« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

« logique de dette 197 » qui veut que ceux qui ont réussi leur vie ont une dette de solidarité envers les
autres. Alain Marie mentionne que cette dette est « le moteur de la socialité et de la socialisation
communautaires 198 ». Le double avantage de cette pratique est de convenir aux dispositions sociales,
mais elle assure en contre partie dans la communauté une réputation d’aisance, signe
d’honorabilité, à celui qui assiste. Outre l’assistance matérielle, l’esprit de solidarité et de partage
se manifeste lors d’un grand rendez-vous social à l’instar des funérailles où il faut partager le repas
avec le grand public pour ne pas être traité d’avare.
1. L’assistance matérielle
La sécurité sociale est essentiellement assurée en Afrique généralement par les
proches qui sont les membres de la famille ou plus largement de la communauté. Entre « frères »,
l’assistance est très attendue et ainsi lorsqu’ à votre tour vous êtes en difficulté, les autres viennent
aussi à votre rescousse. Cette assistance englobe toute la durée de la vie, de la naissance à la mort.
Celui qui a son enfant malade ou sa femme enceinte sollicite les autres pour acheter les
ordonnances, les frais d’accouchement quand les moyens lui font défaut. Beaucoup sont ceux à
qui ces moyens font vraiment défaut. Il en va de même, pour les questions de scolarisation et
d’apprentissage d’un métier artisanal. Et à la fin de l’apprentissage, la cérémonie sanctionnant la
« libération 199 » demande des ressources financières considérables. Là encore, sa mobilisation
appelle la solidarité de la parentèle.
Cette organisation traditionnelle de la vie en communauté continue toujours à
prévaloir en Afrique, à l’instar du Bénin. Denise Paulme, en étudiant les « structures sociales
traditionnelles en Afrique noire », remarque judicieusement qu’ « un homme néglige-t-il ses devoirs envers ses
parents, ceux-ci lui en font l'observation ; qu'il persiste, ils l'abandonneront. Leur désertion lui ôte tout sentiment
de sécurité : plus personne pour lui venir en aide s'il perd sa place, s'il tombe malade ; plus de soutien pour sa
vieillesse, il n'a plus même l'assurance de funérailles convenables. Très vite, cet homme, s'il demeure dans son milieu
familial, se croira l'objet de pratiques de sorcellerie : on lui en veut, on le persécute, il n'est plus en sûreté 200 ».
De nos jours encore, celui qui se retire de cette « sécurité sociale », parce qu’il a plus
de moyens que les autres, et ne veut pas assurer cette charge n’est pas ouvertement persécuté,
mais très mal vu et son comportement fait l’objet de critiques incessamment acerbes. Car, cette
logique de solidarité bien qu’étant mutuelle, pèse davantage sur les plus nantis financièrement.
197
Voir A. Marie, op. cit, pp. 73-80.
198
Ibid, p. 78.
199
Au Bénin, on parle de libération lorsqu’on reçoit le diplôme sanctionnant l’apprentissage d’un métier.
200
D. Paulme, « Structures sociales traditionnelles en Afrique noire », Cahiers d'études africaines, Année 1960,
Volume, Numéro 1, p. 17.
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