa</strong>nce du Bénin, qui a gagné l’essentiel des sièges<br />
de conseillers à pourvoir.<br />
80 Selon le Plan de Développement Communal de Ouidah<br />
81 Nous empruntons c<strong>et</strong>te notion d’ <strong>«</strong> économie morale » au lexique de la littérature de Jean Pierre Olivier de<br />
Sardan, lui-même inspiré par les travaux de l’historien Edward P. Thomp<strong>son</strong> <strong>et</strong> de l’anthropologue James Scott.<br />
Voir J.-P. Olivier de Sardan, <strong>«</strong> L’économie morale de la corruption », Politique africaine, 1996, pp. 97-116.<br />
Nous pouvons avancer que <strong>«</strong> l’économie morale » peut être comprise comme l’ensemble des <strong>«</strong> systèmes de<br />
valeurs <strong>et</strong> codes culturels » qui perm<strong>et</strong>tent de justicier un comportement ou des pratiques qui <strong>son</strong>t moralement<br />
légitimes pour une partie dominante d’un groupe ou d’une société à un moment donné. Voir J.-P. Olivier de<br />
Sardan, op. cit. 98.<br />
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